Les villages de métiers cherchent "chef d'orchestre"

Déjà en difficulté, les activités des villages de métiers sont encore handicapées par le manque de fonds, de débouchés et de main-d'œuvre. Il faudrait apporter des solutions efficaces et durables, le tout dirigé par un "chef d'orchestre", comme suggère Vu Quôc Tuân, président de l'Association nationale des villages de métiers.

Quelle est, selon vous, la place des villages de métiers au sein du développement socioéconomique national ?

Les villages de métiers sont actuellement l'un des grands facteurs de diversité de l'économie en zone rurale, orienté vers l'industrialisation et la modernisation. Par ailleurs, ils contribuent directement au recul de l'inemploi comme à l'export de produits artisanaux, à commencer par ceux du bois qui dégagent un chiffre d'affaires annuel de 2,5 à trois milliards de dollars. Enfin, ils ont un rôle conséquent à tenir dans le renforcement du développement du tourisme national, tout en préservant et en valorisant la culture vietnamienne.

Quels sont les plus grands obstacles de ces villages devant les incertitudes économiques ?

En dehors des cours élevés des matières premières et des contraintes de ressources humaines, c'est le manque de capitaux pour développer leur production qui est considéré l'un des grands problèmes de ces villages. Un problème aggravé par un difficile accès au crédit bancaire mais aussi aux subventions prévues pour les petites et moyennes entreprises. Ce qui conduit plusieurs villages de métiers, sinon à réduire leur activité, à tout le moins de ne pouvoir développer leur production, ce qui a d'importantes conséquences sur les conditions d'existence de la population rurale.

À ces problèmes structurels s'ajoute celui conjoncturel d'une économie mondiale en difficulté, laquelle a une incidence certaine sur l'activité d'un grand nombre de ces villages.

Enfin, demeure le problème, plus ordinaire dirais-je, de la concurrence avec les produits d'autres pays qui disposent de plus de modèles variés.

Quelles mesures faudrait-il prendre pour soutenir ces villages ?

D'un point de vue général, il est très difficile de régler leurs difficultés globalement car, compte tenu de leur nature et de leur activité, ils relèvent de la tutelle de deux administrations : celle de l'agriculture et du développement rural et celle de l'industrie et du commerce. L'État a déjà proposé plusieurs grandes orientations et politiques mais leur efficacité laisse encore à désirer faute d'une centralisation de leur mise en oeuvre, en d'autres termes d'un "chef d'orchestre".

Il y a en tout cas un point spécifique important tenant à la diminution de la pollution et là, il me semble qu'il faudrait définir des mesures adéquates pour chaque catégorie de corps de métiers, outre plus généralement de communiquer auprès de leur population sur la priorité de protéger l'environnement.

Ces mesures sont essentielles pour conserver aux villages de métiers leur rôle et leur statut car ils font partie intégrante de notre histoire comme de notre culture et ce, depuis plusieurs centaines voire un millier d'années pour certains, tels ceux de la céramique.

Quel rôle doit avoir l'Association des villages de métiers pour régler ces problèmes, selon vous ?

En dehors d'être un acteur majeur de la communication auprès de l'ensemble des Vietnamiens sur le poids culturel de ces villages traditionnels, notre association est essentielle en termes de conseil et de concertation avec le gouvernement dans la définition de politiques pour chaque catégories de villages, et bien pour soutenir ces derniers dans leurs difficultés structurelles ou non d'ailleurs.

L'Association nationale des villages de métiers du Vietnam est une organisation à but non lucratif dont les membres sont non seulement les villages de métiers mais aussi des organisations et entreprises du secteur du commerce, outre des artistes et artisans. Son objet est la préservation et le développement des corps de métiers traditionnels, ainsi que la protection des droits et intérêts de ses membres. Actuellement, le pays possède plus de 2.000 de ces villages qui emploient à temps plein près de 15 millions de personnes.

Câm Sa/CVN

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