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Beaucoup d’artistes du cirque travaillent aussi dans les films en tant qu’assistants réalisateurs. |
Ces dernières années, de nombreux cirques du pays ont dû fermer leurs portes, incapables de rivaliser face à la concurrence des théâtres, cinémas et autres complexes de divertissement qui se sont ouverts un peu partout dans les grandes villes.
Une soirée en famille dans le monde magique du cirque pourrait bientôt n’être plus qu’un lointain souvenir, car les enfants actuels sont plus attirés par Facebook, les jeux en ligne ou le cinéma que par la piste aux étoiles. Il est bien loin le temps où les chapiteaux faisaient le plein.
Un métier exigeant mais mal rémunéré
À Hô Chi Minh-Ville, il n’y a plus que deux troupes professionnelles, Mat troi do (Soleil rouge) et Bâu troi xanh (Ciel bleu), qui ont toutes les peines du monde à survivre. Même trouver un lieu de représentation leur est devenu difficile. «Il est triste de voir que certains théâtres sont utilisés à d’autres fins alors que nos troupes n’ont pas de place fixe pour jouer, déplore Nguyên Duc Thê, directeur du cirque de Hô Chi Minh-Ville. Nos artistes travaillent dans de mauvaises conditions et avec du matériel désuet». Les spectacles se déroulent les week-ends, mais à perte. «Ce que nous gagnons de la vente des billets n’arrive pas à couvrir les coûts opérationnels», souffle-t-il.
Anh Tuyêt, dresseuse d’animaux dans la troupe Mat troi do, confie que malgré tout, ses collègues s’efforcent de créer des numéros de qualité, jusqu’à travailler
12 heures par jour. Quôc Dai, qui a débuté sa carrière à 17 ans et remporté plusieurs prix lors de festivals de cirque nationaux et internationaux, informe qu’«un numéro de 20 minutes nécessite plus de deux ans de préparation». Après 20 ans de funambulisme, Dai se prépare à revenir sur le plancher des vaches, ce qui est le cas de tous les acrobates approchant de la quarantaine.
Devant les salaires modiques, beaucoup d’artistes de cirque pensent à quitter la piste. Mais peu franchissent le pas, de peur de ne pouvoir rebondir ailleurs. «J’adore mon travail, mais parfois je me dis que j’aurais dû devenir réalisatrice ou comédienne», confie Anh Tuyêt, qui ne gagne que trois millions de dôngs (132 dollars) par mois. Les cirques d’aujourd’hui souffrent d’une désaffection du public, d’un manque d’équipements et de moyens financiers, et de numéros peu créatifs. Un cercle vicieux.
Vers un renouveau du cirque vietnamien ?
Les frères artistes du cirque Giang Quôc Nghiêp et Giang Quôc Co ont établi un nouveau record du monde à fin de l’année dernière. |
Selon l’artiste Ta Duy Nhân, le cirque vietnamien a pris un sérieux «coup de vieux» par rapport aux cirques de l’étranger. L’argent est une des clés du problème, mais pas la seule. «Aujourd’hui, faute de moyens, peu de troupes ont des tigres ou des lions, qui font toujours forte impression sur le public. Ils sont remplacés par des singes ou des chiens», constate-t-il.
«Je ne pense pas que les jeunes, en particulier ceux de la campagne, rejettent le cirque, partage Trân Thu Huong, mère de deux filles, de Dà Nang (Centre). Le problème est que le monde se développe très rapidement alors que la plupart des spectacles de cirque n’ont guère évolué en dix ans».
«Le plus important, c’est d’insuffler un vent nouveau en créant de nouveaux numéros. Pour faire revenir les foules dans les chapiteaux, il faudra éradiquer la monotonie, l’impression de déjà-vu», estime Ta Duy Anh, directeur de la Fédération nationale du cirque. Pour y parvenir, la qualité de la formation devra être rehaussée. Ladite Fédération a d’ailleurs demandé au gouvernement plus de fonds en la matière.
Selon lui, c’est un fait, les artistes de cirque ne devraient plus travailler comme il y a 30 ou 40 ans, car les enfants ne sont tout simplement plus les mêmes. Il ne faut plus se contenter de ce qui fonctionnait il y a quelques décennies. À cette époque, trois chiens, un poney, des acrobates et des clowns satisfaisaient tout le monde. Maintenant, il faut davantage miser sur les jeux de lumière, les musiques actuelles… Bref, il faut innover. Le spectateur d’aujourd’hui recherche quelque chose de plus original que l’émerveillement devant un trapéziste, qui génère un sentiment de déjà-vu.
Enfin, il est urgent de considérer le cirque comme un patrimoine à part entière et de lui donner les moyens de se développer à la hauteur de ses ambitions.