Les réseaux sociaux au secours des animaux battus en Amérique latine

Un toucan au bec arraché après avoir été maltraité par un groupe de jeunes a ému le Costa Rica, paradis écologique. Des agressions communes en Amérique latine où la souffrance animale ne constitue guère une priorité mais l'indignation gagne, véhiculée notamment par les réseaux sociaux.

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Un toucan au bec arraché après avoir été maltraité par un groupe de jeunes est soigné le 4 février dans un centre de secours spécialisé au nord de San José, au Costa Rica.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les photographies du toucan Grecia ont fait le tour du web local début janvier et déclenché de nombreux appels à mieux sanctionner les violences envers les animaux, dans une région affichant des indices de criminalité record où l'impunité est la règle, même concernant les atteintes aux personnes.
Le mois dernier toujours, c'est au Honduras que des jeunes gens ont fait éclater un chien errant avec des feux d'artifice et diffusé des images de leur "blague", internet se convertissant également parfois en vecteur de la cruauté humaine.
Des cas de maltraitances sont constamment dénoncés par ce même biais. Parmi les plus récents, on recense par exemple au Pérou un homme qui a attaché son chien à sa voiture et l'a traîné dans la rue, en représailles pour avoir mordu ses enfants. Un autre s'est filmé en train de noyer son chat et a posté la vidéo sur internet.
Des cas comme ceux-là restent généralement impunis. Dans la majorité des pays d'Amérique latine, il n'y a pratiquement pas de sanctions, ou alors dérisoires, pour punir les agresseurs.
Les animaux se trouvent dès lors sous la seule protection d'ONG, qui ne disposent cependant pas des mêmes ressources que leurs homologues des pays riches.
Un faucon maltraité est soigné pour une aile cassée le 4 février dans un centre spécialisé au nord de San José, au Costa Rica.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette situation commence toutefois à évoluer, grâce en partie aux campagnes lancées via les réseaux sociaux, estime Cynthia Dent, directrice de la section Amérique latine de l’organisation de protection des animaux Humane Society.
"Twitter et Facebook nous ont fourni une meilleure connaissance des cas de cruautés en Amérique latine. Quand auparavant nous dépendions des médias pour entendre parler d'un cas, aujourd'hui, nous avons des personnes choquées qui profitent des réseaux sociaux pour dénoncer ces faits et se mobiliser contre eux", explique-t-elle à San José.
De la toile à la rue
Puis de la toile, les protestataires se sont mobilisés dans les rues - des manifestations se sont déroulées ces derniers mois au Honduras, au Mexique, en Colombie, au Costa Rica, au Pérou ou en Uruguay - pour exiger des législations plus sévères et la criminalisation des mauvais traitements envers les animaux.
"La visibilité que les réseaux apportent (à ces agressions) génère une plus forte pression pour voter des lois", poursuit Mme Dent.
Au Mexique ou en Uruguay, ces faits sont déjà considérés comme des délits mais les auteurs ne sont jamais punis, dénoncent les défenseurs des animaux.
Manifestation le 8 février à Medellin, en Colombie, contre la maltraitance animale.
Photo : AFP/VNA/CVN

Et les législations de la majorité des pays de la région ne prévoient que des amendes pour ces agressions. En Colombie, celles-ci s'échelonnent par exemple de 2 à 20 dollars.
Au Mexique, "la loi est dans les textes, mais pas dans les faits", regrette Leonora Esquivel, présidente de l'ONG Animanaturalis.
"Les règles ne sont pas appliquées par les parquets, qui ne sont pas formés" à ce type de dossier, ajoute-t-elle, déplorant en outre que ne soient pas pris en compte les mauvais traitements psychologiques.
Le Pérou se singularise lui avec une loi qualifiant ces mauvais traitements d'"atteinte aux bonnes mœurs".
Au Costa Rica, où le toucan Grecia va bénéficier d'une prothèse financée par une collecte qui a amassé quelque 3.000 dollars, les défenseurs des animaux se battent pour que le Parlement approuve une loi punissant les agresseurs de peines de prison.
Certains législateurs tentent toutefois de modifier les projets de loi pour qu'ils n'affectent pas les corridas, coutume encore bien ancrée dans certains pays latino-américains.
Roger Pacheco, porte-parole de l'ONG Anima Naturalis Venezuela, reconnaît que son pays a progressé dans la défense des animaux mais regrette que soient toujours autorisés les corridas, les rodeos et les combats de coqs.
Et le chemin est encore long. Pour preuve, le dernier revers en date pour les défenseurs de la cause animale : la justice colombienne a ordonné la semaine dernière la réouverture des arènes taurines de Bogota, fermées en 2012 sur décision du maire de gauche Gustavo Petro.
AFP/VNA/CVN

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