Une élève entre au lycée privé musulman sous contrat Averroès à Lille, le 2 septembre 2004. Photo: AFP/VNA/CVN |
L'affaire fait suite à une tribune intitulée "Pourquoi j'ai démissionné du lycée Averroès", publiée vendredi 6 février dans Libération par un professeur de philosophie, Soufiane Zitouni.
L'enseignant, qui donnait des cours dans le lycée depuis septembre dernier, y affirme qu'après la publication d'une première tribune consécutive aux attentats de janvier, intitulée "Aujourd'hui le prophète est aussi Charlie", il a rencontré des problèmes qui l'ont "mené à démissionner".
Il cite plusieurs incidents et affirme notamment n'avoir "en plus de 20 ans de carrière en milieu scolaire (...) jamais entendu autant de propos antisémites de la bouche d'élèves dans un lycée".
L'enseignant, d'origine algérienne et qui se réclame du soufisme, une école de pensée reconnue dans l'islam, accuse par ailleurs "les responsables de ce lycée" de jouer un "double jeu".
"D'un côté montrer patte blanche dans les médias pour bénéficier d'une bonne image dans l'opinion publique et ainsi continuer à profiter des gros avantages de son contrat avec l'État, et d'un autre côté, diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l'islam qui n'est autre que l'islamisme (...)", écrit-il dans sa tribune.
Lors d'une conférence de presse, la direction du lycée qui s'est inscrite en faux contre les "allégations" de M. Zitouni, a annoncé son intention de porter plainte contre l'enseignant pour diffamation.
"Je pense que M. Zitouni a ouvert des parenthèses entre la philosophie et l'islam. Mes élèves disent qu'il a plus parlé de l'islam que de la philosophie et, à la fin, il n'a plus réussi à fermer cette parenthèse et il a cherché à endoctriner mes élèves à travers sa vision de l'islam", a déclaré à la presse El Hassane Oufker, chef d'établissement.
"Moi, je recrute des enseignants, non pas selon leur vision, mais selon leurs compétences", a-t-il ajouté.
M. Oufker a balayé les accusations d'antisémitisme formulées par M. Zitouni, affirmant que ce dernier avait même été chargé de travailler sur l'ouverture et le dialogue inter-religieux au sein du lycée. "Il y a peut-être des dérapages ici et là, mais notre rôle d'éducateur, c'est justement de recentrer ces dérapages", a ajouté Hadjila Koula, professeur de français.
De son côté, le rectorat a annoncé dans un communiqué qu'il avait demandé, "en accord avec le directeur de l'établissement", la mise en place d'une "mission d'inspection afin de vérifier le respect des termes du contrat d'association signé avec l'État".
Premier établissement privé musulman sous contrat avec l'État, le lycée Averroès, qui accueille 600 élèves, est situé dans le quartier de Lille-Sud, un des plus défavorisés de la capitale des Flandres.
AFP/VNA/CVN