Les puits de Ba Hiên, ces yeux de la terre

Vieux de 600 ans et plus, les anciens puits de la commune de Ba Hiên, dans la province de Vinh Phuc (Nord), constituent comme toujours une source d’eau limpide et intarissable.

Relevant du district de Binh Xuyên, Ba Hiên doit être l’unique commune de cette moyenne région du Nord qui préserve et utilise encore des puits datant des XVe – XVIe siècles. Ce n’est pas hasard si les autochtones les appellent “yeux de la terre” ou “les cœurs de village”. Durant l’année, même au plus fort de la saison sèche où d’autres sources d’eau sont parfois à sec, ces vieux puits ne se tarissent jamais, avec une eau pure et fraîche.

D’après Duong Dinh Nghê, président du Front de la Patrie de la commune de Ba Hiên, «les puits antiques de Ba Hiên ont fait l’objet d’études scientifiques». Il a existé dans cette localité une trentaine de puits, construits pour la plupart en 1491, dans les villages de Ba Huong, Thich Chung, Thiên Chi, Quang Vinh et de Ba Ha. Chacun possède son nom propre, tel : Chun, Chua, Truoc, Bo… Avec le temps, plus de la moitié de ces puits typiques sont tombés en ruines ou fortement endommagés. Il en reste aujourd’hui 13, dont cinq seulement sont demeurés presque intacts.

Les puits antiques de Ba Hiên ont la même forme que ceux de l'ancienne cité de Hôi An, dans la province de Quang Nam (Centre) : une paroi carrée dans la partie supérieure et ronde dans la partie inférieure. La paroi supérieure se compose de quatre blocs de pierre précieuse de couleur verte ou jaune, et de forme rectangulaire (1,3 – 1,54 m de longueur, 0,7 – 0,96 m de largeur). La date de construction du puits est gravée sur l’un de ces blocs. Dans la partie inférieure, la paroi est ronde et graveleuse, constituée de multiples galets ramassés dans le lit des ruisseaux. Normalement, le vieux puits atteint une profondeur de 4 – 5 m. Le fond est couvert d’une couche de sable de 10 cm, au dessous de laquelle se trouvent encore deux planches de bois de fer (gô lim en vietnamien, une essence de bois précieuse), mesurant chacune 1,5 m de longueur, 0,8 m de largeur, pour 0,1 m d’épaisseur. Immergées 500 – 600 ans durant, ces planchent restent encore très solide, témoignant de leur imputrescibilité.

Eau pure, thé succulent

Pour la plupart, les puits antiques de Ba Hiên sont dans les domaines des familles. Nguyên Viêt Bông, un agriculteur du village de Ba Huong, fait savoir que le puits de sa famille existe depuis six générations. Comme toujours, on y puise l’eau au service de tous : hydratation, cuisine, toilettes, arrosage des jardins, élevage... C’est un puits de petite taille, de 0,74 m x 0,67 m pour sa partie supérieure et de 4 m de profondeur. «Ce vieux puits semble intarissable. Même en pleine saison sèche, il est en pleine mesure de fournir de l’eau à plusieurs familles environnantes. Son eau est pure, fraîche et douce. En particulier, le thé préparé avec cette eau lui donne une saveur impeccable», s’enorgueillit le propriétaire.

Duong Thi Lan, présidente du Comité populaire de Ba Hiên, ne cache pas sa fierté en expliquant cette conception originale mise au point par les ancêtres vietnamiens, grâce à laquelle «le puits constitue une source d’eau nourricière pour les êtres vivants, favorisant le développement durable du monde terrestre». Pour elle, les valeurs historique et culturelle des puits antiques de Ba Hiên sont indéniables. Chose regrettable, ces derniers temps, on a procédé à la mise à neuf de certains de ces vieux puits, afin de les rendre plus profitables à la vie quotidienne. «De toute façon, il est urgent que les services compétents établissent un plan pour la préservation de cet héritage laissé par nos ancêtres », insiste Duong Thi Lan. Que son vœu soit exaucé !

Nghia Dàn/CVN

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