Afghanistan
Les pourparlers "sur le point" de débuter après un accord sur les prisonniers talibans

Des pourparlers de paix historiques entre Kaboul et les talibans sont "sur le point" de débuter, a annoncé le gouvernement afghan dimanche 9 août, après la décision par une grande assemblée de libérer 400 prisonniers talibans coupables de crimes graves.

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Le président afghan Ashraf Ghani le 7 août s'adressant à la grande assemblée (Loya Jirga), à Kaboul.

"Nous sommes sur le point de (débuter les) négociations de paix", a assuré Abdullah Abdullah, responsable gouvernemental chargé des pourparlers.

"Les discussions interafghanes devraient débuter deux ou trois jours après la libération des 400 prisonniers talibans", a quant a lui déclaré l'ex-président Hamid Karzaï (2001-2014).

L'avenir des prisonniers représente un enjeu crucial dans l'ouverture de négociations, les deux camps s’étant engagés dans un échange de prisonniers qui doit précéder ces discussions.

"Aujourd'hui, je signerai un décret pour relâcher les 400 prisonniers restants", a confirmé dimanche 9 août le président afghan Ashraf Ghani.

Kaboul a déjà relâché près de 5.000 prisonniers talibans, mais les autorités afghanes ont jusqu'ici refusé de libérer les 400 derniers captifs réclamés par les insurgés.

Certains sont en effet impliqués dans des attaques meurtrières tuant Afghans et étrangers, y compris plusieurs Français.

La résolution qui recommande la libération des prisonniers a été adoptée après trois jours de discussions entre des milliers de dignitaires afghans, responsables étatiques et chefs tribaux, réunis pour une "loya jirga".

"Afin d'enlever les obstacles à l'ouverture de pourparlers de paix, de mettre fin au carnage, et pour le bien du public, la jirga approuve la libération des 400 prisonniers demandés par les talibans", a annoncé Atefa Tayeb, membre de l'assemblée.

Les forces de sécurité ont annoncé dimanche 9 août avoir arrêté 11 membres du groupe jihadiste État islamique, qui selon elles prévoyaient d'attaquer la "loya jirga".

Libération "inconcevable"

Premier jour de la session de la Loya Jirga (Grande assemblée) à Kaboul le 7 août.

Parmi les captifs concernés, selon une liste officielle consultée par l'AFP, se trouvent plus de 150 condamnés à mort, ainsi qu'un groupe de 44 captifs très surveillés par les États-Unis et d'autres pays pour leur rôele dans des attaques de premier plan.

Ce groupe inclut les deux assassins de Bettina Goislard, employée française du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés, tuée le 16 novembre 2003 à Ghazni, à 130 kilomètres au sud de Kaboul.

"Une telle décision de libération sur fond de marchandage serait, à nous sa famille, inconcevable", ont expliqué samedi 8 août les parents, le frère et la sœur de Mme Goislard, dans un communiqué. "Ce serait un déni d'un processus judiciaire qui a vu ses assassins, arrêtés en flagrant délit - et dont la culpabilité ne fait donc aucun doute - condamnés par la justice afghane".

La liste contient aussi le nom d'un ancien soldat afghan qui avait retourné son arme contre des soldats français en 2012 dans la province de Kapisa, tuant cinq d'entre eux et blessant 13 autres.

Cinq des captifs ont également joué un rôle dans l'attaque en 2018 de l'hôtel Intercontinental à Kaboul, lors de laquelle 40 personnes avaient péri, dont 14 étrangers.

"Les talibans doivent maintenant démontrer qu'ils n'ont pas peur d'un cessez-le-feu national", a cependant précisé le chef d'État afghan dimanche 9 août, faisant référence à une demande de la grande assemblée pour une trêve "sérieuse, immédiate et durable" à travers le pays.

États-Unis sur le départ

Dans ses recommandations, la grande assemblée a aussi réclamé la libération par les talibans de "tous prisonniers civils et militaires du gouvernement", ainsi que la garantie "que les captifs libérés (par le gouvernement) ne retourneraient pas sur le champ de bataille, et que leurs activités seraient surveillées".

Si des étrangers se trouvent parmi eux, ils devront être transmis à leurs gouvernements respectifs, a précisé la jirga, dont la décision ne fait pas l'unanimité parmi les Afghans.

Lors du premier jour de la grande assemblée, la députée et défenseuse des droits des femmes Belquis Roshan avait interrompu le président Ghani, brandissant une bannière sur laquelle on pouvait lire : "Racheter les talibans est une trahison nationale".

Les Américains, quant à eux, avaient insisté pour ces libérations, prévues dans l'accord signé entre Washington et les talibans en février en vue d'un retrait des troupes américaines d’ici mi-2021.

Vendredi 7 août, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo avait appelé les dignitaires à accomplir cette libération "impopulaire".

Le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a annoncé samedi 8 août sur la chaîne de télévision Fox News que Washington réduirait ses troupes en Afghanistan à moins de 5.000 d'ici fin novembre si certaines conditions étaient respectées.


AFP/VNA/CVN

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