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La récolte des théiers Shan Tuyêt à la commune de Phinh Hô, district de Tram Tâu (province de Yên Bai; au Nord). |
Au Vietnam, depuis longtemps, le théier est une plante industrielle apportant une efficacité économique élevée, créant des emplois et des revenus pour de nombreux travailleurs. Actuellement, le pays compte plus de 30 provinces et villes où se développent la théiculture, avec quelque 130.000 hectares, dont 70% dans les localités montagneuses du Nord.
Le thé Shan Tuyêt est une variété précieuse qui s'est bien développée depuis longtemps dans cette région. Les noms des sites comme Hà Giang, Yên Bai, Son La, Diên Biên sont réputés pour le thé Shan Tuyêt. Ces théiers sont des arbres ligneux, avec de gros troncs et des feuilles poussant en grappes sur les branches.
En général, la plantation des théiers Shan Tuyêt bénéficie d’un environnement et de conditions climatiques favorables à leur développement dans cette région de hautes montagnes. Aussi ces localités s’intéressent-elles de près au développement des cultures. C’est le cas du district de Hoàng Su Phi dans la province de Hà Giang. Ici, les plus anciens théiers se situent au sommet du Tây Côn Linh, à plus de 2.000 m d'altitude. Certains sont vieux de plus de 100 ans.
Hoàng Su Phi compte actuellement plus de 4.500 hectares de théiers Shan Tuyêt, dans 9 de ses 25 communes. Actuellement, la superficie récoltée est d’environ 3.200 hectares et la production annuelle de thé frais est estimée à près de 13.000 tonnes. Chaque année, les produits transformés à base de thé sont estimés à plus de 2.500 tonnes. Les cultivateurs sont principalement issus de minorités ethniques. "Hoàng Su Phi est un district montagneux de la province de Hà Giang. Il s’agit de la superficie de plantation de théiers la plus importante de la province. Les théiers Shan Tuyêt sont plantés dans les communes au sud du district", informe Hoàng Duc Tân, vice-président du Comité populaire du district. "En moyenne, nous avons 3-4 récoltes. Toutes les cultures sont naturelles, c'est-à-dire que nous n’utilisons pas de pesticides", révèle Dang Thi Nhây, commune de Ban Luôc. "En général, les théiers se développement bien. Nous coupons les herbes une seule fois par an. La plantation n’est pas trop difficile", fait savoir Dang Van Nam, commune de Ban Luôc.
Des politiques pour la transformation
Grâce à la politique de développement des théiers Shan Tuyêt, la vie des producteurs a beaucoup changé. De nombreuses familles ont pu s’acheter des biens de consommation courante tels que télévisions, réfrigérateurs, motos. C’est aussi grâce au théier que beaucoup d’entre elles ont pu sortir de la pauvreté et trouver un emploi stable.
À l'intérieure de la coopérative de thé Phin Hô dans le district de Hoàng Su Phi (province de Hà Giang au Nord). |
En parallèle du développement des plantations de théiers, les autorités de ces localités montagneuses du Nord favorisent les investissements pour les entreprises et particuliers dans la construction d’usines et d’ateliers de transformation du thé frais.
L’objectif étant d’exploiter le potentiel économique de tous les acteurs locaux de la filière. L'un des établissements les plus emblématiques est la coopérative de thé Phin Hô, dans le district de Hoàng Su Phi, qui fabrique des produits de la marque Fin Hô Trà.
Créée en 2008, la coopérative Phin Hô dispose d’une usine de transformation dans le village de Lang Giang, commune de Thông Nguyên. Pour répondre aux besoins du marché, la coopérative a investi dans différents types de machines de traitement du thé et a modernisé le processus de production grâce aux nouvelles technologies afin de créer des produits de haute qualité.
Chaque année, la coopérative produit plus de 60 tonnes de thé séché avec un chiffre d’affaires de près de 10 milliards de dôngs. L’établissement n’hésite pas à se diversifier avec la création d’une gamme de produits répondant à la demande des marchés taïwanais et européens.
Grâce à quoi, ses produits ont contribué de manière significative à la réduction de la pauvreté et à l’enrichissement des populations locales. "Actuellement, le commerce du thé contribue à environ 20% du PIB de notre district. Les entreprises cherchent à élargir le marché, surtout à l’étranger", confie Hoàng Duc Tân, vice-président du Comité populaire du district de Hoàng Su Phi. "Ces dernières années, notre coopérative a mis en vente différentes sortes de produits de qualité. Nous avons aussi exporté nos produits bio vers Taïwan (Chine) et des pays européens", partage Triêu Mùi Khe, gestionnaire de la coopérative Phìn Hô.
Un coin de la présentation des produits transformés à base de thé Shan Tuyêt à l'adresse No1073, rue Dê La Thành à Hanoï. |
Dans la stratégie de développement du théier des provinces montagneuses du Nord, la zone de thé Shan Tuyêt est considérée comme un pilier de la restructuration économique de la région. L’objectif est de faire participer les plus grandes compagnies de thé du pays, une volonté également partagé par les habitants locaux. Selon Pham Minh Duc, vice-président de l’Association du thé bio du Vietnam, le Shan Tuyêt "est une précieuse variété de thé du Vietnam, considérée comme une spécialité nationale. Je pense que le pays doit s’intéresser à la préserver ainsi qu’à élargir les cultures. Le thé Shan Tuyêt permettra d’avoir une thé haut de gamme capable de se faire connaître à l’international et de rivaliser avec les meilleurs thés du monde".
Si l’épidémie de COVID-19 a eu de fâcheuses conséquences sur la demande extérieure, la consommation intérieure, elle, est restée stable. À présent, à l’approche du Têt, les producteurs mettent les bouchées doubles pour répondre à la demande. Il faudra que le secteur compte encore massivement sur le marché intérieur cette année car l’épidémie de COVID-19 est encore loin d’être maîtrisée à l’étranger.
Texte et photos : Phuong Mai/CVN