En 1988, le secrétaire général du Parti communiste vietnamien, Nguyên Van Linh, a approuvé l’acte sur la protection de la zone de hauts-fonds du plateau continental du Sud du Vietnam. En même temps, le commandant de la Marine vietnamienne Giap Van Cuong a chargé la brigade 171 de défendre la souveraineté nationale sur le plateau continental du Sud-Est.
La plateforme DK1/19 dans le plateau continental du Sud. |
Suite à ces décisions, des soldats de la Marine vietnamienne, avec des équipements rudimentaires (rouleaux de cordes, perches en bambou et une boussole) ont procédé en novembre 1988 à repérer les hauts-fonds de cette région maritime.
À partir de ces repérages, les premières plateformes DK1 ont été construites une année après. DK est l’abréviation de «Dich vu-Khoa hoc ky thuât» (Services-Sciences technologies) et le numéro 1 signifie les plateformes situées le plus loin du continent.
La construction de ces plateformes DK1 a marqué un jalon important dans la défense de la souveraineté nationale sur le plateau continental du Sud.
Une vie en pleine mer
Les plateformes DK1 supportent principalement les dispositifs nécessaires à la fourniture de services scientifiques et technologiques, et des équipements destinés à assurer une présence humaine à bord.
Une plateforme est généralement composée de deux parties distinctes : la partie utile en surface constituée de modules préfabriqués et la structure porteuse, qui sert à maintenir la partie utile au-dessus de l’eau, réalisée en treillis tubulaires métalliques posés au fond de la mer. La partie utile est, en fait, constituée d’une maison de deux étages, d’une surface d’une centaine de mètres carrées chacun avec un confort assuré : un salon, une cuisine, une salle de réunion et quelques chambres.
Aujourd’hui, les marins en mission sur les plates formes DK1 peuvent regarder la télé, utiliser des téléphones portables et se connecter à Internet. |
On recense au total 20 plateformes DK1 numérotées de 1 à 20. On dispose donc de plateformes allant de DK1/1 à DK1/20, construites entre 1989 et 1998. Actuellement, 15 plateformes sont en activité dont huit disposant d’un héliport, quatre d’un phare et une d’une station météo.
La seule chose dont on manque ici, c’est l’eau douce. Ainsi, de grands réservoirs d’eau ont été installés pour recueillir l’eau de pluie. Par contre, les jardins potagers sont présents partout. Les légumes cultivés ici sont aussi variés que sur la terre ferme : liseron d’eau, baselle, chou et même citron. L’élevage est développé aussi, avec poulets et cochons !
En nous accueillant, le sous-lieutenant Trân Quôc Thành en poste sur la plateforme DK1/8 nous a expliqué que sa mission consistait à suivre de près le va- et-vient des bateaux, à mener des combats en cas de besoin et à guider les pêcheurs dans la zone maritime nationale. Concernant les difficultés que rencontrent tous les jours les soldats, Thành nous a confié: “Notre vie devient plus difficile pendant les trois derniers mois de l’année, lorsque la mer est très agitée. Nous devons peindre la plateforme toutes les semaines pour éviter la rouille. Les fortes vagues font trembler la structure mais ça va, on s’y accoutume. Mais, le plus dur, c’est que la plateforme est inaccessible les jours où la mer est agitée car il est impossible d’amarrer. Parfois, à cause des vagues, des délégations venues du continent n’ont pas pu accoster. Les chanteurs qui les accompagnent doivent alors se contenter de chanter à distance grâce à un talkie-walkie. L’émotion est alors très vive.”
La vie s’améliore sur les plates formes
Pour améliorer leurs repas, les soldats pratiquent aussi la pêche. Il leur arrive d’attraper des poissons pesant plusieurs dizaines de kilos. Ces derniers sont souvent conservés pour les jours de tempête. Aujourd’hui, avec l’aide de l’État et des compatriotes continentaux, les soldats peuvent utiliser l’énergie solaire ou éolienne. Auparavant, regarder la télé ou écouter la radio était un luxe. Aujourd’hui, on peut faire du karaoké, utiliser des téléphones portables et se connecter à Internet.
Toujours selon Trân Quôc Thành, malgré d’innombrables difficultés, les soldats sont toujours prêts à protéger les plateformes, symboles de la souveraineté maritime nationale. «Ensemble, nous avons surmonté tous les obstacles pour défendre au mieux notre plateforme. Accomplir les tâches que le Parti, l’État, l’armée et le peuple nous ont confiées est pour nous un devoir mais aussi un bonheur», dit-il.
Ces 24 dernières années, malgré de multiples difficultés, les cadres et soldats en poste sur ces plateformes ont mené des activités et entraînements quotidiens pour protéger la souveraineté nationale sur cette région maritime.
Plus que quiconque, les soldats en garnison sont conscients de leurs responsabilités et de leur position privilégiée concernant la défense de la souveraineté nationale. Et ils n’ont jamais manqué de courage et de persévérance pour mener à bien leur mission.
Hoàng Hoa/CVN