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Le ministre sud-coréen du commerce Cheong In-kyo (à l'écran) fait un discours lors de l'ouverture de l'APEC à Jeju en République de Corée le 15 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les ministres du Commerce des 21 économies de l'APEC (Coopération économique Asie-Pacifique) étaient réunis pour deux jours dans l'île de Jeju en République de Corée, sous pression de l'offensive douanière du président américain Donald Trump.
"Nous sommes inquiets des défis fondamentaux auxquels est confronté le système commercial mondial (...) nous réaffirmons notre engagement commun à faire progresser l'intégration économique dans la région", ont-ils souligné dans une déclaration finale commune.
Le ministre sud-coréen du Commerce, Cheong In-Kyo, a reconnu que ce communiqué au ton pourtant très général avait été négocié difficilement en raison de "divergences de position significatives", surmontées "à la dernière minute".
Les pays de l'APEC (Australie, Vietnam, Thaïlande, Japon, Chine, Canada, Etats-Unis, Mexique...) ont aussi rappelé l'importance de "chaînes d'approvisionnement durables" et pérennes.
"Cela envoie un signal très positif aux marchés mondiaux", montrant que "les membres de l'APEC peuvent collaborer pour naviguer efficacement à travers un contexte commercial incertain", s'est félicité Cheong In-Kyo.
Vu les situations économiques et "positionnements" très contrastés des pays de l'APEC, "il est difficile" de concevoir une réponse commune aux droits de douane américains, reconnaît-il cependant, estimant que l'APEC peut demeurer le cadre d'efforts visant à "surmonter l'incertitude".
À Jeju, le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a ainsi multiplié les entretiens bilatéraux en marge de la réunion. Il a rencontré jeudi 15 mai le vice-ministre chinois du Commerce Li Chenggang.
"Accord global"
Et après avoir vu Cheong In-Kyo, Jamieson Greer s'est entretenu vendredi 16 mai avec le ministre sud-coréen du Commerce et de l'Industrie Ahn Duk-geun, avant des "négociations techniques" la semaine prochaine dans la suite de discussions bilatérales entamées à Washington fin avril.
Avec un excédent commercial de 66 milliards de dollars avec les États-Unis l'an dernier (juste derrière le Vietnam, Taïwan et le Japon en termes de plus gros excédents), la République de Corée est dans le viseur de Washington.
Le pays, dépendant des exportations, est touché durement par les surtaxes douanières de 25% sur l'automobile imposées début avril par Donald Trump. L'automobile constitue 27% des exportations sud-coréennes vers les États-Unis.
M. Trump a également annoncé des surtaxes "réciproques" généralisées atteignant 25% sur les exportations sud-coréennes, avant de les suspendre jusqu'à début juillet.
Séoul espère y échapper en concluant un "accord global", avec notamment des importations accrues de gaz naturel liquéfié (GNL) américain et des discussions sur le taux de change du won, monnaie que Washington accuse d'être sous-évaluée.
"Notre objectif est de finaliser un accord avant la date-butoir (début juillet), nous mettons tout en œuvre pour respecter ce délai, et les États-Unis n'ont aucune raison de jouer la montre", a estimé Ahn Duk-geun vendredi 16 mai.
Chantiers navals
La République de Corée pourrait également promettre son assistance dans la construction navale, secteur où elle est leader après la Chine et où les États-Unis entendent se muscler pour réduire leur dépendance.
Jamieson Greer a rencontré vendredi 16 mai l'influent patron sud-coréen Chung Ki-sun, vice-président de HD Hyundai, géant des chantiers navals, et le dirigeant de Hanwha Ocean, autre mastodonte du secteur.
HD Hyundai a annoncé avoir proposé à M. Greer une collaboration pour la fabrication de grues portuaires, et "plusieurs axes de coopération" : développements technologiques conjoints, formation de main-d'œuvre...
Plus généralement, Séoul insiste sur son accord de libre-échange avec les États-Unis, entré en vigueur en 2012, et son rôle de "partenaire important", notamment en terme de coopération industrielle.
Autre sujet sensible : Washington a ouvert en avril une enquête sur les semi-conducteurs, ouvrant la voie à des surtaxes douanières sur ce secteur - au risque de menacer les deux mastodontes sud-coréens des puces, Samsung Electronics et SK hynix.
La République de Corée, a exporté aux États-Unis pour 10,7 milliards de dollars de semi-conducteurs en 2024.
AFP/VNA/CVN