>>Réforme du travail : "Jour J" pour les ordonnances
>>Chômage : les chiffres de Pôle emploi restent imperméables à la reprise économique
Le gouvernement dévoile jeudi 31 août ses ordonnances réformant le code du travail tandis que les opposants, syndicaux et politiques, promettent déjà une rentrée chaude dans la rue. |
Un an quasi jour pour jour après la toute dernière mobilisation contre la loi du travail, la CGT, la FSU, Solidaires et l'Unef appellent le 12 septembre à protester contre le nouveau texte, qu'ils qualifient de "loi travail XXL".
Des grèves sont attendues à la SNCF, RATP, Air France, France Télévisions... Fonctionnaires, étudiants, lycéens sont aussi appelés à participer.
"Plus de 180 lieux de manifestations ont été recensés" et "on va dépasser les 4.000 appels à la grève sur tout le territoire", a indiqué le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez dimanche 10 septembre dans Le Parisien.
Il y voit le signe d'"une effervescence et d'un très fort mécontentement".
Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a accusé dimanche 10 septembre la CGT d'être dans "la posture" et dit "craindre des débordements" mardi 12 septembre.
D'ores et déjà, la CGT prévoit une autre journée de mobilisation, le 21 septembre.
"Le 12, c'est un point de départ d'une mobilisation qui va se poursuivre jusqu'au retrait des ordonnances", espère Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.
Mais le pari est grand : les précédentes grandes mobilisations sociales, contre la loi travail en 2016, ou la réforme des retraites, en 2010, n'ont pas fait reculer les gouvernements de l'époque.
Emmanuel Macron n'a pas l'intention de céder sur cette réforme qui réalise quelques-unes de ses promesses phares de campagne : plafonnement des indemnités prud'homales, fusions des instances représentatives, réforme du compte pénibilité.
Vendredi 8 septembre, il a prévenu qu'il "serait d'une détermination absolue et ne céderait rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes", quelques semaines après avoir regretté que les "Français détestent les réformes".
En outre, les syndicats, tout en se montrant très critiques face au contenu des ordonnances, sont divisés sur la riposte.
FO s'est désolidarisée de la CGT, alors que les deux organisations avaient présenté un front uni contre la loi El Khomri. Jean-Claude Mailly, son secrétaire général, estime qu'il ne faut pas "user" les forces maintenant, car "on en aura peut-être besoin demain". En ligne de mire, les discussions imminentes sur la réforme de l'assurance chômage.
«Contestation globale»
La CFDT ne défile pas non plus, malgré la "profonde déception" et même la "colère" face aux ordonnances, de même que la CFE-CGC, qui voit pourtant des "zones de risques vers le dumping social".
De nombreuses sections FO seront tout de même aux côtés de la CGT, ne comprenant pas la position de Jean-Claude Mailly. Elles rappellent que les ordonnances vont "plus loin" que la réforme de 2016. Idem pour des militants de la CFE-CGC et de l'Unsa.
Mais la mobilisation pourra compter sur le soutien de politiques, dont l'ex- candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon, et des députés de la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à manifester le 23 septembre, doit aussi battre le pavé mardi 12 septembre.
La réforme du code du travail, vue par les syndicats comme une "remise en cause" des droits des salariés, sera le fil rouge de la mobilisation. Mais d'autres réformes annoncées inquiètent aussi, comme la baisse des aides personnelles au logement (APL) ou la hausse de la CSG, mais aussi, dans la fonction publique, le gel du point d'indice (qui sert aux calcul de la rémunération des fonctionnaires), les réductions d'effectifs ou le rétablissement du jour de carence.
Pour Emmanuel Macron, la séquence n'est pas anodine, après "un été difficile en matière de sondages" sur sa popularité, relève le politologue Jean-Daniel Levy (Harris Interactive).
"Le sentiment que la réforme n'est pas juste commence à s'installer, ce qui n'est pas un bon signe" pour Emmanuel Macron, relève de son côté Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.
L'enjeu, selon lui, est "de ne pas céder en début de quinquennat, pour ne pas donner un mauvais signe à son électorat". Mais il doit aussi être "vigilant" pour que la fronde ne se transforme pas en une "contestation globale de l'action de l'État".