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Nicola Sturgeon, Première ministre de l'Ecosse, à Aberdeen, le 17 mars 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il revient à l’Ecosse de choisir son avenir" pour ne pas être "entraînée hors de l’Union européenne par un gouvernement conservateur engagé sur la voie d’un Brexit dur catastrophique. Le référendum aura lieu", a martelé à la tribune la Première ministre de la région semi-autonome Nicola Sturgeon.
La cheffe du Parti national écossais SNP a frappé un grand coup lundi et irrité au plus haut point la Première ministre britannique Theresa May en dévoilant son projet d’un nouveau référendum d’auto-détermination fin 2018 ou début 2019.
Elle estime que la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne, rejetée par 62% des Ecossais, justifie la tenue de ce nouveau scrutin, quelques années seulement après celui de septembre 2014 où le non à l’indépendance l’avait emporté par 55% des voix contre 45%.
À moins d’une énorme surprise, le Parlement régional, où le SNP dispose d’une confortable majorité, devrait valider le projet mercredi 22 mars.
La balle sera ensuite dans le camp du gouvernement britannique et de Theresa May, qui a en théorie le pouvoir de s’opposer à l’organisation de ce référendum à hauts risques pour l’unité du royaume.
"Londres nous méprise"
Nicola Sturgeon, Première ministre de l'Ecosse pose avec des habits de pompier, à Aberdeen, le 18 mars 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mme May a d’ores et déjà expliqué que ce n’était "pas le moment" de rappeler les Ecossais aux urnes, alors que le pays tout entier devrait concentrer son énergie sur les négociations du Brexit qui s’annoncent ardues.
De là à bloquer complètement le référendum, il y a un pas difficile à franchir sur le plan politique. "Ce serait une atteinte à la démocratie", a averti Nicola Sturgeon en dénonçant "l’intransigeance et la condescendance" de Theresa May.
Mme Sturgeon s’est dit prête à discuter le calendrier du référendum. Mais s’y opposer "briserait de manière irréparable tout notion d’égalité entre nations constituantes du Royaume-Uni", a-t-elle insisté.
Le discours de trois quarts d’heure de Mme Sturgeon, particulièrement combative, a été accueilli par une ovation debout des militants du SNP.
"J’aime la démocratie telle qu’elle est pratiquée ici mais Londres nous méprise et nous traite comme des moins que rien qui n’auraient pas leur mot à dire", a déclaré à l’AFP Catherine Shea, 64 ans, une Anglaise d’originaire qui vit à Édimbourg.
"Le peuple d’Ecosse a le droit de prendre son destin en mains. Nous ne voulons pas sombrer avec le navire Brexit", a insisté un autre sympathisant, Tony Martin, 70 ans.
"Nous sommes confiants"
Si le SNP se remet en ordre de bataille pour un nouveau référendum, c’est aussi parce qu’il estime que le désir d’indépendance a le vent en poupe en Ecosse.
Publiée mercredi 15 mars, la dernière étude annuelle de ScotCen sur l’état du nationalisme en Ecosse indique que 46% des Ecossais sont désormais favorables à l’indépendance, la proportion la plus élevée depuis le lancement de ce rapport en 1999.
"En 2012, on était à 20%", rappelle l’ancien leader du SNP Alex Salmond, pour en conclure: "Nous avons toutes les raisons d’être confiants".
Theresa May a certainement flairé le danger. Vendredi 17 mars , elle a une nouvelle fois dénoncé la quête "obsessionnelle" de l’indépendance du gouvernement écossais.
Elle a reçu samedi 18 mars l’appui de l’ancien Premier ministre travailliste Gordon Brown qui a appelé à "une troisième option, à mi-chemin entre le jusqu’au boutisme du SNP et le +ne rien faire+ du gouvernement conservateur", consistant à offrir davantage de pouvoirs au Parlement écossais pour éviter un nouveau référendum.
"Theresa May a intérêt à se réveiller. En 2014, beaucoup avaient voté pour le statu quo mais cette fois-ci ce sera différent", a prévenu Paul Wright, un militant du SNP de 58 ans, en réajustant son chapeau criblé de pins à la gloire de l’indépendance.