Réunis, le 30 novembre à Genève, au premier jour d'une session ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les ministres du Commerce des 153 pays membres de l'organisation ont réitéré leur engagement à conclure avant fin 2010 les négociations commerciales engagées en 2001, et enlisées depuis en raison de différends Nord-Sud sur l'ampleur des concessions de part et d'autre.
Le temps presse et ces promesses ne suffisent plus, a toutefois averti le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, qui a ouvert cette septième réunion ministérielle.
"Le moment de vérité, c'est-à-dire le moment où vous aurez à décider si la conclusion (du cycle de Doha, NDLR) en 2010 peut être atteinte, approche à grande vitesse", a prévenu M. Lamy devant les délégués.
"Les dirigeants politiques sont pratiquement unanimes à assurer qu'ils veulent conclure en 2010, mais il ne suffit pas de le réaffirmer", a-t-il ajouté. "Ce qu'il faut maintenant, c'est agir, agir de manière concrète et pratique pour éliminer les dernières divergences", a-t-il réclamé.
Selon le directeur général de l'OMC, les pourparlers ont permis jusqu'à présent un consensus sur 80% des questions abordées par le cycle entamé dans la capitale du Qatar en 2001. Les 20% restants étant subordonnés, selon lui, à la volonté politique des membres.
Engagement des États-Unis
Le représentant américain au commerce, Ron Kirk, a réitéré cette volonté en affirmant que son pays était prêt à s'engager dans la "phase finale" des négociations. "L'OMC a besoin d'un cycle fort... les États-Unis sont engagés à atteindre une telle issue et je pense qu'un succès est possible en 2010", a-t-il assuré. Mais pour y parvenir, les pays émergents doivent se montrer plus coopératifs, a-t-il aussitôt ajouté.
"Les pays émergents jouent un rôle croissant" dans l'économie mondiale, a expliqué M. Kirk, rappelant des chiffres du Fonds monétaire international (FMI) selon lesquels 58% de la croissance mondiale proviendra en 2014 de la Chine, de l'Inde, du Brésil, de l'Argentine, de l'Afrique du Sud et des économies d'Asie du Sud-Est. "La création de nouveaux flux commerciaux et l'ouverture significative de marchés (en particulier émergents) sont nécessaires pour remplir les promesses de développement de Doha", a-t-il insisté.
Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a quelques minutes plus tard balayé d'un trait une telle possibilité, révélant l'étendue des dissensions entre les grandes puissances. "Il n'est pas raisonnable de penser que la conclusion du cycle comprendra des concessions unilatérales des pays en développement", a expliqué M. Amorim.
Le ministre indien du Commerce, Anand Sharma, a enchaîné : "les demandes pour plus d'accès aux marchés des pays en développement doivent être modérées de la part des pays développés".
Ces pays en développement et émergents sont devenus de fervents défenseurs du cycle devant ouvrir les barrières douanières pour des milliers de produits et réduire considérablement des subventions agricoles américaines et européennes.
AFP/VNA/CVN