Les migrants continuent d'arriver sur les îles grecques

Des centaines de migrants ont rallié le 20 mars les îles grecques de l'Egée, au premier jour de l'entrée en vigueur de l'accord UE-Turquie censé couper cette route migratoire et dont la mise en œuvre démarrait laborieusement en Grèce.

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Des réfugiés arrivent à bord d'un bateau de caoutchouc sur l'île grec de Lesbos.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ces traversées ont fait quatre morts selon des sources policière et humanitaire : deux fillettes d'environ un et deux ans, noyées après être tombées d'un canot au large de l'île de Ro, dans le Sud-Est de l'Égée, et deux réfugiés syriens, victimes d'une crise cardiaque à leur arrivée sur l'île de Lesbos, au Nord.

Dans un autre drame, neuf migrants partis de Libye vers l'Europe se sont noyés et environ 600 autres ont été secourus samedi 19 mars, ont annoncé des responsables libyens.

À Lesbos, principale porte d'entrée en Europe pour des milliers de migrants syriens, irakiens et afghans fuyant la guerre, la police dénombrait dans l'après-midi quelque 800 nouvelles arrivées.

Cette poursuite des flux pourrait s'expliquer par le flou régnant encore sur la mise en oeuvre de l'accord UE - Turquie, jugeait à Lesbos un agent français de l'Agence européenne des frontières, Frontex.

"L'information va vite circuler que le passage est désormais difficile à cause de l'accord", qui prévoit le renvoi en Turquie de tous ceux arrivés à partir de dimanche en Grèce, y compris les demandeurs d'asile syriens, voulait-il espérer, a-t-il fait valoir.

Selon l'organe de coordination de la politique migratoire en Grèce (SOMP), les nouveaux entrants seront soumis comme prévu à l'accord et "ne pourront pas quitter les îles, où ils attendront l'arrivée des experts étrangers qui lanceront les procédures pour leur renvoi".

À Lesbos, ils étaient dirigés dans la journée sur le centre d'enregistrement de Moria qui attendait toujours "plus de directives" sur la mise en œuvre de l'accord UE - Turquie, selon directeur policier Dimitris Amoutzias.

"Les nouveaux sont enregistrés comme d'habitude. Nous ne savons pas encore
comment l'accord de retour va être appliqué",
a-t-il affirmé.

Le porte-parole, du SOMP, Giorgos Kyritsis, avait reconnu samedi 19 mars que les modalités pratiques n'étaient pas encore en place, alors que le pays attend 2.300 experts étrangers promis en renfort par ses partenaires européens.

Jusque là, Paris et Berlin ont offert jusqu'à 600 policiers et experts de l'asile, tandis que la Roumanie s'est engagée dimanche 20 mars à envoyer 70 experts et deux embarcations de patrouille.

"Ne pas rester en Turquie"

La chancelière allemande Angela Merkel a avancé la date du 4 avril pour les premiers renvois, ce que la Grèce n'a toujours pas confirmé.

Au camp du poste-frontière gréco-macédonien d'Idoméni.
Photo : AFP/VNA/CVN

En Turquie, pays qui s'est engagé à réduire les départs de migrants à partir de ses côtes en échange d'un soutien financier et politique européen, la police portuaire a annoncé dimanche 19 mars l'arrestation la veille de 210 partants.

Mais Gatan, un Syrien voyageant avec sa femme et leurs deux enfants arrivés à Lesbos dimanche 19 mars, a lui échappé à ces arrestations.

"En Turquie on nous a dit de ne pas aller en Grèce, que désormais on risquait d'être arrêtés par la police", a-t-il affirmé. Mais "nous ne pouvons pas rester en Turquie. Nous voulons aller en Allemagne ou en France, peu importe".

Les autorités grecques peinaient aussi toujours à convaincre les exilés arrivés avant dimanche 19 mars et bloqués sur son territoire par la fermeture de la route des Balkans - quelque 47.500 personnes - de gagner les centres d'accueil.

Ceux d'entre eux qui ne seront pas déboutés comme migrants économiques doivent être répartis dans l'UE.

À Lesbos, ils restaient méfiants : un ferry spécialement affrété pour les conduire sur le continent n'est parti dimanche avec 24 heures de retard qu'à moitié plein, avec 1.400 personnes à bord.

Quatre ferries ont été mobilisés pour poursuivre ces évacuations visant à faire de la place sur les îles aux nouveaux arrivants voués aux renvois en Turquie, a indiqué la police portuaire.

À la frontière avec la Macédoine, des migrants continuaient aussi dimanche 19 mars d'affluer dans l'espoir de se frayer un passage dans le camp d'Idomeni, où

s'entassent quelque 12.000 personnes.

Contesté par les organisations humanitaire, l'accord UE-Turquie est censé fermer la route égéenne, empruntée par près de 150.000 personnes depuis le début de l'année, et 850.000 en 2015, selon l'Organisation internationale pour les migrations.

En contrepartie, les Européens se sont engagés, pour chaque Syrien renvoyé, à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie, à hauteur de 72.000 places.

Ce mécanisme va requérir selon la Commission européenne la mobilisation de 4.000 agent, pour un budget estimé à 280 millions d'euros sur les six prochains mois.

AFP/VNA/CVN

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