>>Découverte de dizaines de corps en Autriche, Merkel en appelle à l'Europe
Des policiers hongrois surveillent des migrants qui se hissent sur la porte métallique qui ferme la frontière avec la Serbie, près de Röszke (Sud de la Hongrie), le 15 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le soir du 15 septembre, au centre d'accueil des migrants de Presevo, dans le Sud de la Serbie, des autobus, qui convoyaient jusqu'à présent les migrants vers la Hongrie, affichaient, selon la presse serbe, des pancartes avec une nouvelle destination : "Sid", une ville frontalière de la Croatie.
L'information a été confirmée par une source du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) à Presevo, mais pas de source officielle serbe.
Pendant ce temps, la chancelière allemande Angela Merkel et son homologue autrichien Werner Faymann ont demandé un sommet européen rapidement pour s'entendre sur une répartition contraignante de 120.000 réfugiés après l'échec la veille des ministres de l'Intérieur des 28.
Migrants et réfugiés bloqués à la frontière de la Hongrie et de la Serbie, le 15 septembre près de Röszke (Sud de la Hongrie). |
La principale difficulté sera de convaincre les pays d'Europe de l'Est (Hongrie, République tchèque, Pologne, Slovaquie et Roumanie) réticents jusqu'ici à accepter l'accueil massif de réfugiés dans un effort de solidarité commune. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, va mener des consultations et annoncera sa décision le 17 septembre.
Le Premier ministre slovaque Robert Fico a lui aussi souhaité un sommet de l'UE mais pour y réitérer son refus de se faire "dicter" des quotas.
Près de 500.000 migrants sont arrivés cette année dans l'Union européenne (UE) contre 280.000 pour l'ensemble de 2014, selon les derniers chiffres le 15 septembre de l'agence européenne Frontex.
"Inacceptable" de les renvoyer vers la Serbie
Belgrade a estimé être incapable de gérer le flux de migrants bloqués le 15 septembre en Serbie après la fermeture de la frontière par Budapest.
Des migrants sous des tentes le 15 septembre à Horgos à la frontière entre la Hongrie et la Serbie |
"L'idée de renvoyer vers la Serbie tous les migrants alors que d'autres ne cessent d'affluer, en provenance de Grèce et de Macédoine, est inacceptable", a protesté le chef de la diplomatie Ivica Dacic.
"J'exhorte la Hongrie à ouvrir sa frontière aux migrants. Au moins aux femmes et aux enfants", a dit son collègue chargé des réfugiés Aleksandar Vulin, au poste-frontière de Horgos où étaient encore massé une centaine de migrants le soir du 15 septembre.
À Belgrade même la plupart des réfugiés interrogés préféraient attendre la réouverture de la frontière hongroise plutôt que de choisir d'autres routes.
Carte d'Europe montrant les routes de migration, le rétablissement des contrôles aux frontières dans l'espace Schengen et les clôtures. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"On nous a dit qu'il existait un chemin par la Croatie et par la Slovénie, mais on a aussi entendu que si la police slovène nous attrapait, elle nous renverrait en Serbie, voire en Afghanistan", explique Alisina, un adolescent afghan de 15 ans, qui ronge son frein à Belgrade. "On ne peut pas faire marche arrière. Moi, j'ai perdu ma famille, mes parents, un frère et une sœur. Je n'ai nulle part où rentrer", confie-t-il en éclatant en sanglots.
Avec l'aide de l'armée, Budapest a de facto fermé le 15 septembre aux réfugiés toute sa frontière avec la Serbie, par où étaient passés la grande majorité des 200.000 migrants qui ont transité par le pays cette année.
Le pays gouverné par Viktor Orban, partisan d'une ligne très dure face aux réfugiés, prévoit maintenant de construire une nouvelle clôture à sa frontière avec la Roumanie.
Bucarest a protesté en parlant d'une mesure "pas conforme à l'esprit européen".
Carte de localisation des mesures prises en Hongrie dans la crise des migrants. |
En portant le dossier devant les chefs d'État de l'UE, l'Allemagne entend obtenir une répartition contraignante des migrants entre pays de l'UE, alors que Berlin accueille la majorité d'entre eux. Près d'un million sont attendus cette année.
Berlin semble à bout de patience face aux divergences entre Européens sur la question. Deux ministres allemands ont agité le 15 septembre la menace d'une baisse des aides européennes aux pays de l'UE qui refuseraient de participer à l'effort.
Les ministres de l'Intérieur de l'UE doivent eux se retrouver le 22 septembre à Bruxelles pour une nouvelle réunion extraordinaire.
De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a indiqué "craindre que l'indécision de l'Europe n'entraîne des morts supplémentaires".
Au moins 22 personnes, dont quatre enfants, sont mortes dans le naufrage de leur embarcation surchargée entre la Turquie et la Grèce le 15 septembre, venant grossir le chiffre de plus de 2.800 victimes depuis janvier.
L'Autriche a confirmé elle aussi le 15 septembre qu'elle allait introduire des contrôles frontaliers, précisant que ceux-ci pourraient être effectifs à partir de minuit (22h00 GMT) dans la nuit du 15 au 16 septembre. Selon l'agence de presse APA entre 2.500 et 3.000 migrants quittaient toujours quotidiennement l'Autriche pour l'Allemagne ces derniers jours.