Les Kurdes irakiens se préparent à se joindre à la bataille de Kobané

Les combattants kurdes irakiens se préparaient samedi 1er novembre à se joindre à la bataille de Kobané pour aider à vaincre les jihadistes du groupe État islamique (EI), après leur entrée dans cette troisième ville kurde de Syrie dévastée par des semaines de combats.

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Des peshmergas kurdes en route pour la ville syrienne de Kobané, le 31 octobre.
Des peshmergas kurdes en route pour la ville syrienne de Kobané, le 31 octobre.


L'arrivée vendredi 31 octobre à Kobané via la frontière turque des 150 peshmergas venus du Kurdistan irakien, aiderait à remonter le moral des forces kurdes syriennes défendant la ville depuis plus de six semaines, même si des militants et une ONG ont jugé nécessaires davantage de renforts et d'armes pour déloger les jihadistes.
Attendus depuis plusieurs jours, ces peshmergas irakiens équipés de lance-roquettes, de fusils automatiques et de mortiers, n'ont pas encore participé aux combats et se concentrent sur des opérations de logistique, selon Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Selon lui, quelque 3.000 à 4.000 jihadistes livrent combat à environ 1.500 à 2.000 membres de la principale milice kurde syrienne des YPG (Unités de protection du peuple) à Kobané, devenue le symbole de la résistance face à un groupe ultra-radical responsable d'atrocités en Syrie comme en Irak.
Le déploiement des renforts irakiens pourrait donner un coup de pouce aux YPG, mais leurs armes ne suffiraient pas pour faire face à des jihadistes mieux équipés, notamment avec des chars, a dit le chef de l'ONG qui s'appuie sur un large réseau d'informateurs dans le pays ravagé la guerre civile.
M. Rahmane a estimé que la résistance acharnée des YPG, qui ont l'avantage du terrain, et le soutien aérien crucial quotidien de la coalition dirigée par les États-Unis, avaient empêché jusque là la prise de Kobané par les jihadistes.
Optimisme prudent
Mustafa Ebdi, un militant kurde originaire de Kobané, s'exprimant depuis la zone frontalière en Turquie, a lui aussi jugé nécessaire "plus de renforts et d'armes" tout en faisant part d'"un certain optimisme après l'arrivée des peshmergas".

"Certains kurdes m'ont appelé pour me demander quand nous pourrons rentrez chez nous (à Kobané). Certains croient que la bataille sera bientôt terminée, mais je pense qu'elle sera encore longue", a-t-il ajouté en soulignant que "l'EI recevait aussi des renforts".

"Nous sommes satisfaits de l'arrivée des peshmergas irakiens mais nous avons besoin de plus de combattants, de plus d'armes et la frontière (avec la Turquie) doit être complètement ouverte" pour permettre aux Kurdes qui le veulent d'aller aider à libérer leur ville, a-t-il dit. "Moi-même je veux aller à Kobané prendre les armes. Je veux libérer ma maison".

Localisation de Kobané en Syrie et de la frontière avec la Turquie.
Localisation de Kobané en Syrie et de la frontière avec la Turquie.


Polat Can, un porte-parole des YPG, se veut plus rassurant. "Nous n'avons jamais cessé d'être optimistes, même lorsque nous n'avions pas l'aide de la coalition, ou des (peshmergas). Nous n'aurions pas pu résister durant 46 jours si nous n'étions pas confiants dans notre victoire".
Il a confirmé que les peshmergas n'avaient pas commencé à se battre, "mais cela ne saurait tarder. Pour l'heure ils déploient leurs armes, repèrent le terrain et se répartissent les tâches. L'artillerie et les armes lourdes qu'ils ont apportées joueront un rôle important".
Les combats à Kobané se concentrent dans les quartiers Nord que les jihadistes cherchent à prendre pour couper l'accès de la ville à la Turquie et l'encercler.
De nouvelles frappes ont visé les positions jihadistes et des échanges de tirs avaient lieu en soirée, selon l'OSDH.
Attentats à Bagdad
Depuis le début de l'offensive de l'EI le 16 septembre pour conquérir Kobané, environ un millier de personnes ont péri, en grande majorité des combattants des deux camps selon l'OSDH, et plus de 300.000 habitants de la région ont pris la fuite, la plupart en Turquie. Les jihadistes ont réussi à s'emparer de près de 70 villages sur le chemin de Kobané, où ils sont entrés le 6 octobre.
Une prise totale de cette ville permettrait à l'EI de contrôler une longue bande de territoire à la frontière.
Accusé de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a mis à profit la guerre civile en Syrie et l'instabilité politique et sécuritaire en Irak pour s'emparer de larges territoires où il fait régner la terreur -viols, rapts, décapitations.
En Irak, de nouvelles frappes de la coalition ont visé l'EI dans le Nord et l'Ouest du pays. L'armée tente, non sans grande peine de regagner du terrain sur les jihadistes, et cherche à reprendre la ville de Baïji (Nord), pour sécuriser la principale raffinerie du pays.
Avant la grande fête chiite de l'Achoura mardi, 24 personnes ont péri dans des attaques dans et autour de Bagdad.
Enfin, à l'occasion de la journée mondiale "Urgence Kobané", les Kurdes ont manifesté dans la calme en Turquie et dans plusieurs pays d'Europe en signe de solidarité avec la ville meurtrie.

AFP/VNA/CVN

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