Cette présidentielle est un test crucial pour le Kirghizstan qui n'a jamais vécu de transfert pacifique du pouvoir depuis 1991, connaissant en mars 2005 puis en avril 2010 deux révolutions sanglantes et des violences ethniques meurtrières (juin 2010), qui ont surtout visé la minorité ouzbèke dans le Sud du pays.
Les électeurs ont voté activement, le taux de participation ayant atteint 29,74% à 09h00 GMT.
Le chef du gouvernement Almazbek Atambaïev, favori du scrutin, a dit espérer gagner dès le premier tour. "Ce serait bien si tout se décidait au premier tour. Les gens sont fatigués", a-t-il déclaré après avoir glissé son bulletin dans l'urne.
Les deux principaux adversaires d'Atambaïev sont les nationalistes Adakhan Madoumarov et Kamtchybek Tachiev, proches du président déchu en 2010 Kourmanbek Bakiev.
Ils cultivent une forte base électorale parmi la majorité kirghize dans l'instable Sud, de quoi inquiéter les Ouzbeks minoritaires, principales victimes des violences interethniques qui ont fait 470 morts l'an dernier. Ils sont aussi mal vus dans le Nord qui abrite l'essentiel de l'élite politique et économique.
Les deux hommes ont d'ores et déjà prévenu qu'ils feraient sortir dans la rue leurs partisans en cas de fraudes.
La présidente par intérim Rosa Otounbaïeva qui a réussi tant bien que mal à empêcher l'implosion du pays depuis la révolution qui a renversé le président Kourmanbek Bakiev et n'avait pas le droit de se présenter au scrutin a appelé le 30 octobre les électeurs à préserver la paix fragile.
"Je suis sûre que le peuple kirghiz votera dans le calme et s'abstiendra de toute manifestation négative (...) Il y a un an nous étions au bord du gouffre. Maintenant nous connaissons le prix de l'unité", a-t-elle dit.
Dans son rapport intérimaire, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dont 285 observateurs surveilleront le déroulement des opérations de vote, a toutefois souligné le risque de voir les divisions s'approfondir après l'élection.
Le Kirghizstan, pays montagneux et pauvre de cinq millions d'habitants, est traversé par de multiples divisions : entre les Kirghiz et les Ouzbeks, entre le Nord urbanisé et relativement prospère et le Sud pauvre et plus rural, et entre les clans de l'ancien régime et ceux du nouveau.
AFP/VNA/CVN