Les jihadistes visés par une nouvelle offensive kurde en Irak et en Syrie

Les forces kurdes syriennes et irakiennes ont lancé samedi 20 décembre une attaque coordonnée contre le groupe État islamique dans une zone frontalière près du Mont Sinjar, où elles ont commencé à distribuer de l'aide après avoir brisé cette semaine le siège imposé par les jihadistes.

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Appuyés par des raids aériens de la coalition internationale, les peshmergas irakiens ont lancé mercredi 17 décembre une offensive d'envergure contre l'EI, depuis la ville de Rabia, à la frontière avec la Syrie. L'opération, à laquelle participent quelque 8.000 peshmergas, vise à reconquérir un territoire d'environ 2.100 km2, selon le conseil de sécurité du Kurdistan irakien.

Un combattant peshmerga marche parmi des voitures calcinées après un attentat suicide perpétré par le groupe État islamique à Kesarej, au Nord de l'Irak, près de la frontière avec la Syrie le 18 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette offensive, la plus importante jamais menée par les forces kurdes contre l'EI, leur a permis jeudi 18 décembre de briser le siège imposé depuis fin septembre sur le Mont Sinjar par les combattants sunnites extrémistes, leur infligeant un revers significatif.

Samedi 19 décembre, les forces kurdes ont pu atteindre pour la première fois des centaines de civils appartenant notamment à la minorité yazidie, pris au piège sur le mont.

La peau brûlée par le soleil et les habits sales, les civils -- dont la plupart s'étaient réfugiés dans les montagnes après la prise de leurs villages par l'EI --, paraissaient épuisés.

Ils se précipitaient vers les camions pour obtenir de la nourriture, selon un journaliste de l'AFP accompagnant le convoi des peshmergas.

«Pas d'aide depuis 75 jours»

"Nous n'avons quasiment pas reçu d'aide depuis 75 jours. Elle a cessé d'arriver quand l'État islamique a coupé la route", a déclaré Hassan Khalaf, un homme de 45 ans au visage émacié.

"Je n'ai pas vu une orange depuis septembre", confiait de son côté une fillette de dix ans, alors que les combattants kurdes distribuaient des fruits.

C'est la prise par l'EI de la ville de Sinjar en août, et l'exode dramatique des yazidis sur le mont éponyme, qui ont conduit les Américains à entamer en août une campagne de bombardements aériens en Irak.

Des dizaines de milliers de yazidis, assiégés dans la montagne pendant plusieurs semaines dans des conditions dramatiques, avaient finalement pu être évacués mais l'EI avait réussi fin septembre à imposer un nouveau siège.

Afin d'étendre encore davantage leur emprise sur ce secteur du Nord-Ouest irakien, les peshmergas --qui ont repris 700 km2 en deux jours-- "ont lancé une nouvelle offensive depuis le sud de Rabia" samedi 20 décembre à 08h00 (05h00 GMT), a indiqué le conseil de sécurité du Kurdistan, en précisant qu'ils avaient repris le contrôle d'une série de villages.

D'après Qassem Shasho, un commandant yazidi, ils ont atteint la ville de Sinjar, située sur le versant sud de la montagne, mais n'y sont pas encore entrés, devant d'abord désamorcer les bombes installées par les jihadistes.

D'après des habitants, les forces kurdes avancent également vers Tal Afar, à mi-chemin entre Sinjar et Mossoul --la seconde ville irakienne aux mains de l'EI-, attaquant les positions jihadistes à l'artillerie.

Attaque simultanée

Parallèlement, de l'autre côté de la frontière, la milice syrienne kurde des YPG (Unités de protection du peuple kurde), a lancé un assaut contre l'EI, chassant ce groupe ultra-radical "de huit villages (...) dans la région de Yaaroubiyé, au terme de violents combats", a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers la Syrie.

L'attaque lancée par les YPG s'est faite "en coordination" et "simultanément avec la contre-offensive des peshmergas", a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

"Ils ont ainsi mis la pression sur les jihadistes", qui contrôlent de vastes pans de territoires en Irak et Syrie, où ils multiplient les exactions (décapitations, enlèvements, esclavage, etc.).

Les YPG ont indiqué qu'ils avançaient vers le sud et espéraient rejoindre ainsi les peshmergas irakiens. L'EI doit également faire face dans ce secteur aux combattants de la branche armée du PKK turc (Parti des travailleurs du Kurdistan) et des Unités de résistance de Sinjar (YBS), un groupe armé issu de la minorité yazidie.

Sur un autre front en Syrie, les YPG ont progressé vendredi 19 décembre soir face aux jihadistes à Kobané (Nord), ville kurde que l'EI tente de prendre depuis plus de trois mois. Elles assiègent désormais le centre culturel occupé par les jihadistes, d'après l'OSDH.

Une guerre d'usure s'est installée dans cette localité devenue le symbole de la résistance contre l'EI en Syrie, aucun des deux camps ne parvenant à prendre le dessus malgré les frappes contre les jihadistes menées par la coalition dirigée par les États-Unis.


AFP/VNA/CVN

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