Les horlogers suisses se lancent à l’assaut de l’Inde

Un récent accord de libre-échange va progressivement ouvrir aux marques horlogères suisses cet immense marché qu’est l’Inde.

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Une montre de luxe Patek Philippe au Salon horloger de Genève, en Suisse. 
Photo : Fabrice Coffrini/CVN

Si certaines marques sont dans les starting-blocks, d’autres se laissent encore un peu de temps en attendant de voir si l’Inde va devenir ou non un nouvel eldorado.

“L’Inde représente un énorme potentiel”, a déclaré Yves Bugmann, le nouveau président de la Fédération horlogère.

Malgré ses 1,4 milliard d’habitants, l’Inde ne se classait qu’à la 22e place dans les exportations horlogères suisses en 2023, juste devant l’Autriche, rappelle M. Bugmann.

La valeur des exportations s’y limitait à 218,8 millions de francs suisses (224,8 millions d’euros), loin derrière la Chine (2,7 milliards de francs suisses) et les États-Unis (4,1 milliards de francs suisses). Les taxes élevées ont longtemps découragé les marques horlogères, en particulier les plus onéreuses.

Si leur calcul est compliqué, elles incluent des droits de douanes aux environs de 20% pour les montres, une taxe sur les biens et services de 18% et une surtaxe supplémentaire.

Après 16 ans de négociations, l’Association européenne de libre-échange - qui regroupe quatre pays dont la Suisse - a toutefois signé un accord de libre-échange début mars qui va réduire “progressivement les droits de douanes sur une durée de sept ans”, explique M. Bugmann.

“C’est un marché extrêmement intéressant, mais est-ce que cela sera le nouvel eldorado de l’industrie horlogère ? Nous le savons pas encore”, reconnaît-il.

Dans une étude publiée mi-octobre, le cabinet d’audit Deloitte estimait que les exportations des horlogers suisses vers l’Inde pourraient dépasser 400 millions de francs suisses d’ici 2028.

Et le pays pourrait se hisser dans le “Top 10” de leurs marchés d’ici une décennie grâce à ses grosses fortunes et sa classe moyenne grandissante. Et depuis cet accord, “on sent un crépitement”, confie Karine Szegedi, l’autrice de ce rapport, durant le salon horloger.

Être le premier

“Sept ans, c’est déjà demain”, estime Edouard Meylan, le patron de H. Moser, une petite marque en forte expansion, pour qui il faut se préparer dès maintenant.

Une Patek Philippe exposée au Salon Watches and Wonders 2024 à Genève. 
Photo : AFP/VNA/CVN

“On sent un énorme appétit” et “il faut être le premier pour s’imposer”, affirme le patron de cette marque dont le prix moyen tourne autour de 40.000 francs suisses. Il s’est déjà allié à un distributeur local en espérant ouvrir une boutique à New Dehli cette année, “avant Diwali”, la fête hindoue qui se tient cette année fin octobre à début novembre.

Selon Thierry Stern, le président de Patek Philippe, “l’Inde sera certainement une musique d’avenir”. “Mais cela intéressera surtout les marques qui produisent de grosses quantités”, déclare-t-il.

Patek Philippe - dont les prix peuvent atteindre plusieurs millions de francs dans les salles d’enchères - ne fabrique que 72.000 montres par an, une petite quantité pour une grande marque, qui se traduit par de longues listes d’attente.

“Je n’en ai déjà pas assez”, explique M. Stern, alors “aujourd’hui pour Patek Philippe, il serait quasiment impossible d’ouvrir en Inde”. “Mais la clientèle de Patek Philippe voyage beaucoup”, ajoute-t-il, de nombreux clients indiens venant déjà faire leurs achats à Genève ou à Londres.

La marque genevoise Raymond Weil, déjà présente de longue date en Inde, se félicite, elle, de cet accord qui va faciliter ses affaires.

“Mon grand-père affectionnait particulièrement ce marché et s’y était développé dès les années 1980”, ce qui a permis d’acquérir “une jolie notoriété” sur ce marché qui représente aujourd’hui 5% de son chiffre d’affaires, quantifie Elie Bernheim, qui représente la troisième génération aux commandes de cette entreprise familiale.

“Je crois beaucoup à ce marché”, ajoute le patron de Raymond Weil, qui présentait au salon Watches and Wonders un chronographe à 3.500 francs suisses. Et avec sa longueur d’avance, la marque ne craint pas de voir arriver de nouveaux concurrents, tant ce marché est vaste.

AFP/VNA/CVN

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