>>Les géants de la tech gagnent des utilisateurs, mais manquent de soutien
>>Les patrons des GAFA vont paraître devant une commission parlementaire américaine
Mark Zuckerberg, patron de Facebook, reconnaît que les lois qui gouvernent Internet sont dépassées. |
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Mercredi après-midi 28 juillet à Washington, la Commission judiciaire de la Chambre des représentants va interroger Sundar Pichai (Alphabet, maison-mère de Google), Tim Cook (Apple), Mark Zuckerberg (Facebook) et Jeff Bezos (Amazon), qui s'exprimeront par visioconférence, pandémie de coronavirus oblige.
Le thème a beau être indiqué en toutes lettres ("examiner la domination d'Amazon, Apple, Facebook et Google"), rien ne dit que les parlementaires s'en tiennent à l'examen des pratiques concurrentielles des GAFA.
À gauche comme à droite, et à moins de 100 jours des élections, ils pourraient se montrer particulièrement agressifs contre Facebook, dont les élus ne peuvent se passer pour faire campagne.
"J'ai peur que l'audience ne se transforme en discussion sur la régulation des contenus, avec la gauche qui veut forcer les plateformes à lutter contre les contenus qui promeuvent la haine et la désinformation, tandis que la droite veut les forcer à les autoriser", commente Mark Lemley, professeur de droit à l'Université de Stanford.
Facebook subit en ce moment un boycott publicitaire d'un millier d'annonceurs, orchestré par la société civile, qui trouve le groupe trop laxiste en termes de modération des contenus, notamment d'extrême droite.
Sundar Pichai, patron de Google, va mettre en avant le rôle de son entreprise dans l'accès aux technologies. |
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Les Républicains, Donald Trump en tête, s'estiment quant à eux censurés par les plateformes.
Ironiquement, les politiques, qui s'adressent avant tout à leur circonscription, chercheront à susciter une scène qui fera "une vidéo YouTube virale", remarque Eric Goldman, directeur du High-Tech Law Institute de la Santa Clara University.
Rêve américain
Google et Facebook accaparent l'essentiel des recettes publicitaires numériques mondiales grâce aux données personnelles de leurs milliards d'utilisateurs.
Apple et Amazon, eux, sont accusés d'être juge et partie sur leurs plateformes, l'app store pour l'un et le site de e-commerce pour l'autre.
Mardi 28 juillet, les quatre patrons ont pris les devants en publiant leurs discours d'ouverture.
Tous comptent jouer sur la fibre patriotique des élus américains.
Leurs sociétés, "fièrement américaines", comme dit Mark Zuckerberg au sujet de Facebook, doivent leur succès aux valeurs et lois du pays - démocratie, liberté,inclusivité, innovation, compétition, etc.
"Il n'y a pas de garanties que nos valeurs vont gagner. La Chine par exemple construit sa propre version d'internet sur des idées très différentes, et exporte cette vision dans d'autres pays", assène le jeune milliardaire.
Tim Cook, patron d'Apple, va défendre la compétition sur l'app store. |
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Ils mettent aussi en avant leurs investissements et leurs créations d'emplois aux États-Unis, ainsi que leur parcours personnels.
Surtout, ils assurent favoriser la compétition et faire face à une concurrence féroce.
"Apple n'est dominant sur aucun des marchés où nous faisons des affaires", pointe Tim Cook, le patron du fabricant de l'iPhone.
Des lois et des hommes
La commission judiciaire enquête depuis des mois sur de possibles abus de position dominante, mais l'audition a peu de chance d'avoir des conséquences majeures.
Contrairement aux autorités européennes, les États-Unis se sont montrés plutôt frileux sur la question jusqu'à présent.
La loi américaine, telle qu'appliquée ces dernières années, exige, pour autoriser des mesures contre les entreprises, que leurs agissements fassent clairement du tort aux consommateurs, en conduisant à une hausse des prix par exemple.
Jeff Bezos, fondateur d'Amazon et homme le plus riche au monde, va peindre son groupe comme une l'histoire d'un succès à l'américaine. |
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Les échanges pourraient cependant aider les élus à déterminer s'il faut promulguer de nouvelles lois pour mieux réguler les plateformes numériques.
Une idée que soutient Mark Zuckerberg, du moins pour la modération des contenus : dans son discours, il rappelle qu'à son avis les gouvernements devraient "jouer un rôle plus actif" pour "mettre à jour les règles de l'internet".
Les emblématiques patrons reconnaissent tous la pertinence d'un examen de leurs activités par les autorités.
Mais Jeff Bezos, dont c'est la première audition au Congrès, compte cependant avertir les parlementaires sur sa philosophie par rapport aux critiques.
"Quand nous pensons que nos détracteurs ont raison, nous changeons. Quand nous faisons des erreurs, nous présentons des excuses", déclare-t-il.
"Mais quand vous regardez dans le miroir, que vous évaluez les critiques, et que vous pensez encore que vous avez pris les bonnes décisions, aucune force au monde ne devrait pouvoir vous faire changer".
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