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Un policier allemand à la frontière à Kehl, avec Strasbourg, en France, le 16 mars. |
Pour tenter d'endiguer la propagation du nouveau coronavirus, Berlin a décidé d'effectuer depuis 08h00 locales (07h00 GMT) des contrôles à ses frontières terrestres avec l'Autriche, la France, le Luxembourg, le Danemark et la Suisse. Les voyages aériens et ferroviaires ne sont pour le moment pas concernés, même si leur activité connaît un net ralentissement. Ne sont autorisés à passer que les travailleurs transfrontaliers, les marchandises mais aussi les personnes rentrant dans leur pays d'origine en voiture et obligés de traverser l'Allemagne. Les camions, eux, passent automatiquement sans être contrôlés.
Avec un trafic moins important qu'à l'accoutumée au niveau de la frontière germano-autrichienne, les automobilistes semblent avoir intégré cette décision annoncée la veille par le gouvernement allemand. Ils sont rares à faire demi-tour, même si, côté autrichien, quelques bouchons ont vu le jour. "Cela n'a pas été une surprise pour les gens ici. Que l'on ne puisse pas prendre en compte les requêtes particulières de chaque personne, nous en sommes désolés", explique Maximilian Wirz, porte-parole de la police fédérale allemande à Freilassing.
"Situation de catastrophe" en Bavière
Les hommes de M. Wirz, équipés de gants et de masques, leurs rappellent parfois les nouvelles règles. "Ne peuvent passer la frontière ici que des Allemands, des étrangers possédant un titre de séjour en Allemagne et habitant en Allemagne, des travailleurs frontaliers avec une attestation de leur employeur et des personnes avec des raisons particulières. Nous décidons alors au cas par cas, comme par exemple un transport médical urgent", énumère le policier.
La Bavière, qui avec 886 cas répertoriés et quatre décès est la deuxième région la plus touchée du pays, s'inquiète particulièrement de la propagation du Covid-19. L'Allemagne, où l'épidémie "n'a pas encore atteint son pic", selon le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, compte près de 5.000 personnes infectées pour un total de 12 morts. Le ministre-président de Bavière, Markus Söder, a ainsi décrété lundi 16 mars une "situation de catastrophe" pour sa région, permettant de mobiliser des moyens supplémentaires, comme le recours à l'armée dans les hôpitaux par exemple.
Des files de voiture à la frontière entre la France et l'Allemagne, à Huningue, dans l'Est de la France, le 16 mars |
Toute activité sportive et culturelle y sera désormais interdite et l'ouverture des magasins, pharmacies ou restaurants restreinte. Ces derniers ne pourront plus servir qu'entre 06h00 et 15h00 avec 30 clients maximum. La région a également annoncé débloquer 10 milliards d'euros pour soutenir l'activité économique et sanitaire.
Demi-tour
Environ 400 km plus à l'ouest, au niveau du Pont de l'Europe séparant la ville française de Strasbourg et allemande de Kehl, des contrôles similaires ont débuté dans la matinée. Plusieurs automobilistes venant de France ont été refoulés par les policiers allemands, l'achat de cigarettes ou de carburant - moins chers de l'autre côté du Rhin - ne constituant pas un motif valable.Un policier s'empare de leurs papiers d'identité et ne leur rend que lorsqu'ils ont fait demi-tour, le tout devant les objectifs de nombreux journalistes.
Sur son scooter, Gilbert Tordjman, un Strasbourgeois venu "prendre de l'essence et acheter deux-trois trucs", doit lui aussi rebrousser chemin. La ligne de tramway qui rejoint habituellement le centre de Kehl depuis Strasbourg, franchissant le Rhin sans la moindre indication du passage de la frontière, a depuis 08h00 son terminus sur la rive française. Toutefois, faute de personnel médical suffisant, les policiers ne peuvent pas effectuer de test de température sur les entrants.
Ces fermetures partielles de frontières ne font pas l'unanimité en Allemagne. L'eurodéputée et ancienne ministre de la Justice sociale-démocrate Katarina Barley a estimé "discutable" cette mesure et s'est dite plutôt en faveur de mesures de confinement. "Que je voyage de Cologne à Francfort ou de Cologne à Nimègue aux Pays-Bas, si je suis infectée, je continuerai à propager le virus, alors que la plupart des pays sont touchés de la même manière", a-t-elle argumenté.
AFP/VNA/CVN