Des experts examinent un Boeing 787 de l’All Nippon Airways, le 16 janvier à Takamatsu. Photo : AFP/VNA/CVN |
Les Boeing 787, victimes ces dernières semaines de plusieurs avaries, doivent rester au sol jusqu'à nouvel ordre, a annoncé le 17 janvier le vice-ministre japonais des Transports, évoquant la nécessité de garantir au préalable la sécurité des batteries et autres équipements. La Federal Aviation Administration (FAA) américaine avait auparavant demandé que tous les Dreamliner enregistrés aux États-Unis ne volent pas en attendant confirmation de leur sûreté.
Cet ordre concerne United Airlines, la seule compagnie à compter des 787 dans sa flotte actuellement, avec six exemplaires. "Suivant la décision de la FAA, les Boeing 787 ne seront pas autorisés à décoller jusqu'à ce que la sécurité des batteries soit garantie", a déclaré le vice-ministre japonais, Hiroshi Kajiyama, évoquant également d'autres pièces connexes.
En Inde, les autorités de l'aviation leur ont emboîté le pas le 17 janvier. "Nous avons demandé à Air India de clouer au sol ses six Dreamliners après avoir reçu une recommandation de l'autorité fédérale américaine de l'aviation (FAA) en raison de questions sur la sécurité", a déclaré Arun Mishra, le directeur général de l'aviation civile.
Air India a acquis 27 Dreamliner dans le cadre d'un investissement de plusieurs milliards de dollars en 2005 pour moderniser sa flotte. Six avions ont été livrés jusqu'à présent. Face à cette succession de revers, le Pdg de Boeing, Jim McNerney s'est voulu rassurant. "Nous prendrons toutes les mesures nécessaires dans les jours à venir pour assurer nos clients et les voyageurs de la sûreté du 787 et pour que ces avions reprennent leur service", a réagi M. McNerney dans un communiqué publié après la décision des autorités américaines.
"Nous avons confiance dans le fait que le 787 est sûr", a assuré M. McNerney. Un nouvel incident survenu le 16 janvier au matin sur un vol au Japon d'ANA (All Nippon Airways) avait poussé coup sur coup ANA et sa compatriote et rivale JAL (Japan Airlines) à immobiliser leurs 787 Dreamliner. ANA en compte 17 dans sa flotte, et JAL 7.
Évoquant la décision des autorités américaines, le Pdg de l'avionneur a assuré que Boeing "s'engageait à soutenir la FAA (dans son enquête) et à trouver des réponses aussi rapidement que possible". "Le groupe travaille 24 heures sur 24 avec ses clients, les différents régulateurs et les autorités qui mènent des enquêtes", a-t-il poursuivi.
Le 16 janvier au matin, le vol ANA 692, qui reliait Yamaguchi Ube et Tokyo, avec 129 passagers et huit membres d'équipage, avait dû se poser en catastrophe à Takamatsu (Sud). Plusieurs personnes avaient été légèrement blessées lors de l'évacuation par les toboggans.
"Démontrer que les batteries sont sûres"
"Durant le vol, le commandant de bord a reçu une alarme concernant une batterie. Nous sommes en train d'enquêter sur ce qui s'est exactement produit", a expliqué une porte-parole d'ANA. La compagnie a ensuite indiqué que le message indiquait la présence de fumée au niveau d'un compartiment technique puis que la batterie en cause avait changé de couleur et laissé échapper du liquide.
"Avant de nouveaux vols, les opérateurs d'appareils Boeing 787 enregistrés aux États-Unis doivent démontrer à la FAA que les batteries sont sûres", a demandé la FAA dans son communiqué. Les incidents à répétition dont est victime le Dreamliner ne semblent toutefois pas remettre en cause la confiance portée à Boeing par ses clients internationaux : la compagnie polonaise LOT, Air France, l'australien Qantas, Singapore Airline, Ethiopian Airlines, Norwegian ou British Airways ont tous décidé de maintenir leurs commandes.
Le titre du constructeur aéronautique américain a toutefois clôturé à Wall Street en baisse de 3,38% à 74,34 dollars --avant l'annonce de la décision des autorités américaines. Les titres des équipementiers, japonais mais aussi français comme Thales, qui contribuent au "programme" 787 ont aussi baissé sur les Bourses de Tokyo et de Paris après cette dernière avarie.
Malgré les marques de confiance de compagnies clientes, la mésaventure du vol ANA 692 reste un revers pour la réputation du Dreamliner. En tout, pas moins de sept incidents ont été relevés depuis le 7 janvier sur des Boeing 787 exploités par ANA et JAL.
Les deux principaux transporteurs nippons sont d'importants clients du Boeing 787 et les premiers à en avoir acquis. JAL en a commandé 45 (assortis de 20 en option) et ANA, qui fut la compagnie de lancement, 66. La première livraison à ANA était intervenue fin 2011, avec trois ans et demi de retard sur le calendrier initial.
AFP/VNA/CVN