"Nous ne répondrons pas à ces défis tant que la communauté des nations ne sera pas rassemblée autour d'une stratégie unique, complète et mondiale pour les océans", a lancé le secrétaire d'État américain John Kerry, hôte d'une conférence internationale, les 16 et 17 juin, qui réunit des représentants de 80 pays, des experts en matière d'environnement et des industriels. AFP/VNA/CVN
Le secrétaire d'État américain John Kerry, lors d'une conférence internationale exceptionnelle sur les océans et le réchauffement climatique, le 16 juin à Washington.
"Développons un plan" d'action mondial, a insisté le chef de la diplomatie américaine, défenseur de longue date de la cause environnementale. "Il n'y a rien que nous ayons autant en partage que les océans, qui recouvrent près des trois quarts de notre planète", a encore plaidé John Kerry, appelant ses invités à prendre leurs "responsabilités" pour préserver les océans.
En recevant par ailleurs le prince Albert II de Monaco, lui aussi défenseur de l'environnement, le ministre américain a dit espérer que sa conférence accoucherait d'un "plan d'action" et qu'il ne voulait "pas discuter pour discuter".
L'annonce la plus concrète est venue du président Anote Tong, de la République des Kiribati, des archipels d'Océanie dans le Pacifique, qui interdira dès janvier 2015 toutes les pêches commerciales, en dépit des conséquences économiques pour le pays.
"Répondre aux défis du changement climatique requiert un très sérieux engagement et une part de sacrifice", a souligné M. Tong. "La perte prévue de revenus a pesé très lourd dans notre réflexion, mais au final nous avons décidé de poursuivre une stratégie de développement durable", a ajouté le chef d'État, très applaudi.
Les Kiribati font partie, avec l'archipel polynésien des Tuvalu et les Maldives dans l'océan Indien, des pays qui pourraient disparaître après la montée du niveau des océans, selon l'ONU, si rien n'est fait contre le réchauffement climatique.
Multiplication des "zones mortes"
M. Kerry a indiqué que le président Barack Obama pourrait annoncer prochainement une extension des zones américaines de protection maritime. De fait, M. Obama doit s'exprimer mardi au département d'Etat par vidéo-conférence. Il sera suivi par Leonardo DiCaprio en personne, la star de Hollywood ayant une fondation de défense de l'environnement.
Dans les océans de la planète, il y a déjà un demi-millier de "zones mortes", qui, par manque d'oxygène dû au changement climatique, mettent en péril la vie sous-marine, selon John Kerry. Il a souligné aussi qu'un tiers des réserves de poissons étaient "surexploitées" et que "quasiment tout le reste était pêché ou près d'atteindre son niveau maximal".
"Personne ne doit se tromper : la protection de nos océans est une question vitale de sécurité", a fait valoir le secrétaire d'État. "Les océans représentent un moyen de subsistance pour 12% de la population mondiale. Et c'est aussi essentiel de maintenir l'environnement dans lequel nous vivons tous", a-t-il ajouté.
La sécurité alimentaire mondiale est également en jeu, M. Kerry, soulignant qu'environ trois milliards de personnes "dépendaient de la pêche comme importante source de protéines". D'après des experts, la santé des océans et de leur écosystème s'est dégradée de manière spectaculaire depuis 70 ans.
Aujourd'hui, 20% des réserves de poissons sont pêchées illégalement, soit 26 millions de tonnes par an, accélérant la disparition de certaines espèces, selon des données de la fondation écologiste américaine The Pew Charitable Trusts, qui s'alarme aussi de la multiplication des "zones mortes".
La communauté scientifique pousse aussi les Etats-Unis à encourager d'autres pays à signer un projet de traité international datant de 2009, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), visant à interdire l'accès des ports aux navires pratiquant la pêche illégale.
"Ces questions n'inquiètent plus seulement quelques militants. Elles nous préoccupent tous", a conclu Albert II de Monaco.