L'autoproduction d'électricité concerne les gros industriels, mais aussi de plus en plus les petites entreprises, les écoles et les hôpitaux, et, boom du solaire oblige, les particuliers. |
L'autoproduction d'électricité concerne les gros industriels, mais aussi de plus en plus les petites entreprises, les écoles et les hôpitaux, et, boom du solaire oblige, les particuliers.
Sur les quelque 600 terrawatt-heures consommés chaque année en Allemagne, 50 sont autoproduits, soit quelque 8%. Dans l'industrie, la part grimpe à 20%, estiment la fédération des chambres de commerce et celle des consommateurs d'énergie.
Objectif principal : économiser. Le courant auto-produit n'est pas taxé comme celui acheté à un tiers. Il n'est pas soumis à l'impôt sur les renouvelables, dont les recettes servent à financer les subventions massives aux énergies propres, dans un pays en pleine transition énergétique.
L'hôtel de M. Meier, le Park Hotel Post, qui compte 45 chambres, est équipé depuis 2003 d'une unité de cogénération. Il lui en a coûté pas loin de 50.000 euros, mais "l'investissement s'est rentabilisé encore plus vite que prévu".
BASF et Daimler aussi
"Si le courant que nous produisons nous-mêmes à Ludwigshafen était taxé, cela nous coûterait un demi-million d'euros", expliquait dans une récente interview Kurt Bock, le patron du géant de la chimie BASF, qui produit sur son site du sud-ouest de l'Allemagne sa propre électricité, dans trois centrales à gaz.
Le constructeur automobile Daimler vient d'investir plus de 40 millions d'euros dans une nouvelle turbine à gaz pour sa centrale à Sindelfingen (sud-ouest), son plus gros site de production. L'investissement lui permet d'augmenter sa production d'électricité de 44%. "Cela réduit notre dépendance aux fournisseurs externes, et nous permet d'augmenter notre sécurité d'approvisionnement et la prévisibilité de nos coûts", a expliqué l'an dernier le directeur de l'usine, Willi Reiss.
Selon un sondage mené par les chambres de commerce l'an dernier auprès d'environ 2.400 entreprises, près de la moitié ont déjà réalisé, lancé ou prévoient des mesures pour s'auto-fournir en électricité. Outre l'argument financier, la sécurité de l'approvisionnement est un motif souvent cité par les intéressés.
Les renouvelables représentent une part toujours croissante de la production allemande d'électricité, mais sont soumis aux aléas climatiques. Si la lumière ne s'est jamais éteinte en Allemagne, contrairement aux scénarios catastrophe agités par certains, le réseau est de moins en moins stable.
"Désolidarisation"
Les "autoproducteurs" appliquent à la lettre le principe de décentralisation qui doit être un pilier de la transition énergétique. À bien plus petite échelle, l'autoproduction par les particuliers, par le biais de panneaux solaires installés sur leur toit, relève de la même tendance. La part de l'électricité auto-produite dans la consommation des foyers a plus que doublé entre 2011 et 2012, même si elle reste très modeste (0,5%).
Pour les producteurs traditionnels, c'est une nouvelle concurrence. Mais aussi l'occasion "de devenir prestataire de services", en proposant du conseil et des solutions à ceux qui veulent se lancer, déclarait dans une interview mercredi Thomas Kusterer, directeur financier du numéro trois allemand de l'énergie EnBW.
Tous ne sont pas aussi positifs. Les autoproducteurs "se détachent de la communauté, laissant à d'autres le soin de supporter les coûts de la transition énergétique", critique la présidente de la fédération de l'énergie BDEW, Hildegard Müller.
"Je comprends ceux qui le font tant que les lois sont ce qu'elles sont", précise Mme Müller, dont la fédération représente les intérêts de producteurs, et réclame des règles moins incitatives à l'égard de l'autoproduction.
Le gouvernement a d'ailleurs tenté en début d'année de faire sauter l'exemption de taxe sur les renouvelables qui lui profite. Mais il a dû faire marche arrière devant le tollé suscité, notamment dans l'industrie.
AFP/VNA/CVN