Les entreprises ont plus de difficultés que jamais à accéder à ce dernier. Les spécialistes n'ont pu conseiller aux entreprises que de rechercher d'autres sources de financement, ce pendant que celles-ci cherchent à se restructurer pour faire face au manque de capitaux.
Nguyên Ba An, vice-directeur de l'Institut de stratégie du développement
L'accès au crédit bancaire est très difficile car les banques ont diminué le volume de capitaux destiné aux entreprises, et par ailleurs exigent la justification de fonds de contrepartie de 30% du capital à emprunter. Dans une conjoncture d'augmentation continue des cours des matières premières et matériaux de construction, le manque de financement des entreprises est d'autant plus lourd.
Or, au Vietnam, les entreprises dépendent largement du crédit bancaire, plus de 70% finançant ainsi leur activité selon les statistiques. Mais en fait, elles peuvent recourir à d'autres outils tels que fonds d'investissement, bourse, émission d'obligations.... Il y a au Vietnam des dizaines de fonds d'investissements privés prêts à intervenir, en général sous réserve de changement de l'administration d'entreprise. D'autres fonds d'investissement gérés par des gouvernements étrangers peuvent également soutenir les entreprises et ce sans exiger de garantie hypothécaire, tels le Seaf, constitué par quatre organismes d'investissement et de développement d'Europe, le Norfund-Fund norvégien pour les pays en voie de développement, le Finnfund-Fund finlandaise pour la coopération industrielle, le Sifem-Fund suisse pour les marchés émergents et la société financière FMO hollandais pour le développement. Il y a aussi le projet Danida du gouvernement danois qui fournit des crédits aux entreprises en matière de lutte contre la pauvreté ou l'amélioration du niveau de vie.
En dehors de quérir de nouvelles sources de financement, la situation actuelle appelle les entreprises à se restructurer, y compris dans l'emploi de leurs capitaux, ainsi qu'à développer des coopération ou des alliances interentreprises. Certaines associations professionnelles étudient aussi la création d'un fonds d'assistance des entreprises qui en sont membres.
Doàn Trong Ly, président du conseil d'administration, directeur général de la Compagnie d'élevage, de transformation et d'import-export Aprocimex
L'octroi de crédits, conformément à la politique de rigueur du gouvernement et de la Banque centrale, s'est trouvé ramené à 16% au lieu de 38% à 45% auparavant, ce qui pose d'énormes difficultés aux entreprises. Désormais, la plupart d'entre elles s'efforcent de trouver une stratégie de survie. Les mesures qu'elles prennent généralement passent par un recentrage de leur production sur leurs meilleurs produits, une accélération de la circulation de leurs fonds, la généralisation des économies, si possible d'échelle... Elles acceptent également de diminuer leur marge bénéficiaire sinon de subir une perte en n'augmentant pas leurs tarifs afin de conserver leur clientèle. Et pour celles qui sont en mesure de le faire, elles limitent au maximum le recours au crédit bancaire particulièrement coûteux en ce moment. En réalité, ces difficultés, cela fait trois ans qu'elles les subissent, et ce de plus en plus année après année.
Lê Tiên Truong, vice-directeur général permanent du groupe du textile et de l'habillement du Vietnam (Vinatex)
Le besoin de capitaux est une situation générale à toutes les entreprises de l'entier secteur industriel national, alors qu'elles se doivent de suivre les mesures de lutte contre l'inflation et de stabilisation de l'économie pour soutenir leur gouvernement. Elles s'efforcent d'abord à pratiquer des économies, et à faire en sorte de limiter leurs besoins en capitaux...
Ainsi, en application de la résolution 11 du gouvernement, notre groupe a réduit de 35% ses investissements originairement prévus cette année, en priorité ceux dans les projets de production de matières premières qui nécessitent d'importants capitaux et dont le retour sur investissement s'inscrit sur le long terme... Inversement, nous avons privilégié les projets de confection que nous pouvons autofinancer et, pour ce, nous avons demandé à nos clients le paiement d'acomptes plus importants sur leurs commandes. C'est un changement car auparavant, le financement d'un nouveau projet était assuré par le crédit bancaire à hauteur de 70%, aujourd'hui, il est le cas échéant de 30% seulement. Vinatex participe activement à la baisse des besoins de capitaux au sein de notre économie, laquelle est un des facteurs essentiels de la maîtrise de l'inflation.
Nguyên Quang Thai, vice-président de l'Association des sciences et de l'économie du Vietnam
Quand le taux d'intérêt du crédit augmente, les entreprises sont obligées de revoir leur plan de production. Quel plan peut-être efficient en terme de rentabilité avec un crédit bancaire à plus de 20% ? Elles en ont pourtant un grand besoin, en particulier pour investir dans leur outil de production pour être en mesure de répondre à leurs commandes, ce pendant que la recommandation actuelle est à la diminution des investissements.
En dehors du système bancaire, les entreprises doivent se regrouper pour leur investissement dans de nouveaux projets, ou peuvent encore recourir à une participation financière de leur personnel à l'entreprise avec des conditions préférentielles sur le long terme.
Thê Linh/CVN