Les éléphants d'Afrique toujours plus menacés par le braconnage et le trafic d'ivoire

L'Afrique va-t-elle perdre 20% de ses éléphants ? Des représentants d'une trentaine de pays se sont réunis le 2 décembre au Botswana pour tenter d'enrayer le braconnage et le trafic d'ivoire sur le continent qui menacent désormais par endroits la survie de l'espèce.

Les éléphants d'Afrique toujours plus menacés par le braconnage et le trafic
Les éléphants d'Afrique toujours plus menacés par le braconnage et le trafic d'ivoire.

Alors que la population d'éléphants en Afrique est estimée à environ 500.000 individus, quelque 25.000 animaux ont été abattus par les braconniers en 2011 - "annus horibilis" pour les éléphants, selon les défenseurs de l'environnement - et 22.000 en 2012.

À ce rythme, l'Afrique pourrait perdre un cinquième de ses éléphants dans les dix ans à venir, selon un rapport publié le 2 décembre par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en marge de la conférence organisée lundi 2 décembre à Gaborone, au Bostwana.

Les ministres de l'Environnement et autres représentants de gouvernements, des ONG et organisations internationales ainsi que des experts ont commencé leurs travaux dans la matinée à huis clos.

Organisée par l'UICN et le gouvernement du Botswana, la conférence doit durer jusqu'au 4 décembre, les grands discours et la cérémonie de signature des engagements étant prévus mardi 3 décembre.

L'ampleur de la menace, surtout ces deux dernières années (2011 et 2012), est si grave que les experts prédisent que "si des mesures concrètes ne sont pas prises d'urgence pour enrayer la tendance, certaines populations d'éléphants peuvent continuer à baisser rapidement et, dans certains cas, être perdues", note le projet de conclusion.

Parmi les treize "mesures d'urgence" qui doivent être adoptées mardi 3 décembre par les ministres des principaux pays peuplés par les éléphants, des pays de transit de l'ivoire et des consommateurs - notamment la Chine et la Thaïlande -, un renforcement des législations nationales de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et une intensification de la coopération entre les différents pays.

La résolution prévoit des peines dissuasives pour les braconniers et les trafiquants, le classement du trafic de la faune en "crime grave", une amélioration de la surveillance, une meilleure sensibilisation du public et des populations vivant avec les éléphants et des "stratégies de réduction de la demande pour l'ivoire illégal".

Ces mesures doivent être prises d'ici la fin 2014. En Afrique centrale, les éléphants subissent de plein fouet les effets du braconnage, mais, eu égard à l'importance de l'abattage illégal (...), même les populations plus nombreuses d'Afrique australe et de l'Est sont confrontées à un risque si la tendance n'est pas inversée, s'alarment dans un communiqué commun l'UICN, la Convention sur le commerce international des espèces protégées (Cites) et l'organisation de défense de l'environnement Traffic.

Risque d'extinction de populations locales

"Le braconnage de l'espèce en Afrique atteint toujours des chiffres très élevés et pourrait entraîner des extinctions locales s'il se poursuit au rythme actuel. La situation est particulièrement préoccupante en Afrique centrale, où le taux estimé de braconnage double la moyenne continentale", a précisé John Scanlon, secrétaire général de la Cites, cité dans le communiqué.

L'escalade du braconnage constatée ces dernières années semble être principalement due à la pauvreté et aux insuffisances de la gouvernance dans les pays où vivent les éléphants, associées à une demande croissante d'ivoire illégal dans les pays consommateurs, notamment en Chine et en Thaïlande, expliquent UICN, Cites et Traffic.

"Le commerce illégal de l'ivoire a atteint en 2011 son niveau le plus élevé depuis au moins seize ans et ces niveaux inadmissibles persistent en 2012. D'après des indicateurs préliminaires, le commerce illicite pourrait atteindre des chiffres encore plus élevés en 2013", déplorent-ils.

Or, rappelle le projet de conclusion de la conférence, "les recettes provenant du commerce illégal de l'ivoire sont connues pour financer des actes de terrorisme, soutenir des conflits et saper la primauté du droit dans certains pays africains".

On cite généralement les shebab somaliens responsables de la spectaculaire attaque d'un centre commercial à Nairobi en septembre, l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) ougandaise ou les Janjawids soudanais.

AFP/VNA/CVN

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