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Des Haïtiens attendent pour voter dans un bureau de Port-au-Prince le 25 octobre 2015. |
Lors du premier tour du scrutin présidentiel du 25 octobre dernier, le candidat du pouvoir Jovenel Moïse avait recueilli 32,76% des voix, contre 25,29% à Jude Célestin.
Depuis l'annonce de ces résultats fin novembre dernier par le Conseil électoral provisoire (CEP), l'opposition haïtienne dénonce des fraudes massives au profit de Jovenel Moïse. Son adversaire Jude Célestin a refusé de faire campagne avant la création d'une commission indépendante pour enquêter sur ces accusations.
En réponse à ces revendications, le président Michel Martelly avait décrété le 22 décembre la mise en place d'une "commission indépendante d'évaluation électorale".
Dans son rapport, remis officiellement au président dans la nuit du 2 au 3 janvier, la commission tire à boulets rouges sur le CEP dont la médiocrité du travail est la cause première des irrégularités.
"Des erreurs de calcul"
Lors d'entretien avec les membres de la commission, le CEP a reconnu la faiblesse de sa préparation : "l'institution électorale admet que plus de 60% des membres de bureaux de vote n'étaient pas capables d'accomplir correctement le travail demandé ?", indique le rapport. "En découle tant de procès-verbaux mal rédigés, avec des ratures, des erreurs de calcul ou de comptage", selon la commission.
Les signatures ou empreintes des électeurs manquent sur 57% des procès-verbaux analysés par la commission et, sur 47% des documents vérifiés, les numéros des cartes d'identification nationale sont incorrects. Cette carte est le document que chaque citoyen doit obligatoirement présenter pour pouvoir voter.
Pour la commission, ces irrégularités sont le signe de potentiels bourrages d'urnes : cela "indiquerait que des votes n'auraient été pas été exprimés par des électeurs ayant la qualité pour le faire", peut-on lire dans le rapport de 14 pages.
Devant une telle crise de confiance envers le processus électoral, aucune date n'a encore été arrêtée pour la tenue des législatives et le second tour de la présidentielle, initialement prévues le 27 décembre.
Alors qu'Haïti n'a pas de parlement fonctionnel depuis un an, la rentrée parlementaire prévue le 11 janvier devrait s'effectuer sans que la totalité des sièges ne soit pourvue.
Le retard dans l'organisation des scrutins hypothèque aussi la passation de pouvoir entre le président Michel Martelly et son successeur, prévue le 7 février.