Le Pentagone a annoncé le 14 septembre que ces hommes, enfermés parfois depuis des années sans recours, allaient bénéficier de l'aide d'un responsable militaire américain pour rassembler preuves matérielles et témoignages.
Ils pourront ensuite plaider leur cause, voire convoquer des témoins, devant un conseil militaire chargé de réexaminer les dossiers.
"Il s'agit d'une procédure de réexamen afin de garantir que les détenus sont présentés à intervalles réguliers devant un conseil où ils peuvent contester leur détention", a assuré à la presse le porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, en précisant que les mesures étaient en phase de mise en oeuvre.
"C'est une pratique que nous avions mise en place en Irak pour nous aider à gérer la population des détenus et au bout du compte la réduire, en nous assurant que nous ne gardions que les personnes les plus dangereuses", a précisé M. Whitman.
La prison de Bagram, située sur la base aérienne du même nom au nord de Kaboul, doit être remplacée cet automne par un large complexe pénitentiaire. Contrairement à ceux de Guantanamo, ses détenus, considérés comme des prisonniers de guerre arrêtés sur le champ de bataille, ne disposent pas des services d'avocats et ne savent pas quelles charges l'armée américaine retient contre eux.
En juillet, ils avaient été plusieurs centaines à entamer un mouvement de protestation, exprimant leur crainte d'être incarcérés "indéfiniment". Ils refusaient notamment de participer aux conversations vidéo-téléphoniques ou de recevoir la visite de leurs familles prévues dans le cadre d'un programme de la Croix-Rouge.
L'annonce que les États-Unis leur accordent ces nouveaux droits, même limités, intervient à un moment symbolique. Le gouvernement Obama a en effet jusqu'à lundi minuit pour faire appel d'une décision judiciaire donnant aux détenus de Bagram qui n'auraient pas été arrêtés en Afghanistan - dont le nombre est inconnu - le droit de saisir les tribunaux américains pour contester leur détention.
L'administration avait annoncé son intention d'attaquer cette décision dès qu'elle a été rendue, en avril.
"Nous sommes satisfaits de la mise en place d'un examen supplémentaire (des dossiers (...) mais nous sommes préoccupés de savoir si la procédure sera efficace", a déclaré Stacy Sullivan, de Human Rights Watch.
Elle a rappelé que le même type de réexamen mis en place à Guantanamo par l'administration Bush n'avait pas fait ses preuves mais servi à "garder les détenus que (le Pentagone) voulait garder".
"C'est un problème depuis longtemps parce qu'ils ne savent pas vraiment qui ils ont enfermé" à Bagram, a ajouté, pour l'AFP, Geneve Mantri d'Amnesty international.
Mi août, l' Association américaine de défense des libertés civiles (Aclu) avait de fait protesté contre le refus du Pentagone et de la CIA de lui fournir des informations précises - noms, nationalités, dates et lieux d'arrestation - des détenus de Bagram.
"Aucune organisation de défense des droits de l'homme n'a jamais eu accès (à la prison), ni même aucune organisation afghane", a expliqué M. Mantri, pour qui parmi les plus de 600 détenus, certains sont enfermés "depuis 5 ou 6 ans".
AFP/VNA/CVN