Les députés britanniques rejettent l'accord de Brexit pour la 2e fois

Les députés britanniques ont retoqué mardi 12 mars pour la deuxième fois l'accord de Brexit malgré les ultimes modifications obtenues la veille par Theresa May, plongeant le Royaume-Uni dans l'inconnu à 17 jours de la date prévue de la sortie de l'Union européenne.

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Theresa May devant la Chambre des Communes à Londres, le 12 mars.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le Traité de retrait de l'UE, conçu pour permettre une sortie en douceur du Royaume-Uni de l'Union européenne, a été largement recalé par 391 voix contre 242. La Chambre des communes l'avait déjà rejeté massivement une première fois le 15 janvier.

Parmi les premiers à réagir, le porte-parole du président du Conseil européen Donald Tusk a estimé que ce rejet avait accru de façon "significative" le risque d'un Brexit sans accord, redouté par les milieux économiques.

"On n’ira pas jusqu’au Brexit! Le Brexit est mort!". Quelque 300 europhiles rassemblés devant le Parlement britannique ont applaudi mardi soir 12 mars le rejet de l’accord de divorce.

"L'impasse peut uniquement être surmontée par le Royaume-Uni", a déclaré le négociateur de l'UE pour le Brexit Michel Barnier, ajoutant que les préparatifs de l'UE en cas de divorce sans accord "étaient maintenant plus importants que jamais".

"La France regrette le vote de ce soir", a de son côté déclaré la présidence française, ajoutant que Paris ne pourrait "en aucun cas accepter une extension (de la date du Brexit) sans une stratégie alternative, crédible, de la part du Royaume-Uni".

Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a lui estimé que l'accord de Mme May était "clairement mort".

Ce vote est un cinglant désaveu pour la Première ministre conservatrice qui a âprement négocié ce texte de près de 600 pages pendant de longs mois, et pose la question de sa survie à la tête de l'exécutif.

"Je regrette profondément la décision que cette chambre a prise", a-t-elle déclaré immédiatement après le vote, l'air fatigué et la voix enrouée, comme une métaphore des difficultés qu'elle rencontre dans ce processus d'une incroyable complexité, né du vote des Britanniques en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016.

Avant de demander à la Chambre des communes ce qu'elle veut désormais: "Souhaite-t-elle révoquer l'article 50 (qui a lancé le processus de divorce, NDLR)? Veut-elle organiser un deuxième référendum ? Ou partir avec un accord, mais pas cet accord ?".

No deal? Report? 

Et maintenant? Les députés voteront mercredi 13 mars sur la possibilité de sortir de l'UE sans aucun accord.

Si cette option est exclue, le Parlement votera à nouveau jeudi 14 mars, cette fois sur une proposition de report "limité" du Brexit. L'Union européenne serait "prête à considérer" un report de la date du Brexit, si le Royaume-Uni devait en faire une demande "motivée", a déclaré une porte-parole de la Commission européenne.

Manifestation anti-Brexit devant le Parlement britannique, le 12 mars à Londres.
Photo: AFP/VNA/CVN

Quant à lancer des discussions avec Bruxelles pour obtenir de nouveaux changements, la partie semble loin d'être gagnée. "Il n'y aura pas de troisième chance", avait averti lundi 11 mars le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Pour tenter d'éviter une nouvelle défaite, Theresa May s'était rendue lundi soir à Strasbourg pour des négociations de dernière minute avec M. Juncker, au terme desquelles elle avait annoncé avoir obtenu des "changements légalement contraignants".

Déterminée à défendre ce texte jusqu'au bout, la dirigeante avait mis en garde les députés contre les conséquences d'un rejet.

Son appel n'a pas convaincu. La publication de l'avis du conseiller juridique du gouvernement, l'attorney général Geoffrey Cox, n'y a pas aidé. Selon lui, "le risque juridique" présenté par l'accord "reste inchangé" malgré les concessions de Bruxelles revendiquées par Mme May.

Celles-ci concernent le "backstop" ("filet de sécurité"), la disposition la plus controversée de l'accord de divorce. Il s'agit d'un dispositif de dernier recours qui vise à éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande afin de préserver les accords de paix de 1998 et l'intégrité du marché unique européen.

Les "Brexiters" craignent en effet de rester indéfiniment "piégés" dans une union avec l'Union européenne car le "filet de sécurité" implique un alignement étroit de tout le Royaume-Uni sur les règles commerciales européennes en attendant la conclusion d'un accord sur les futures relations.

Un "pas de plus" vers l'UE 

Le rejet de l'accord a ravi des europhiles rassemblés devant le Parlement de Westminster et militant pour l'organisation d'un nouveau référendum.

"C'est merveilleux, c'est un pas de plus vers un maintien dans l'UE", a déclaré Nina Hawl, 82 ans.

Satisfaction aussi du côté des militants pro-Brexit, prêts à quitter le giron européen le 29 mars sans accord. "Je suis contente", mais "c'est encore trop tôt pour célébrer", a dit Gulia Astell, 58 ans, souhaitant que le Parlement vote pour l'option du "no deal" mercredi 13 mars.

La livre sterling, en nette baisse avant le rejet de l'accord, a repris un peu de force juste après le vote, avant de plonger de nouveau face à l'euro et au dollar.

"Si on a un prolongement des négociations pendant encore trois ou six mois, cela va un peu plus peser sur l'économie britannique", a estimé Brendan McKennan, analyste de Wells Fargo.

AFP/VNA/CVN

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