"Il est très probable qu'on débouche sur un nouveau programme de prêts" à la Grèce en plus des 110 milliards d'euros, a indiqué le 1er juin une source diplomatique européenne. "Je ne pense pas qu'on puisse l'éviter" , a-t-elle ajouté, le pays devant pouvoir passer le cap de 2012 et 2013 sans avoir à emprunter sur les marchés qui lui proposent des taux prohibitifs.
Dans ce contexte, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, rencontrera aujourd'hui à Luxembourg le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Le montant du nouveau prêt envisagé, qui s'ajouterait aux 110 milliards alloués l'an dernier par l'Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI), n'est pas encore fixé.
Les 60 à 70 milliards d'euros évoqués lundi par l'Italien Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la BCE, correspondent au montant que le pays devrait normalement emprunter sur les marchés ces deux années là.
Une source européenne a aussi indiqué le 1er juin réfléchir à une "assistance technique" à la Grèce dans certains domaines, comme cela avait été le cas pour la collecte des données statistiques.
En échange, pour éviter une restructuration de l'énorme dette du pays (plus de 350 milliards d'euros) qui créerait une "dépression économique et sociale majeure" en Grèce selon la BCE, Athènes doit "faire des efforts supplémentaires" , notamment en matière de privatisations, a estimé le 1er juin le chef économiste de la BCE, Jurgen Stark.
Le Commissaire européen Olli Rehn, à New York, a pour sa part évoqué des "décisions difficiles en juin" , en référence aux discussions en cours entre la Grèce et les experts de la "Troïka" des créanciers chargés d'évaluer la situation économique et financière du pays.
Sur le même sujet, à Bruxelles, la Commission a fait état de "bons progrès" dans les discussions de la Troïka en cours à Athènes, en précisant que les conclusions sont attendues "dans les prochains jours".
Le gouvernement grec est engagé sur tous les fronts pour mettre les réformes en oeuvre, sous l'oeil sceptique des agences de notation. L'agence de notation Moody's a dégradé le 1er juin la note de la dette d'Athènes à un niveau reflétant un risque réel de non-remboursement, et envisage de l'abaisser encore.
Pour l'instant en matière de privatisations, le seul élément concret a été l'activation le 1er juin par le gouvernement grec de l'option d'achat de Deutsche Telekom sur 10% du capital de l'opérateur de télécommunications OTE, ouvrant la voie à sa prise de contrôle totale par l'allemand.
Les mesures prévues, qui devraient se trouver aussi bien dans les conclusions de la Troïka que -pour partie- dans un projet de loi budgétaire à moyen terme, portent sur trois axes : privatisations, économies budgétaires, augmentation des recettes par une meilleure collecte des impôts.
Sur le volet privatisations, la BCE estime que la Grèce pèse pour au moins 300 milliards d'euros d'actifs publics, dont 50 milliards devraient être vendus ou mis en concession d'ici 2015. Avec ce montant, la Grèce pourrait réduire sa dette de 20%, estime la BCE.
Les pays créanciers et les chancelleries font aussi pression pour obtenir dans l'urgence un consensus politique sur ces mesures. Du côté syndical, la confédération du secteur privé GSEE a appelé les salariés des sociétés publiques à une grève contre ces privatisations le jeudi 9 juin.
AFP/VNA/CVN