>>Hanoï à la saison du chrysanthème des Indes
>>L’unique étang de lotus blanc en banlieue de Hanoï
Vue aérienne d’un marais de lotus à Ninh Binh (Nord). |
Photo : Minh Duc/VNA/CVN |
Au Vietnam, chaque saison est caractérisée par sa fleur.
Lorsque les bourgeons des pruniers ponctuent de blanc les montages calcaires du Nord-Ouest, chacun sait que le printemps revient. L’aridité et la rigueur des hauts plateaux s’atténuent face au rose des pêchers qui s’épanouissent dans chaque coin des villages et hameaux.
En été, la canicule sévère est adoucie par le parfum envoûtant des lotus qui recouvrent les étangs de Hanoï à Huê (Centre).
À l’arrivée de l’automne, les fleurs de moutarde blanche et les tournesols sauvages recouvrent à perte de vue le plateau de Môc Châu dans la province septentrionale de Son La et les terres arides du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre). Les paysages se parent d’un manteau coloré et invitent le voyageur à se perdre dans un univers somptueux et féérique.
Lorsque les premières pluies de mousson frappent le Nord, les marguerites envahissent les rues de Hanoï et fascinent les habitants par leur beauté. Ainsi, certains agriculteurs ont choisi de convertir une partie de leurs superficies rizicoles à l’horticulture pour améliorer leurs revenus et répondre aux besoins des visiteurs.
Champs de lotus idylliques
Ces derniers jours, les mots-clés "marais de lotus blanc dans le village de Bôi Khê" ont été largement recherchés sur les réseaux sociaux. Le site se trouve dans la commune de Tam Hung, à 30 km du centre de Hanoï. Malgré la chaleur caniculaire et la distance, des centaines de visiteurs font le déplacement pour se laisser charmer par la beauté élégante des lotus.
Femmes et jeunes filles, parées de leurs plus belles tuniques, flânent devant les fleurs roses et blanches et attendent avec impatience leur tour d’être photographiées. Nguyên Van Tho, propriétaire du marais, explique que son épouse et lui ont ramené des graines du lotus blanc de Huê pour les cultiver chez eux. S’ils pensaient le faire pour la simple vente des fleurs, le marais s’est révélé une véritable corne d’abondance, accueillant quotidiennement de nombreux visiteurs. Le prix du billet d’entrée s’élève à 50.000 dôngs par personne et M. Tho vend aussi des bouquets de 10 fleurs de lotus sur place, au même prix. Chaque jour, sa famille gagne jusqu’à 3 millions de dôngs.
Des champs de fleurs constituent une destination de prédilection des femmes. |
Photo : Thu Hà/CVN |
À 100 km de la capitale, le complexe paysager de Tràng An, dans la province de Ninh Binh (Nord), tire sa réputation de ses paysages splendides, nichés entre eaux et montagnes. Les lotus poussent en abondance au pied de la montagne Ngoa Long. Selon Trân Thanh Huyên, guide touristique, la fréquentation du site était tombée à zéro durant la pandémie de COVID-19. Les visiteurs sont revenus lorsque l’épidémie a été sous contrôle, juste au moment de la floraison des lotus, en été.
"Chaque jour, j’accueille un bon nombre de touristes. Ils savent qu’il faut prendre le temps de contempler les lotus car leur durée de floraison est très courte", informe-t-elle.
La zone a été développée à titre expérimental par le Comité populaire du district de Hoa Lu afin d’encourager le tourisme. Si le projet réussit, les autorités comptent étendre la culture de lotus à l’ensemble du district pour le tourisme et la vente des graines, feuilles et tubercules car les bénéfices des champs de lotus en marais sont plus élevés que ceux des rizières.
Booster le tourisme de manière moderne
Relancer le tourisme, c’est trouver un moyen d’augmenter le nombre de visiteurs et pour cela, il faut renouveler l’offre touristique et créer de nouveaux produits. Poser dans les champs de fleurs est une activité captivante pour les voyageurs, qui permet aussi d’apporter un revenu supplémentaire aux agriculteurs. Au-delà de leurs valeurs esthétique et économique, les “sites touristiques artificiels” constituent de nouveaux lieux attrayants tout en évitant la surexploitation des paysages naturels.
Dans un jardin de marguerites à Hanoï. |
Photo : Thu Hà/CVN |
Cela fait quelques années que les jeunes aiment se photographier auprès des fleurs et certaines terres rizicoles ont été aménagées pour l’horticulture et les photos romantiques. C’est le cas du village de Nhât Tân, de la steppe des fleurs de Long Biên ou encore du jardin fleuri sur les rives du fleuve Rouge à Hanoï...
Pham Manh Dung, Docteur en développement touristique de l’Université européenne de Lisbonne au Portugal, fait savoir que si le Vietnam opère un tourisme basé sur le charme naturel des paysages, il n’est pas très novateur en termes de formules touristiques. "J’ai travaillé avec les représentants de certaines localités qui se sont montrés assez frileux d’investir dans le tourisme s’il n’y a ni mer, ni montagne dans leur région. En réalité, il suffit juste de planter des arbres et des fleurs, et de prêter attention à la gastronomie pour établir de nouvelles destinations incontournables pour ceux qui aiment bouger", souligne M. Dung.
"Les circuits dans les champs de fleurs permettent de booster durablement le tourisme. Cette activité présente plusieurs avantages : les propriétaires décident de l’emplacement de la zone de plantation et tirent rapidement des bénéfices pour un investissement modeste, tout cela sans nuire aux paysages naturels", ajoute-t-il.
Au Vietnam, certains voyagistes ont créé leurs propres jardins de fleurs et obtiennent de bons résultats, à l’image, par exemple, de la colline des fleurs de verveine de 75.000 ha dans la zone touristique Sun World Fansipan à Sa Pa (Nord) ou du champ des tournesols de 100 ha à Nghia Dàn, province de Nghê An (Centre).
Les champs de fleurs sont maintenant bien exploités par les agences de voyages qui savent ravir le cœur des visiteurs, tout en soutenant l’économie nationale, le secteur du tourisme et les petits exploitants agricoles.
Thu Hà/CVN