Les astronomes s'interrogent sur un étrange "objet" découvert dans la Voie lactée

Les astronomes australiens ont découvert un astre étrange dans la Voie lactée, qui émet un rayonnement électromagnétique à un rythme inhabituellement long : cette trouvaille ouvre la voie à un nouveau champ d’observation du Ciel.

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La Voix lactée, observée depuis Ologa, au Venezuela, le 6 septembre 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des astronomes australiens ont annoncé cette semaine, dans la revue Nature, la détection d’un "objet" (astre), situé à environ 4.000 années lumière de la Terre, qui émet un fort signal radio toutes les 18,18 minutes. Une période anormalement longue, jamais observée jusqu’à présent. "C’est un objet inhabituel", remarque sobrement le radio-astronome Ismaël Cognard, du Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS) français.

Les astronomes connaissent bien les astres qui émettent des ondes électromagnétiques régulières mais avec des "périodes" beaucoup plus courtes.

Les plus nombreux, les pulsars - un genre d’étoile à neutrons extrêmement compacte - tournent sur eux-mêmes de façon ultra-rapide, en émettant, comme un phare, un rayonnement régulier sur une période allant de quelques millisecondes à quelques secondes. Une autre "espèce" d’étoile à neutron, beaucoup plus rare, le magnétar, va jusqu’à la dizaine de secondes.

L’équipe menée par Natasha Hurley-Walker, de l’Université Curtin, en Australie, a eu l’idée de fouiller les données recueillies par un radiotéléscope basses fréquences géant dans l’Outback australien, le Murchison. Il observe ce genre d’objets, en cherchant des signaux émis à une période plus longue que d’ordinaire. C’est un jeune thésard qui a entamé le chantier ... et trouvé cet "objet".

Une démarche ardue "parce que c’est techniquement très difficile et très coûteux en termes de calcul", souligne auprès de l’AFP, Fabian Schüssler, astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique. Les radiotélescopes produisent des montagnes de données qui nécessitent des algorithmes et des puissances de calcul élevées pour obtenir un résultat.

"C’est un bon exemple d’une découverte qui s’effectue quand on cherche dans un espace de paramètres inexplorés", ajoute Fabian Schüssler. Autrement dit, quand on regarde là où l’on n’a pas l’habitude ou les moyens de le faire.

La chasse est ouverte

L’existence de cet objet avait été prédite par la théorie, note l’astrophysicienne Natasha Hurley-Walker. Il s’agirait d’un magnétar à période ultra-longue, une sorte d’étoile à neutrons tournant très lentement sur elle-même.

Une hypothèse "possible" selon Fabian Schüssler, car "on sait que la rotation d’une étoile à neutrons va ralentir au fur et à mesure de son existence". Comme une toupie tournant de plus en plus lentement. Ce qui pose un autre problème. L’astrophysicienne australienne a noté en effet que l’objet observé "ne devrait pas avoir suffisamment d’énergie pour produire ce type d’onde radio toutes les 18 minutes".

Or son émission est très brillante, ce qui ne colle pas avec un "objet qui tourne plus lentement et devrait donc avoir une émission beaucoup plus faible, au point de devenir indétectable", selon l’astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique. Le signal a été enregistré sur une période de trois mois, début 2018. L’objet n’a pas disparu, même si on ne détecte plus son signal désormais.

Ismaël Cognard, du CNRS, s’appuie sur une théorie pour expliquer la force de l’émission enregistrée : "Certains magnétars ont des périodes d’émission très brillantes. On commence à imaginer qu’il y a des craquements dans l’équivalent de la croute du magnetar, qui influenceraient son champ magnétique, en boostant l’émission" enregistrée.

L’objet mystérieux détecté existe-t-il toujours ? "Oui !", répond l’astronome. Il est devenu indétectable mais la chasse est ouverte pour trouver ses congénères.

AFP/VNA/CVN

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