>> L'économie de la zone euro devrait rester faible jusqu'à la fin de l'année (BCE)
>> Zone euro : une récession possible au deuxième semestre 2023
>> Zone euro : l'inflation en baisse à 2,6% en février
>> La BCE maintient le montant des réserves obligatoires des banques qui font débat
Les dirigeants de l'Union européenne se réunissent avec le roi Philippe à Bruxelles le 17 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le marché unique a plus de trente ans et il a aidé à faire naître des géants européens dans la chimie, l'aéronautique ou l'automobile. Mais il souffre d'angles morts : la finance, mais aussi les télécoms, l'énergie ou la défense restent des secteurs morcelés par des réglementations nationales différentes qui pénalisent la compétitivité.
"Il y a eu un très long débat parce que les positions de départ sont divergentes", a reconnu le président français Emmanuel Macron en évoquant l'intégration des marchés de capitaux, à l'issue d'une journée de discussions.
"Cette cathédrale nouvelle, l'Union de l'épargne et de l'investissement est la clé pour pouvoir mobiliser les financements privés sur nos priorités. Nous avons acté aujourd'hui, une méthode, des principes, un calendrier, dès juin nous reviendrons sur le sujet", a-t-il dit.
L'Europe dispose d'une monnaie unique mais ses start-up sont incapables d'effectuer les levées de fonds géantes de leurs concurrentes aux États-Unis. Les places financières américaines, plus rentables, aimantent par ailleurs l'épargne des Européens.
"Plus de 300 milliards d'euros quittent l'Europe chaque année pour s'investir aux États-Unis parce que le marché européen est fragmenté et pas assez attractif", s'est alarmé l'ancien chef de gouvernement italien, Enrico Letta, qui a remis un rapport aux chefs d'État et de gouvernement de l'UE.
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet de l'UE à Bruxelles le 18 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Rien que pour effectuer sa mue écologique et numérique, l'Europe devra investir ces prochaines années plus de 620 milliards d'euros supplémentaires par an, selon la Commission européenne. À cela s'ajoutent la hausse des dépenses militaires.
Réticences des petits pays
"Les entreprises européennes doivent pouvoir profiter des économies d'échelle qu'offre un marché intérieur européen aussi vaste si nous voulons progresser en matière de croissance, de compétitivité et mener à bien les grands projets de la transformation verte et numérique", a dit le chancelier allemand Olaf Scholz.
L'Europe est face à un mur d'investissements et l'Union des marchés de capitaux doit aider à le franchir en mobilisant l'épargne privée en faveur de l'économie réelle. Près d'un tiers des 35.000 milliards d'euros d'épargne des Européens "dort" sur des comptes bancaires, contre moins de 15% aux États-Unis.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'exprime lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 18 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le sommet de jeudi 18 avril entend donner une nouvelle impulsion politique à ce projet enlisé depuis 10 ans dans des débats techniques, sur fond d'intérêts nationaux divergents.
Une quinzaine d'États exprime toujours des réticences.
Les petits pays refusent de se voir imposer une supervision financière européenne poussée notamment par la France qui abrite à Paris l'Autorité européenne des marchés financiers (ESMA). L'harmonisation de la fiscalité ou du droit des faillites constituent aussi des casse-tête jusqu'ici insurmontables.
"Nous devons éviter de surbureaucratiser, surréglementer et aussi surcentraliser, comme certains États le préconisent", a affirmé le Premier ministre du Luxembourg Luc Frieden.
L'ancien chef de gouvernement italien, Enrico Letta, auteur d'un rapport sur l'avenir du Marché unique, et le président du Conseil eruopéen Charles Michel, le 17 avril à Bruxelles. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Un changement radical, c'est ce dont nous avons besoin", avait lancé mardi 16 avril l'ex-président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, régulièrement cité comme successeur potentiel à Ursula von der Leyen pour diriger la Commission européenne et qui doit remettre à l'été un rapport sur la compétitivité.
Les Vingt-Sept cherchent à définir les orientations stratégiques du prochain mandat de cinq ans qui s'ouvrira après les élections européennes de juin.
"Il n'y a pas de temps à perdre car le fossé entre l'UE et les États-Unis est de plus en plus grand", a averti Enrico Letta.
Car le Vieux continent, en déclin démographique, perd pied dans la course mondiale à l'innovation, qu'il s'agisse de batteries ou d'intelligence artificielle.
Son industrie est frappée par la hausse des prix de l'énergie depuis le conflit en Ukraine. Elle ploie sous une concurrence étrangère bénéficiant de subventions massives et de réglementations allégées.
L'UE est engluée dans la stagnation. Sa croissance a plafonné en 2023 à 0,4%, contre 2,5% aux États-Unis et 5,2% en Chine.
AFP/VNA/CVN