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Le président du Conseil européen Charles Michel (en haut) assiste à un sommet virtuel, à Bruxelles le 29 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"C'est bien évidemment un problème très grave, que nous devons résoudre", a souligné la chancelière allemande Angela Merkel, à l'issue de la réunion en visioconférence des chefs d'État et de gouvernement européens, assurant cependant ne pas vouloir "spéculer" sur les issues possibles.
"Je peux juste dire que nous allons travailler dur et sérieusement (...) Nous voulons examiner toutes les options possibles, nous n'en sommes qu'au tout début", a insisté Mme Merkel, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE et sera désormais chargé de piloter les délicats pourparlers avec Varsovie et Budapest.
Depuis deux jours, les Européens ne cachaient pas leur exaspération face à l'entêtement de la Hongrie et de la Pologne, dont les vetos annoncés lundi 16 novembre paralysent l'adoption du plan de relance post-COVID de 750 milliards d'euros, et du budget de l'UE. Les deux pays refusent que les fonds européens soient conditionnés au respect de l'État de droit.
La réunion s'est ouverte par des interventions du Premier ministre hongrois Viktor Orban, de son homologue polonais Mateusz Morawiecki, mais aussi du slovène Janez Jansa, qui s'est joint aux deux frondeurs : ils ont réaffirmé leurs objections, selon une source européenne.
Varsovie et Budapest -dans le collimateur de Bruxelles pour des réformes accusées de porter atteinte à l'indépendance de la justice- sont farouchement hostiles à un mécanisme conditionnant le versement de fonds européens au respect de l'État de droit (justice indépendante, lutte anticorruption...), qui doit être entériné à la majorité qualifiée des États, donc sans eux.
En représailles, ils se sont opposés à une décision permettant à l'UE de lever des fonds pour financer son plan de relance de 750 milliards d'euros, bloquant -faute de l'unanimité requise- le budget européen 2021-2027 auquel il s'adosse.
Viktor Orban craint d'être privé de financements européens sur décision arbitraire de Bruxelles pour sanctionner sa politique anti-migrants. Il réclame des "critères objectifs" et la "possibilité d'un recours juridique". Le gouvernement ultra-conservateur polonais assure lui défendre ses valeurs dans "un conflit idéologique" avec "l'oligarchie européenne".
Concernant le mécanisme de l'État de droit, "vous l'utilisez seulement contre nous, et cela revient à contourner le traité de l'UE", a déploré M. Morawiecki lors du sommet, selon un diplomate.
"Sous contrôle"
En réponse à ces propos, Charles Michel, président du Conseil européen -instance représentant les Vingt-Sept, s'est contenté de souligner que les efforts pour résoudre la crise "devaient maintenant se tenir dans les enceintes et les niveaux appropriés", selon une source européenne.
"Personne n’a été cinglant. Tous ont été très calmes", assure cette source. D'après une source diplomatique, il y avait pourtant eu ces derniers jours des "échanges téléphoniques orageux entre des dirigeants européens" et les Premiers ministres hongrois et polonais.
Sommet européen à Bruxelles, le 15 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais le format en visioconférence ne se prêtait pas "aux discussions sur un sujet aussi complexe", observe un haut fonctionnaire européen. Soucieux d'éviter une escalade, Charles Michel "avait contacté toutes les délégations en amont pour s'assurer que les discussions resteraient sous contrôle", précise-t-il.
Il s'est refusé jeudi 19 novembre à détailler les pistes de compromis car cela "pourrait rendre la situation encore plus difficile".
"Fêtes de fin d'année"
Plusieurs diplomates ont évoqué la possibilité de "redonner des garanties" sur l'impartialité du mécanisme pour offrir des gages aux frondeurs, en réaffirmant qu'un État visé pourrait se défendre et saisir la Cour de justice de l'UE.
Le plan de relance pourrait sinon faire l'objet d'un accord intergouvernemental excluant les États réfractaires, une option complexe mais "sur la table", selon une source européenne.
La pression ne devrait pas s'affaiblir, alors que de nombreux États confrontés à la double crise sanitaire et économique ont un besoin urgent du plan de relance. S'ils jouent la montre Varsovie et Budapest, principaux bénéficiaires nets des fonds européens, ont aussi beaucoup à perdre.
Concernant la pandémie, les Vingt-Sept ont discuté de la façon d'assouplir de façon coordonnée les mesures restrictives à l'approche des fêtes de fin d'année sans relâchement excessif qui conduirait à "une troisième vague" de contaminations, selon une source diplomatique.
Bruxelle a réitéré son appel à une reconnaissance mutuelle des tests COVID, mais l'harmonisation reste difficile, surtout face à la multiplicité de tests antigéniques rapides attendus sur le marché.
Bonne nouvelle cependant sur le front des vaccins : "Si toutes les procédures se passent sans problèmes", l'Agence européenne des médicaments (EMA) pourrait autoriser la commercialisation des vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna "dès la deuxième moitié de décembre", a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
AFP/VNA/CVN