UE : la crise sur le plan de relance s'impose au sommet des 27

Le blocage du plan de relance européen par la Hongrie et la Pologne fera passer au second plan jeudi 19 novmebre la lutte contre l'épidémie lors du sommet en visioconférence des Vingt-Sept, à la recherche d'une solution pour sortir de la crise.

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Le président du Conseil européen Charles Michel (en haut) assiste à un sommet virtuel, à Bruxelles le 29 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

La réunion, qui réunit à partir de 18 heures les chefs d'État et de gouvernement européens, devait être principalement consacrée à la gestion de l'épidémie de COVID-19, avec l'objectif de se coordonner "pour éviter une troisième vague" début 2021.

Le sujet sera abordé, tout comme l'intensification des négociations post-Brexit. Mais la paralysie du budget de l'UE à la suite des vetos hongrois et polonais sera au coeur des discussions : "Ce sera l'éléphant dans la pièce", selon une source diplomatique.

Varsovie et Budapest sont farouchement opposés à un mécanisme conditionnant le versement de fonds européens au respect de l'État de droit (indépendance de la justice, des médias...). Il doit être entériné à la majorité qualifiée des États -donc sans eux.

Sommet européen à Bruxelles, le 15 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

En représailles, ils se sont opposés lundi à une décision permettant à l'UE de lever des fonds pour financer son plan de relance de 750 milliards d'euros, bloquant -faute de l'unanimité requise- le budget européen 2021-2027 auquel il s'adosse.

Et la Slovénie, qui pourtant ne s'était pas opposée à l'adoption du budget, a apporté son soutien mercredi aux deux frondeurs.

"Défiance"

"Ce n'est pas un problème mineur. C'est le début d'une crise qu'on ne résoudra pas en un jour", estime une source européenne.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'inquiète d'être privé de financements européens sur décision arbitraire de Bruxelles pour sanctionner sa politique anti-migrants. Il réclame des "critères objectifs" et la "possibilité d'un recours juridique".

Sur la même longueur d'onde, son homologue slovène Janez Jansa juge que "seule une instance judiciaire indépendante peut dire ce qu'est l'État de droit".

"Cette défiance" à l'encontre de la Commission, l'exécutif européen non élu, "est traditionnelle", analyse une source européenne haut placée.

Plusieurs diplomates évoquent la possibilité de "redonner des garanties" sur l'impartialité du mécanisme pour donner des gages à Budapest, en réaffirmant que l'État visé pourra se défendre et saisir la Cour de justice de l'UE.

Mais cela suffira-t-il à convaincre le gouvernement ultra-conservateur à Varsovie, qui assure défendre ses valeurs dans "un conflit idéologique" avec "l'oligarchie européenne"?

L'UE étudie de possibles "clarifications techniques" mais "nous regarderons, s'il le faut en dernier ressort, comment avancer sans les pays qui bloquent", a prévenu le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

Le plan de relance pourrait faire l'objet d'un accord intergouvernemental excluant les États frondeurs, une option techniquement complexe et «prématurée» mais "qui est sur la table", selon une source européenne.

"Drame et ténèbres"

Une renégociation des compromis difficilement trouvés avec les eurodéputés semble exclue.

"Les accords obtenus, tant sur le cadre budgétaire que sur l'État de droit, ne peuvent en aucun cas être rouverts. Nous ne ferons aucune nouvelle concession", a sèchement affirmé le Parlement européen mercredi 18 novembre.

L'exaspération générale est perceptible : "Quand vous voyez les positions de la Pologne et de la Hongrie sur les migrations, le climat, l'État de droit, le budget, ça fait pas mal de sujets où ils ont des difficultés. Demandons-leur ce qu'ils veulent de cette Union!", ironise un diplomate.

Viktor Orban pourrait jouer la montre car il sait que les pays du Sud ont un besoin urgent du plan de relance, explique une source interne du Parti populaire européen (PPE), la formation de droite à laquelle appartiennent les dirigeants hongrois et slovène.

Un jeu dangereux puisque Varsovie et Budapest, principaux bénéficiaires nets des fonds européens, ont aussi beaucoup à perdre.

Aucune solution n'est attendue jeudi 19 novembre : cette réunion prévue pour durer trois heures sera "l'occasion d'un échange de vues", mais "le manque de contact physique est un désavantage" et interdit les apartés décisifs, rappelle une source européenne.

"La réunion exacerbera frustrations et angoisses, il faut s'attendre à quelques jours de drame et de ténèbres".


AFP/VNA/CVN

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