Le Pérou a un nouveau président après une semaine de chaos politique

Le Parlement péruvien a élu lundi 16 novembre le député centriste Francisco Sagasti président par intérim, après une semaine de chaos politique qui a vu la destitution de l'ancien chef de l'État Martin Vizcarra et la démission de son successeur Manuel Mer ino.

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Francisco Sagasti, le 11 septembre.

Francisco Sagasti, un novice en politique de 76 ans, a été élu président du Parlement par les députés, et devient automatiquement chef de l'État, selon la Constitution, car le pays n'a plus de vice-président depuis une précédente crise politique il y a un an.
"Ce qui manque à notre pays en ce moment, c'est la confiance. Faites-nous confiance, nous agirons comme nous le disons", a déclaré devant le Parlement M. Sagasti qui prendra officiellement ses fonctions mardi 17 novembre à la tête du pays.
"Quand un Péruvien meurt, et plus encore s'il est jeune, c'est tout le Pérou qui est en deuil. Et s'il meurt en défendant la démocratie, le deuil est aggravé par l'indignation", a-t-il ajouté dans une allusion aux deux manifestants morts samedi  14 novembre au cours d'une manifestation réprimée par la police.
M. Sagasti, élu avec 97 voix sur 130, était le seul candidat. Son mandat court jusqu'au 28 juillet 2021, date à laquelle devait s'achever celui du président Martin Vizcarra, destitué le 9 novembre.
La destitution de ce président populaire, mis en défaut par une procédure expéditive qui témoigne de la fragilité des institutions péruviennes, a plongé le pays de 33 millions d'habitants dans une énième crise politique.
Son remplaçant, l'ex-chef du Parlement, Manuel Merino, a annoncé dimanche, cinq jours seulement après son accession au pouvoir, qu'il quittait ses fonctions, au lendemain d'une violente répression des manifestations exigeant son départ, qui a fait, outre les deux morts, une centaine de blessés.
Francisco Sagasti, surnommé Don Quichotte en raison de sa barbe grisonnante et de sa silhouette longiligne, a cofondé en 2016 le parti centriste Morado (Parti violet), le seul qui n'a pas voté pour la destitution de M. Vizcarra.

 

Cet ingénieur de formation, ex-professeur d'université qui a aussi travaillé pour la Banque mondiale, a été élu député pour la première fois en mars 2020.
"Une nouvelle Constitution" 
C'est "le scénario idéal" pour surmonter la crise politique car il a été "l'un de ceux qui ont voté contre la destitution de Vizcarra", a estimé auprès de l'AFP l'ex-président de Transparency International, José Carlos Ugaz.
Les prochaines élections générales sont prévues le 11 avril 2021.
Martin Vizcarra, qui s'est retrouvé à la tête du pays après la démission en 2018 de son prédécesseur Pedro Pablo Kuczynski, dont il était le vice-président, a été démis à l'issue d'une seconde procédure de destitution, fondée sur des accusations de corruption que l'ex-chef de l'
État a catégoriquement niées.
M. Kuczynski n'avait pas pu, lui non plus, aller au bout de son mandat, obligé de démissionner sous la pression du Parlement après avoir été mis en cause dans le scandale Odebrecht, du nom du géant brésilien du bâtiment qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin dans plusieurs pays latino-américains.
Pas moins de quatre ex-présidents péruviens, dont un s'est suicidé, ont été impliqués dans ce scandale.
Manuel Merino, député de centre droit de 59 ans, était sorti de l'anonymat en septembre en initiant contre M. Vizcarra une première procédure de destitution qui n'avait pas abouti.
Lâché par l'ensemble de la classe politique face aux manifestations, il a annoncé sa démission lors d'une allocution télévisée aussitôt suivie de scènes de liesse dans les rues de la capitale.
"Il n'a pas démissionné, le peuple l'a mis dehors, Merino n'a jamais été président, il ne m'a jamais représentée... Maintenant le Parlement doit partir, (il faut) une nouvelle Constitution", a lancé Karen Laurente, étudiante de 28 ans.
M. Vizcarra, loué par la population pour sa lutte contre la corruption et son intransigeance à l'égard du Parlement, a estimé dimanche que la démission de M. Merino était un pas vers le rétablissement des institutions démocratiques.

AFP/VNA/CVN

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