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Une rue deserte près de la mosquée Jama Masjid à New Delhi, en Inde, soumise à un confinement de week-end, le 17 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'épidémie flambe en particulier à New Delhi, la capitale de 20 millions d'habitants, où les hôpitaux manquent d'oxygène et de médicaments : la ville connaît à présent le plus fort taux de contamination du pays, a déploré le chef du gouvernement local Arvind Kejriwal.
La situation est "terrible et inquiétante", s'est alarmé M. Kejriwal. "Si la situation s'aggrave, nous prendrons les mesures nécessaires dans les prochains jours pour sauver vos vies", a-t-il déclaré, évoquant une possible extension du confinement.
"Tous testés positifs"
Les restaurants, galeries marchandes et salles de sport ont fermé, le nombre d'invités à un mariage a été limité à 50 et celui des personnes assistant à des funérailles à 20.
"Pas de panique. Tous les services essentiels seront accessibles au cours du week-end", a assuré le chef du gouvernement local.
Dans l'ensemble du pays de 1,3 milliard d'habitants, 234.000 nouveaux cas ont été recensés en 24 heures - un nouveau record - et 1.341 décès enregistrés samedi 17 avril, ce qui porte à 175.649 celui des décès dus au COVID-19. L'Inde était samedi le deuxième pays le plus endeuillé au monde en une journée, derrière le Brésil.
Cette vague sembler toucher plus de jeunes que les précédentes. Selon le chef du gouvernement local à New Delhi, 65% des nouveaux patients ont moins de 45 ans.
À l'hôpital P.D. Hinduja National de Bombay, où il est consultant, Khusrav Bajan constate également l'hospitalisation "d'enfants avec des symptômes". "L'an dernier, il n'y avait pratiquement pas d'enfants", dit-il.
Dans l'État du Gujarat, le pneumologue Amit Dave décrit "une sévérité accrue" des symptômes touchant les poumons, le cœur et les reins, pour les patients jeunes. Un hôpital du Gujarat a mis en place le premier service pédiatrique de coronavirus de l'État.
Tanu Dogra, 28 ans, travaille dans l'édition à New Delhi et a passé une semaine clouée au lit après avoir été testée positive en mars.
"Sur toute l'année écoulée, je n'avais pas vu une augmentation de cas comme celle à laquelle j'ai assisté cette dernière semaine", raconte-t-elle. "Tout le monde sur ma timeline, sur mon compte Whatsapp, s'envoie des messages frénétiques parce qu'ils ont tous été testés positif".
L'explication réside peut-être dans la circulation d'un nouveau variant, qui représente 60% des échantillons prélevés dans l'État du Maharashtra, où se trouve Bombay, la capitale économique de l'Inde, qui avait déjà imposé un confinement les week-ends et un couvre-feu nocturne.
Des personnes positives au COVID-19 attendent à l'intérieur d'une ambulance à l'extérieur d'un bureau de vote lors d'un scrutin dans l'État indien du Bengale, le 17 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les experts estiment que davantage de données sont nécessaires. "Le séquençage renseignera sur le mutant qui émerge", avance le virologue Shahid Jameel. "Mais cela n'enlève rien à tout ce qu'il faut faire par ailleurs, c'est-à-dire porter un masque et éviter les lieux bondés".
L'État du Gujarat (Ouest), comme celui du Karnataka (Sud) et sa capitale Bangalore, ont également restreint les déplacements. L'Uttar Pradesh a imposé un confinement d'une journée dimanche à ses 240 millions d'habitants.
Des millions de pèlerins rassemblés
L'État d'Uttarakhand (au Nord) a interdit les rassemblements de plus de 200 personnes, tout en faisant une exception pour le pèlerinage hindou de Kumbh Mela, qui draine des foules de plusieurs millions de personnes sur les rives du Gange.
Les festivités religieuses à l'occasion de ce pèlerinage ont attiré depuis janvier à Haridwar 25 millions de personnes, dont 4,6 millions cette semaine, la plupart des fidèles ignorant les gestes barrières.
Plus de 1.600 personnes ont été testées positives parmi les foules de pèlerins à Haridwar en seulement trois jours.
Outre les fêtes religieuses, les rassemblements politiques font redouter une propagation galopante de l'épidémie.
Des élections régionales ont eu lieu dans l'État du Bengale Occidental, dans le Nord-Est de l'Inde, où les électeurs se sont pressés dans de longues files d'attente devant les bureaux de vote, ou dans les immenses rassemblements organisés par les partis politiques.
Les hôpitaux, confrontés à une pénurie d'oxygène, prescrivent des médicaments comme l'antiviral Remdesivir, obligeant les familles à payer des prix exorbitants au marché noir.
Des récits poignants ou des appels à l'aide pour un proche ayant besoin d'une prise en charge pour le COVID-19 à l'hôpital étaient publiés sur les réseaux sociaux.
L'ambition de l'Inde de vacciner l'ensemble de sa population se heurte notamment à l'insuffisance des stocks. Seules 117 millions de doses ont été administrées jusqu'à présent et les réserves diminuent, selon des autorités locales.
AFP/VNA/CVN