>>L’Allemagne en verrouillage renforcé pour cinq jours à Pâques
>>Les contaminations en hausse, l'allègement des restrictions s'éloigne en Allemagne
La chancelière allemande Angela Merkel à Berlin, le 24 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La chancelière Angela Merkel et le chef de l'État, Frank-Walter Steinmeier, assisteront dans la matinée à une messe dans l'église du Souvenir de l'Empereur Guillaume, lieu emblématique de Berlin consacré à la paix et la réconciliation.
Puis ils prendront part à une cérémonie retransmise par les télévisions publiques vers 11h00 GMT à la Konzerthaus, une salle de concerts au centre de Berlin, où M. Steinmeier tiendra un discours.
Le nombre d'invités a été limité en raison de la crise sanitaire.
"Il est très important de faire une pause pour prendre congé dans la dignité de tous ceux qui sont morts pendant la pandémie, y compris ceux qui n'ont pas succombé au virus mais sont eux aussi morts dans la solitude", a déclaré le chef de l'État à l'annonce de cette commémoration nationale.
Les chefs des 16 régions allemandes ont parallèlement invité la population à déposer symboliquement une bougie à la fenêtre tous les soirs de ce week-end.
"Nous voulons prendre conscience de ce que nous avons perdu", ont-ils déclaré dans un appel commun, "mais aussi ensemble retrouver force et espoir".
Derrière les chiffres, un destin
Pour M. Steinmeier, un social-démocrate, il est essentiel de se distancer des statistiques quotidiennes, et de se rappeler que "derrière chaque chiffre, il y a un destin".
En mars, il avait rencontré des proches de victimes qui, au delà de la douleur de perdre un être cher, ont révélé aussi leur souffrance de ne pas avoir pu les accompagner dans leurs derniers instants, leur tenir la main, ou de pouvoir organiser de réelles funérailles.
Michaela Mengel, l'une de ses interlocutrices, a fondu en larmes en se souvenant comment elle a assisté aux derniers instants de sa fille, sur l'écran de son téléphone.
Elle l'avait vue pour la dernière fois peu après son admission à l'hôpital, la veille de Noël. "Elle avait des tubes à oxygène dans le nez, elle me regardait avec ses grands yeux", a raconté M. Mengel. Elle ne pouvait pas parler. "Je lui ai dit : +Au revoir ma chérie, je t'aime, maman va revenir+".
Plusieurs médias ont régulièrement publié aussi depuis des mois des témoignages de proches pour donner ainsi un visage et une voix posthume aux victimes.
"Dramatique"
Cercueils de personnes mortes du COVID-19 avant leur crémation à Meissen (Est de l'Allemagne), le 13 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La commémoration intervient alors qu'une troisième vague de l'épidémie marquée par la rapide propagation de variants s'est emparée de l'Allemagne, qui voit le nombre de nouvelles infections et de morts de nouveau grimper, alors que la campagne de vaccination a mis du temps à décoller.
"L'ampleur des décès est tellement dramatique que nous avons besoin justement maintenant" d'une telle cérémonie nationale, où "une société toute entière se recueille en l'honneur de tous ces morts beaucoup trop nombreux", a estimé Heinrich Bedford-Strohm, le président de l'église évangélique d'Allemagne auprès de l'agence DPA.
D'autant plus que les mesures de lutte contre le virus sont appelées à se durcir dans le pays.
Le gouvernement d'Angela Merkel veut en effet imposer un verrouillage national, avec notamment des couvre-feux et nouvelles restrictions des contacts, dans l'objectif de lutter plus efficacement contre le virus et mettre un terme au cafouillage de la gestion de la crise jusqu'ici menée avec les régions, compétentes en matière sanitaire.
"Le virus ne pardonne pas les demi-mesures, elles ne font que l'aggraver", a prévenu la chancelière vendredi 16 avril en défendant au Bundestag la loi qui doit renforcer ses pouvoirs. Le feu vert du parlement est attendu la semaine prochaine.
AFP/VNA/CVN