>>Hommage à Len Aldis, ami intime du peuple vietnamien
>>Décès du secrétaire de l’Association d’amitié Grande-Bretagne – Vietnam, Len Aldis
Depuis 1989, Len Aldis fait régulièrement le déplacement pour rencontrer et aider les victimes vietnamiennes de l’agent orange. |
Photo : Archives/CVN |
Len Aldis n’est plus. Le 27 novembre, le corps de ce militant humaniste a été retrouvé sans vie par la Police londonienne à son domicile, rue Tomlins Grove, dans la capitale britannique. Plusieurs de ses amis s’inquiétaient de ne plus pouvoir le contacter ces derniers temps, lui qui vivait seul depuis de longues années. Et pour cause... Len Aldis nous a quittés à l’âge de 85 ans. Mis au courant de son décès, le journal en ligne East London News a écrit le 29 novembre : «Les Vietnamiens et les habitants à l’est de Londres perdent un ami cher».
Un ami des victimes de l’agent orange
Len Aldis était un activiste de la paix. Pendant sa jeunesse, il participe à de nombreuses manifestations contre la guerre américaine au Vietnam. La paix revenue, ce Britannique prend part à diverses activités pour demander à ce que justice soit rendue aux victimes vietnamiennes de l’agent orange, ce défoliant hautement toxique à forte teneur en dioxine qu’a largué l’armée américaine pendant les années de conflit.
Len Aldis se rend au Vietnam pour la première fois en 1989. Il a alors 59 ans. Depuis, il fait régulièrement le déplacement pour rencontrer et aider les victimes de l’agent orange. En 1992, il crée l’Association d’amitié Grande-Bretagne - Vietnam à Londres et devient son secrétaire général.
Len Aldis se fait un nom auprès des militants pour la justice des victimes vietnamiennes de la dioxine. Il remet notamment 50.000 livres sterlings (environ 75.000 dollars) à la Croix-Rouge vietnamienne et avance plusieurs initiatives pour soutenir les activités humanitaires. Cet ami intime et spécial des victimes de l’agent orange exprime à de nombreuses reprises son indignation devant le refus par l’administration et des compagnies chimiques américaines d’endosser leur responsabilité et de dédommager les victimes vietnamiennes.
Chaque année, l’homme prend des initiatives pour collecter des fonds en organisant expositions, courses et autres évènements caritatifs. En Grande-Bretagne, il organise des campagnes d’appel au boycott des compagnies ayant fabriqué et fourni ce défoliant toxique à l’armée américaine. Il juge nécessaire d’organiser un séminaire international à ce sujet et de lancer une interdiction internationale contre tous les produits de Monsanto, l’une des 37 compagnies chimiques américaines ayant approvisionné l’armée américaine en agent orange pendant la guerre au Vietnam.
Il envoie à plusieurs reprises des lettres ouvertes aux dirigeants de l’Organisation des Nations unies et des États-Unis pour réveiller la responsabilité des acteurs américains pour les victimes vietnamiennes. Dans sa lettre ouverte adressée en 2010 à la compagnie Monsanto, Len Aldis l’appelle à penser au nombre de morts tout au long de cette campagne de dix ans ainsi qu’aux millions de personnes nées handicapées depuis la fin de la guerre en 1975 à cause de ce produit chimique.
Len Aldis est le créateur du site https://www.petitiononline.com appelant à la signature d’une pétition intitulée «Pour la justice» en faveur des victimes vietnamiennes. Des millions de signatures ont été envoyées à la Cour fédérale de New York. Pour l’ensemble de son œuvre, le Britannique a reçu l’Ordre de l’amitié du Vietnam en 1992, la médaille pour la paix et l’amitié entre les nations de l’Union des organisations d’amitié du Vietnam en 2000, le satisfecit de la Croix-Rouge vietnamienne en 2001 et le titre de Citoyen d’honneur de Hô Chi Minh-Ville.
Hommage unanime des Vietnamiens
De nombreux Vietnamiens qui le connaissaient ou ont travaillé avec lui s’émeuvent de sa disparition. «J’ai appris son décès le 30 novembre en allant sur Facebook. Il nous manifestait son désir de soutenir les victimes vietnamiennes dans leur procès contre les compagnies chimiques», exprime Nguyên Van Rinh, ancien vice-ministre de la Défense et président de l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine.
Len Aldis, de son vivant, n’aura cessé d’organiser des activités de soutien aux victimes vietnamiennes de l’agent orange. |
Pour le docteur Ngoc Phuong, ancienne directrice de l’hôpital Tu Du à Hô Chi Minh-Ville, Len Aldis était un homme bon. Il ne se déparait jamais de son sourire. «Je me souviens de sa première visite à l’hôpital. Je l’ai accompagné au village des enfants handicapés de Hoà Binh créé sous le patronage de l’hôpital Tu Du. Je lui ai montré les échantillons de fœtus conservés dans du formol et lui ai expliqué pourquoi ils n’ont jamais pu naître en raison des déformations causées par la dioxine. Cela l’avait profondément touché», raconte-t-elle. Le médecin informe que c’est Len Aldis qui a apporté ses rapports et ses recherches sur les conséquences de la dioxine au Royaume-Uni pour poursuivre la demande de justice en faveur des victimes vietnamiennes.
«Il faut interagir plus étroitement et obtenir le soutien de la communauté internationale dans le combat judiciaire des victimes de l’agent orange, de leurs familles et de leur communauté. Les États-Unis devront tôt ou tard assumer leur responsabilité et indemniser les victimes vietnamiennes». Des propos récurrents que tient l’activiste lors des séminaires auxquels il participe au Vietnam.
Une cérémonie en hommage à Len Aldis a été organisée le 3 décembre à Hanoi, en présence de la présidente du Fonds de paix et de développement du Vietnam, Nguyên Thi Binh, des dirigeants de l’Union des organisations d’amitié du Vietnam et de l’Association des victimes de l’agent d’orange/dioxine du Vietnam.