La dynastie des Nguyên, la dernière du Vietnam, compte treize souverains, qui ont régné durant 143 ans (1802-1945). Les codes vestimentaires pour le roi et les mandarins étaient très rigoureux. Le ministère des Rites en était responsable.
Quelques modèles de carrés mandarins conservés au Musée national de l’histoire du Vietnam, à Hanoi. |
Le roi Gia Long (1762-1820), monté sur le trône en 1802, est le premier monarque de cette dynastie. Les 12 rois qui lui ont succédé sont Minh Mang (1791-1840), Thiêu Tri (1807-1847), Tu Duc (1829-1883), Duc Duc (1853-1883), Hiêp Hoà (1847-1883), Kiên Phuc (1869-1884), Hàm Nghi (1871-1943), Dông Khanh (1864-1889), Thành Thai (1879-1954), Duy Tân (1900-1945), Khai Dinh (1885-1933) et Bao Dai (1913-1997). Les costumes du roi, des princes, des mandarins, civils et militaires, étaient composés de différents chapeaux, tabliers d’apparat, ceintures, bottes et carrés mandarins. Ils les portaient durant les rites impériaux.
Des animaux sur fonds colorés
Le carré mandarin est un large insigne brodé, cousu sur l’habit des mandarins, sur la poitrine et dans le dos. On le retrouve dans les dynasties impériales vietnamiennes et d’autres pays asiatiques, dont la Chine. Cet insigne, brodé de représentations d’animaux colorés, indiquait le rang du dignitaire qui le portait. C’est sous la dynastie des Lê postérieure (1428-1788), plus précisément sous le règne du roi Lê Thanh Tông, en 1471, que le carré mandarin a été codifié. Ces règles ont été adaptées au fil du temps.
Un des modèles de carrés mandarins conservés au Musée national de l’histoire du Vietnam, à Hanoi. |
Sous la dynastie des Nguyên, les mandarins étaient classés selon neuf grades (ou neuf rangs) et divisés entre civils et militaires. Durant le règne du roi Gia Long, pour les mandarins civils de 1er à 3e rang, le carré mandarin était jaune, brodé d’une grue. Ceux de 4e, 5e et 6e rang portaient un insigne au fond rouge, orné de paons, d’hirondelles et de faisans. Rouge ou vert, celui des fonctionnaires du 7e au 9e rang était orné d’un animal différent selon le grade : une cigogne pour le 7e, un perroquet pour le 8e et une caille pour le 9e.
Pour les mandarins militaires, les animaux aussi déterminaient le rang. La licorne ornait le vêtement des mandarins de 1er rang. Le bach trach (un animal sacré en Chine et dans certains autres pays asiatiques) celui des fonctionnaires de 2e. Le lion apparaissait sur le vêtement des mandarins de 3e. Pour les mandarins de 4e, 5e, 7e, 8e et 9e rang, il s’agissait respectivement du tigre, de la panthère, de l’ours, de la panthère longibande et du rhinocéros.
Des changement sous le règne de Thiêu Tri
Sous son règne, le roi Minh Mang a décidé d’abandonner le carré pour les tenues des mandarins. Son successeur, le roi Thiêu Tri, l’a remis en vigueur. Mais l’insigne a connu des changements.
Un des modèles de carrés mandarins conservés au Musée national de l’histoire du Vietnam, à Hanoi. |
Si pour les mandarins civils de 1er et de 2e grade, le carré mandarin était toujours orné d’une grue, celui des mandarins de 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e et 9e, était décoré respectivement d’un coq, d’un paon, d’une hirondelle, d’un bach nhàn (un oiseau rare du Vietnam), d’une cigogne, d’un perroquet et d’une caille.
Une licorne était brodée sur le carré mandarin des fonctionnaires militaires de 1er rang. Ceux des 2e et 3e rang arboraient un lion et un tigre. Les mandarins de 7e, 8e et 9e en portaient un avec un petit tigre, un hippocampe et un rhinocéros.
Environ 50 carrés mandarins, pour les militaires et les civils, datant de la dynastie des Nguyên sont conservés au Musée national de l’histoire du Vietnam, à Hanoi. Quinze sont encore cousus sur leur tenue d’origine. Ces vêtements font actuellement l’objet d’une étude poussée. Les informations recueillies par les fonctionnaires du musée serviront à monter une exposition et à publier un catalogue afin que le public comprenne mieux l’histoire, la culture et les codes impériaux sous la dynastie des Nguyên.
Quynh Hoa-Quê Anh/CVN