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Photo de l'Empereur Akihito faisant un discours à la nation au Palais impérial à Tokyo, diffusée le 8 août par l'agence impériale. |
"Heureusement, je suis aujourd'hui en bonne santé. Cependant, quand je vois ma forme décliner progressivement, je m'inquiète de la difficulté à remplir mes fonctions en tant que symbole de l'État", a-t-il déclaré dans une rare allocution télévisée, invoquant son âge et la nécessité d'être pleinement investi dans sa mission.
"Légalement, il ne peut pas demander une révision de la loi, mais son message appelle clairement à réfléchir concrètement à son avenir en tant qu'empereur", décrypte Tomitaro Hashimoto, spécialiste du système impérial à l'université Reitaku.
Ne vaudrait-il pas mieux passer le relais avant son décès, suggère de fait l'empereur. "Il m'arrive de me demander de temps en temps s'il ne serait pas possible d'éviter une telle situation", où le pays se retrouve confronté à la mort de son empereur en fonction (alors même qu'elle est prévisible quand il est très âgé), car le deuil et tous les événements funéraires sont très lourds pour ceux qui restent.
Celui qui règne depuis 27 ans, au nom de "l'accomplissement de la paix" (ère Heisei), propose ainsi indirectement de transférer "de son vivant" ses fonctions à son fils, le prince héritier Naruhito.
Vers un débat
Akihito a déjà bousculé avec finesse les traditions et ses propos de le 8 août marquent un nouveau pas dans ce que d'aucuns nomment "la modernisation" du régime impérial japonais.
"Cela va provoquer un grand changement dans le système actuel", a réagi sur Twitter l'ex-gouverneur de Tokyo, Naoki Inose, auteur de plusieurs ouvrages sur l'empereur.
Le débat devrait en effet rapidement s'ouvrir, si l'on en juge par le commentaire du Premier ministre Shinzo Abe qui a immédiatement déclaré : "nous recevons avec sérieux les mots de sa majesté l'empereur et nous devons y réfléchir profondément".
Cette discussion risque de mettre aux prises les tenants d'une extension du système de régence existant, ce qui serait la solution techniquement la plus simple, face à ceux qui accepteraient d'aller plus loin, l'autorisation donnée au souverain d'abdiquer, passé un certain âge ou selon d'autres critères qu'il restera à définir.
"M. Abe vient tout juste de s'exprimer, nous devons désormais voir la façon de procéder", s'est borné à indiquer le porte-parole du gouvernement, interrogé sur l'éventuelle mise en place d'un Comité d'experts pour proposer des amendements de la loi sur la Maison impériale. Bien qu'elles ne soient guère médiatisées, les fonctions de représentation de l'État accomplies par l'empereur sont lourdes, comme l'ont souligné ses deux fils à plusieurs reprises.
Il doit signer nombre de textes de loi, traités et autres documents transmis par le gouvernement (un millier l'an passé), assister à de nombreuses réceptions (270 en 2015), recevoir des représentants d'États étrangers, etc. Selon un sondage de l'agence de presse Kyodo mené avant le discours de l'empereur, 85% des Japonais sont favorables à ce qu'il puisse abdiquer si tel est son souhait.
AFP/VNA/CVN