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Carte de localisation d'une série d'attaques à la bombe dans plusieurs villes de Syrie, essentiellement contrôlées par le régime |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ces attaques suicide simultanées ont fait au moins 48 morts lundi 5 septembre et surviennent au lendemain d'une sévère défaite de l'EI qui a été chassé, par les forces turques alliées à des rebelles syriens, des dernières positions qu'il tenait le long de la frontière turque en Syrie.
L'attaque la plus meurtrière a provoqué la mort d'au moins 35 personnes à Tartous, un bastion sur la Méditerranée du régime du président Bachar al-Assad. Elle a été menée sur un pont à l'aide d'une voiture piégée et d'un kamikaze, qui a déclenché sa ceinture d'explosifs lorsque des personnes s'étaient rassemblées pour secourir les blessés de la première explosion, selon la télévision d'État.
Tartous est la ville qui déplore le plus grand nombre de morts dans les rangs de l'armée et des milices pro-régime depuis le début en 2011 du conflit en Syrie, qui a fait plus de 290.000 morts et poussé des millions de personnes hors de chez eux.
Dans le Nord-Est du pays, au moins huit personnes ont été tuées par un kamikaze circulant à moto à Hassaké, une ville tenue quasiment entièrement par les milices kurdes bien que le régime soit présent dans certaines zones. Les autres explosions ont causé la mort de quatre personnes à Homs (centre) et d'une autre sur une route à l'ouest de la capitale Damas selon l'agence Sana.
Pour l'expert Thomas Pierret, ces explosions "sont l'expression d'une stratégie, développée depuis le début de l'année, d'attaques dans les régions sous contrôle du régime". Elles visent à "séduire" les opposants au régime en démontrant "la capacité du groupe à frapper ce dernier".
"L'EI cherche également à attiser les tensions confessionnelles à son bénéfice et compte vraisemblablement sur la répétition de tels scénarios pour mobiliser des adeptes dans ces régions", ajoute ce maître de conférence à l'université d’Édimbourg.
Photo fournie par l'agence officielle syrienne Sana montrant des soldats syriens inspectant les lieux d'un attentat à la bombe à Homs, le 5 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette stratégie est développée alors que le groupe jihadiste ne cesse de reculer dans tous les territoires qu'il a conquis en 2014 en Syrie et en Irak. Lundi 5 septembre, il a encore perdu cinq villages dans le Nord syrien, à la faveur de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" lancée le 24 août par Ankara et visant à la fois l'EI et les milices kurdes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
"Un certain rapprochement"
Le conflit syrien a été l'un des dossiers discutés par les dirigeants réunis pour le sommet du G-20 qui s'est achevé lundi 5 septembre en Chine. Mais de nouveaux pourparlers entre le secrétaire d’État américain, John Kerry, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, se sont achevés sans parvenir à un accord de coopération sur la Syrie, selon un haut diplomate américain.
Carte localisant les 91 derniers kilomètres de la frontière entre la Turquie et la Syrie d'où le groupe État islamique a été chassé. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cependant, chacun à sa manière, le président américain Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine ont voulu faire preuve d'un certain optimisme.
"Nous avons eu des discussions productives sur ce à quoi pourrait ressembler une réelle cessation des hostilités", a déclaré M. Obama après son entretien avec M. Poutine.
Le dirigeant russe a affirmé qu'il "avait malgré tout un certain rapprochement des positions" avec les États-Unis. Un accord avec Washington pourrait être conclu "dans les prochains jours", selon M. Poutine, qui a indiqué que "la lutte antiterroriste y compris en Syrie sera sérieusement améliorée et intensifiée".
Moscou et Washington, qui effectuent séparément des bombardements contre les jihadistes en Syrie, sont notamment en désaccord sur le sort du président syrien Bachar al-Assad, le premier étant fermement opposé à son départ réclamé par le second.
Les États-Unis ont dépêché la semaine dernière un émissaire à la rencontre des forces kurdes alliées en Syrie, après les tensions provoquées par l'intervention turque, a annoncé lundi 5 septembre un responsable du département d'État.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, également présent en Chine, a proposé à MM. Poutine et Obama d'établir une "zone d'exclusion aérienne" dans le Nord de la Syrie.
La Turquie, qui accueille plus de 2,5 millions de réfugiés syriens sur son sol, a déjà appelé à plusieurs reprises à une zone protégée et interdite de survol à l'intérieur de la Syrie. Le président turc a par ailleurs indiqué que les autorités turques coopéraient avec la Russie en vue d'instaurer un cessez-le-feu dans la région d'Alep.