Législatives au Koweït, embourbé dans une crise politique

Les électeurs koweïtiens sont appelés aux urnes mardi 6 juin pour choisir leurs députés, les septièmes élections depuis 2012 dans le riche État pétrolier du Golfe plongé dans une interminable crise politique qui sape les espoirs de réformes économiques.

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Dans un bureau de vote à Jahra, au Koweït, le 29 septembre 2022. 
Photo : Xinhua/VNA/CVN

Contrairement aux autres États de la région, le Koweït, dirigé par la famille des Al-Sabah, est doté d'un parlement, élu pour quatre ans, avec de larges pouvoirs législatifs et où les débats sont souvent vifs.

Les élus ont d'importantes prérogatives, n'hésitant pas à demander des comptes à des ministres appartenant à la famille royale accusés de mauvaise gestion, voire de corruption, mais celle-ci, quasiment intouchable, conserve l'essentiel du pouvoir, les portefeuilles régaliens lui étant systématiquement confiés.

Ce bras de fer permanent entre l'exécutif et les parlementaires ont abouti à une valse de gouvernements et la dissolution de l'assemblée à plusieurs reprises ces dernières années.

Une situation qui "lasse les Koweïtiens" et entraîne un "manque de confiance" de la population dans sa classe politique, selon l'analyste koweïtien Ayed al-Manaa.

Craignant une forte abstention, les autorités ont ainsi placardé de grandes banderoles dans les rues de la capitale pour appeler les citoyens à voter en masse.

Militante et professeure d'université, Cheikha al-Jassem déplore une "paralysie" de la vie politique, freinant le développement du pays, malgré des "promesses" du pouvoir. "Il faut qu'on se réveille face à cette grande frustration", dit-elle.

Au total, 207 candidats, dont 13 femmes, sont en lice (pour l'un des 50 sièges du Parlement), le nombre plus faible pour des législatives en plus de 20 ans.

"Démocratie incomplète" 

Les dernières semaines ont été marquées par de nouveaux soubresauts.

En mars, la Cour constitutionnelle avait invalidé les élections législatives de 2022, se prononçant en faveur du rétablissement du précédent Parlement, issu du scrutin de 2020. Ces deux législatives avaient été remportées par l'opposition, notamment islamiste.

Début avril, la petite monarchie avait formé son septième gouvernement en trois ans, et quelques jours plus tard, l'émir du Koweït avait dissous le Parlement et convoqué de nouvelles législatives.

L'opposition, qui avait boycotté les élections pendant dix ans avant 2022 car dénonçant des ingérences de l'exécutif dans le législatif, participera à nouveau au scrutin mardi 6 juin.

Cheikha al-Jassem, qui s'est déjà présentée par le passé aux législatives, explique avoir fini par renoncer en raison de l'impasse actuelle qu'elle attribue notamment à l'absence de listes électorales. "Chacun agit de manière trop individuelle", estime la militante.

"Notre démocratie est incomplète", fait-elle remarquer, déplorant notamment le fait que les partis politiques, s'ils ne sont pas formellement interdits, n'ont pas d'existence légale.

En haut du pouvoir, l'émir Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, âgé de 85 ans, reste en retrait de la vie politique au profit du prince héritier, Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah.

L'instabilité politique a refroidi l'appétit des investisseurs pour le Koweït, pourtant l'un des principaux exportateurs de pétrole au monde.

Les tensions entre l'exécutif et le Parlement a entravé les réformes dont cette économie peu diversifiée a besoin, une situation qui tranche avec les puissants voisins, les cinq autres membres du Conseil de coopération du Golfe.

Également riches en hydrocarbure, l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis se sont lancés ces dernières années dans des projets tous azimuts pour diversifier leurs économies et attirer les investisseurs étrangers. Plus discrets, Bahreïn et Oman suivent aussi cette voie.

Assis sur près de 7% des réserves mondiales de brut, les Koweïtiens se plaignent régulièrement de la détérioration des infrastructures et des services publics dans ce pays de près de 4,5 millions d'habitants.

AFP/VNA/CVN

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