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L'économie française "sous anesthésie", selon l'Insee

L'économie française est comme un "organisme placé sous anesthésie" qui "n'assure plus que ses fonctions vitales", a constaté jeudi 23 avril l'Insee qui a mesuré une réduction de l'économie marchande de 49% hors loyers dans le pays.

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Une rue désertée en raison du confinement en France.

Le climat des affaires pour le mois d'avril, un indicateur synthétique calculé à partir de réponses des chefs d'entreprise sur leur activité, a plongé à un plus bas historique, nettement en-dessous de son précédent niveau plancher en mars 2009, durant la crise financière.

Dans le secteur de l'hébergement et de la restauration, très durement touché par le confinement qui a mis un coup d'arrêt à la très grande majorité de ses activités, le "plancher théorique" est atteint pour cet indicateur, c'est-à-dire que la totalité des personnes interrogées se montrent pessimistes sur ses perspectives.

Plus généralement, "malgré des taux de réponse affaiblis, les enquêtes retracent clairement la très lourde chute des perspectives d'activité dans l'ensemble des grands secteurs économiques", selon l'Institut national des statistiques (Insee).

La totalité du secteur marchand perd 41% de son activité et l'ensemble de l'économie française 35%, précise la troisième note de conjoncture publiée depuis le début du confinement, après celles du 26 mars et du 9 avril.

Alors que les "estimations suggèrent un très léger regain d'activité ces dernières semaines", d'une manière générale, "la situation a très peu évolué depuis le début du confinement. Et par construction, il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle évolue beaucoup tant qu'il durera sous sa forme stricte", d'après la note.

Les huit semaines de confinement imposées pour lutter contre le coronavirus ont déjà amené le gouvernement à réviser par deux fois ses prévisions macro-économiques et budgétaires, avec un recul produit intérieur brut (PIB) de 8% et un déficit public de 9% attendus pour 2020.

Incertitudes

Un restaurant fermé à Arcachon, le 13 avril, comme tous les restaurants et les cafés de France, pour cause de confinement.

La consommation des ménages, principale composante du Produit intérieur brut (PIB), serait elle "inférieure de 33% à sa normale", relève encore l'Insee, qui avait toutefois estimé cette chute à 35% le 9 avril mais l'a légèrement nuancée depuis, après avoir constaté un rebond des transactions par cartes bancaires.

La construction s'effondre de 79%, l'hébergement et la restauration disparaissent presque avec 91% d'activité en moins, mais l'industrie résiste mieux avec seulement 39% de perte.

"Pendant la période de confinement, la perte de revenu national aura été considérable : la majorité sera absorbée par la hausse du déficit public, mais une part non négligeable restera au compte des entreprises", estime la note qui précise que "les ménages seront également affectés".

À l'incertitude sur le scénario sanitaire, qui n'augure pas d'un rebond économique rapide, s’ajoute donc l'incertitude sur le comportement des ménages et des entreprises dans ce contexte inédit.

L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avait souligné lundi 20 avril dans une étude que le rebond de la consommation serait crucial pour la reprise économique après la fin du confinement de la population, prévue le 11 mai.

L'Insee rappelle que "la moitié des salariés se trouvaient, fin mars, dans une entreprise dont l'activité s'est arrêtée ou a diminué de plus de moitié", citant une étude de la Dares.

Un chiffre cohérent avec celui de dix millions de salariés au chômage partiel donné mercredi 22 avril par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Une mesure d'un coût global de 24 milliards d'euros qui permet d'éviter une explosion du chômage en attendant le redémarrage de l'activité.


AFP/VNA/CVN

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