Muguet et confinement : pas d'exception pour le 1er mai, les professionnels mécontents

Du muguet sans vente à la sauvette ni fleuristes ouverts : la tradition du 1er mai devra s'adapter à la crise sanitaire, a prévenu mardi 21 avril le ministre de l'Agriculture, au grand dam des fleuristes et des horticulteurs.

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Un saisonnier lors d'une récolte de muguet à Saint Philbert-de-Grand-Lieu, près de Nantes, le 14 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Les fleuristes semblent être les grands oubliés du 1er mai", se désole Florent Moreau, président de la fédération française des artisans fleuristes (FFAF), après que Didier Guillaume a annoncé que "les fleuristes n'ouvriront pas" pour la fête du Travail. Toutefois, "la vente par correspondance peut exister, comme le drive", a dit le ministre. Et les fleuristes pourront "vendre du muguet par livraison ou par retrait de commande", a précisé ensuite son ministère.

Par ailleurs, "on pourra trouver du muguet dans tous les magasins qui sont ouverts" dans le contexte du confinement car jugés essentiels, a ajouté le ministre à l'antenne d'Europe 1, citant en exemple "une boulangerie". Cette dernière déclaration suscite l'indignation de Florent Moreau. "En aucun cas, un buraliste, un boucher ou un boulanger ne peut vendre du muguet", s'exclame-t-il : "chacun son métier !"

Une position partagée par Mikaël Mercier, président de l'interprofession Val'hor qui regroupe toute la filière du végétal : "je ne vois pas comment on peut vendre le muguet français sans les fleuristes". Avec cette décision, le président de la FFAF dit avoir l'impression que "le gouvernement ignore les fleuristes qui sont les acteurs principaux de la ventes du muguet". Il rappelle que d'habitude, ils représentent "un tiers des ventes".

En temps normal, durant le week-end du 1er mai, 31% des brins de muguet sont achetés chez un fleuriste, 25% en grande distribution, 11% sur un marché, 9% en jardinerie, 4% sur l'exploitation et 20% dans d'autres lieux, notamment dans la rue, selon le panéliste Kantar. Le président de la FFAF se réjouit tout de même de l'interdiction de la vente à la sauvette, elle aussi annoncée mardi matin par M. Guillaume. "C'est une de nos demandes récurrentes depuis plusieurs années", explique Florent Moreau.

Livraison et drive

La vente de muguet à la sauvette par des particuliers le 1er mai constitue habituellement une "tolérance" sur de petites quantités et sans installation de tréteaux par exemple.

Récolte du muguet à Saint Philbert-de-Grand-Lieu, près de Nantes, le 14 avril
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour Gilles Pothier, fleuriste dans le 16e arrondissement de Paris, meilleur ouvrier de France et président d'Interflora, "la vente à la sauvette était une injustice totale". "On est évidemment pas contre les associations où les enfants qui vendent un peu de muguet mais, ça devenait anarchique. On voyait des réseaux très organisés qui en profitaient pour s'affranchir de tout contrôle et de toute taxation".

Dans la région nantaise, épicentre de la production de muguet en France, on regrette aussi que l'annonce du ministre arrive seulement dix jours avant la fête du Travail. "Là, c'est beaucoup trop tard. On s'est tous organisés et on est un certain nombre à avoir décidé de ne pas ramasser notre muguet, ou alors très peu", souligne Philippe Naulleau, président de la commission muguet au sein de la Fédération des maraîchers nantais.

"On aurait peut-être pu s'adapter à ce type de vente (dans les magasins de type boulangerie, NDLR) mais il aurait fallu qu'on sache ça avant", regrette-t-il. "Il aurait fallu qu'il fasse cette déclaration il y a huit ou dix jours", renchérit Patrick Verron, conseiller auprès des maraîchers nantais. "Les acteurs de la filière sont indissociables", analyse Florent Moreau, "on est tous conscients qu'il y aura moins de ventes de muguet cette année et ce sera difficile pour tous".

Florent Moreau, aussi fleuriste en Vendée, ne mettra pas en place de solution pour vendre du muguet le 1er mai. Gilles Pothier, lui, espère que ce sera "l'occasion de renouer avec les clients, même si c'est par téléphone". "On a déjà eu quelques demandes de clients, on sera a même de les livrer et on fera du drive (commande avec réception en voiture, NDLR), si besoin", raconte le fleuriste.

Il espère qu'en plein milieu d'une période de confinement difficile, le 1er mai sera l'occasion de "faire plaisir et de se faire plaisir". "Le muguet est le symbole du bonheur. Le bonheur, on est jamais contre, mais cette année on est particulièrement pour", s'exclame-t-il.


AFP/VNA/CVN

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