Le Walkman de Sony, "produit du 20e siècle", fête ses 30 ans

Le 1er juillet 1979, le fleuron de l'électronique japonais Sony bouleversait le quotidien des passagers excédés du train bondé de 07h00, en glissant dans leur poche un boîtier et en mettant sur leurs oreilles un casque : calme, musique, le Walkman était né.

Ce jour d'été 79 est à jamais gravé dans l'histoire industrielle nippone et dans les annales de Sony.

Avec le TPS-L2, référence de son "premier Walkman", nom générique d'une interminable lignée de lecteurs stéréo nomades de musique, Sony s'est immédiatement offert un prestige planétaire... et des critiques à l'étranger sur les "générations d'autistes et de sourds à venir".

"J'avais découpé un morceau de bois de dimensions un peu supérieures à celles d'une cassette audio, en me disant que l'objet final ne devrait pas dépasser cette taille", confiait il y a quelques années l'un des pères du premier Walkman. "Il fallait que j'y parvienne à tout prix". Et l'homme, visiblement ému, avait sorti de sa poche son impérissable maquette-souvenir et l'avait posée à côté du TPS-L2, tout fier : "c'est pareil, non ?"

En interne pourtant, certains doutaient, persuadés que "sans fonction d'enregistrement, ça ne se vendrait pas". In fine, l'objet, bleu métallisé, couleur en vogue à l'époque, fit un malheur. On se l'arracha pour parader casqué dans les rues de Ginza, Akihabara ou Shibuya à Tokyo, à Paris ou New York. Malins, les "sonymen" avaient prévu 2 prises jack 3,5 mm pour que les couples puissent se promener à l'unisson.

Ils en avaient rêvé, "Sony l'a fait", et s'en vantait.

Le mot Sony, contraction des vocables "sonus" (son en latin) et "sonny" (jeune homme en anglais), signait d'ailleurs la vocation de cette dernière à créer ce genre d'appareils audio de poche qu'adoraient déjà les "salarymen" (employés) nippons. D'abord utilisé comme marque de ses produits, Sony fut adopté en 1958 comme nom de l'entreprise, fondée en 1946 sous la raison sociale "Tokyo Tsushin Kogyo".

Mais Sony n'a pas créé ex-nihilo le premier baladeur à cassette du monde.

Dès l'origine, la firme avait posé les jalons de cette innovation, en se spécialisant depuis plus de 3 décennies dans la fabrication de postes de TV, de radios et magnétophones qu'elle avait commencé de miniaturiser.

Le modèle inaugural de récepteur radio de poche à transistor Sony, le TC-55, un objet inédit ailleurs, a été lancé en 1955. Quant au premier dictaphone de la maison, le TC-1010, enregistreur mono à cassette, il était déjà dans la sacoche des "businessmen" tokyoïtes en 1970, suivi par le "pressman", en 1977.

Le Walkman, objet de loisir, découlait logiquement de cette longue expertise. La gamme n'a cessé de muer par la suite, s'enrichissant au gré des évolutions techniques et des nouveaux supports, de la cassette au CD et au MD... jusqu'à ce jour de 2001 où Sony a réalisé, un peu tard, que le monde avait changé de siècle.

L'iPod de l'américain Apple, condensé inattendu et bien pensé de technologies, a ravalé le Walkman au rang d'antiquité, blessant à jamais son créateur.

Depuis, le groupe nippon se bat, non sans résultats, pour reprendre une place qui, pense-t-il, lui revient de droit. Plus de 385 millions de "Walkman", tous types confondus, ont été écoulés en 30 ans dans le monde.

AFP/VNA/CVN

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