Le Timor aux urnes pour se définir un avenir sans l'ONU

Le Timor oriental votait le 7 juillet pour des législatives à l'issue incertaine qui détermineront la couleur du premier gouvernement appelé à régner sans l'aide des Casques bleus sur ce confetti d'Asie du Sud-Est meurtri par des décennies de violences.

Dans la petite école de Farol, banlieue verdoyante de la capitale Dili, les files d'attente se sont formées dès avant l'ouverture des bureaux de vote, à 07h00 locales (22h00 GMT vendredi), dans la fraîcheur relative d'un petit matin tropical. Un calme absolu régnait, les trois policiers en faction étant paisiblement assis dans un coin de la cour de récréation.

"Je ne suis pas trop inquiet quant à de possibles violences", lance Martinho Afonso. "L'armée et la police contrôlent la sécurité", assure le paysan de 55 ans qui, à son âge, a vécu les décennies de conflits vécus par le tout jeune pays.

L'ex-Premier ministre du Timor, Xanana Gusmao et ses fans dans une campagne électorale.

Le Timor, qui fête cette année ses dix ans d'indépendance, s'est depuis largement pacifié. La présidentielle de mars-avril derniers a permis de désigner sans heurts l'ancien guérillero Taur Matan Ruak à la tête du pays d'1,1 million d'habitants.

Si l'absence de violences se confirme, l'ONU, présente depuis 1999, rappellera ses quelque 1.300 Casques bleus avant la fin de l'année. Mais il faudra attendre les résultats définitifs du scrutin, pas avant plusieurs jours, pour être certain que le risque de tensions est écarté.

Aucun des partis ne semble en effet en mesure d'emporter une majorité absolue, ce qui pourrait engendrer une période d'instabilité. "Il y aura des déçus et cela pourrait créer des tensions", avertit le responsable de la mission onusienne dans le pays, Finn Reske-Nielsen.

Déjà lors des dernières législatives de 2007, un mois d'instabilité avait suivi un scrutin qui n'avait pas permis de dégager une majorité absolue. Le Front révolutionnaire du Timor oriental indépendant (Fretilin, gauche) avait remporté le plus grand nombre de sièges (21 sur 65) mais son grand rival, le Congrès national pour la reconstruction du Timor (CNRT, centre gauche) avait réussi, avec 18 députés, à s'emparer du pouvoir en s'alliant à trois partis minoritaires.

Le très charismatique président du CNRT, Xanana Gusmao, héros de la résistance et ancien chef d'État, devenait ainsi Premier ministre. Le Fretilin compte bien prendre sa revanche en arrachant cette fois-ci la majorité absolue de 33 sièges qui lui permettra de gouverner seul.

Les observateurs parient plutôt sur la reconduction d'une coalition emmenée par M.Gusmao, une configuration qu'il s'est déjà dit prêt à renouveler. Le Premier ministre bénéficie de plus du soutien de l'actuel et de l'ancien président du Timor. Mais l'électeur moyen est loin de ces préoccupations politico-politiciennes. "Les choses doivent s'améliorer pour les pauvres des campagnes, où il n'y a ni électricité ni eau", lance Martinho Afonso, après avoir déposé son bulletin dans l'urne.

La moitié des Timorais vit sous le seuil de pauvreté. La découverte d'un gisement d'hydrocarbures en mer du Timor a fait naître un espoir de développement.

Le nouveau gouvernement, quel qu'il soit, devra ainsi prouver que ce minuscule pays est économiquement viable, sans la perfusion de l'aide internationale qui finira un jour par être retirée.

Xinhua/AVI/CVN

            

 

 

 

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