Le tarsier, minuscule et discret primate, communique par ultrasons

Le tarsier des Philippines, l’un des plus petits primates du monde, communique en toute discrétion avec ses congénères par ultrasons, ce qui lui permet de donner l’alarme sans se faire repérer lorsqu’un prédateur survient, révèle une étude.

Deux tarsiers accrochés à une branche sur l’île de Bohol aux Philippines.

Cétacés, chats domestiques et quelques espèces de chauves-souris et de rongeurs... les mammifères pouvant émettre et recevoir des signaux dans les ultrasons sont très peu nombreux.

Dans ce domaine, les capacités des primates sont des plus limitées : l’ouïe humaine ne parvient pas à percevoir les sons au-delà de 20.000 Hz (ce qui définit la fréquence à partir de laquelle on commence à parler ‘«ultrasons»)  et les grands singes ne semblent guère faire mieux.

De petits primates, tels les ouistitis ou les lémuriens, émettent et réagissent parfois à des ultrasons mais l’essentiel des fréquences qu’ils émettent se situent dans le domaine audible par l’oreille humaine.

Quant aux tarsiers, minuscules primates nocturnes vivant dans les forêts d’Asie du Sud-Est, ils étonnent parfois les biologistes par leurs vocalises «perçantes» évoquant les cris d’une chauve-souris, alors qu’ils sont décrits comme étant «ordinairement silencieux».

Certains chercheurs avaient émis l’hypothèse que des ultrasons se cachaient derrière ce «silence» apparent des tarsiers. Une équipe internationale a donc étudié des tarsiers des Philippines (Tarsius syrichta) pour tester leurs performances.

Canal efficace pour les «communications privées»

Les chercheurs ont commencé par capturer six d’entre eux pour évaluer l’acuité de leur ouïe. Selon leurs résultats, publiés dans la revue Biology Letters de l’Académie des sciences britannique, les grandes oreilles des petits tarsiers perçoivent des sons jusqu’à 90.000 Hz, un record absolu chez les primates et qui n’est «égalé que par très peu d’autres animaux», souligne l’étude.

Les biologistes ont ensuite enregistré les vocalises de 35 tarsiers dans leur milieu sauvage. Ces cris se situent uniquement dans la fréquence des ultrasons, autour de 70.000 Hz. Il s’agit du «niveau le plus élevé connu chez les mammifères, à l’exception des chauves-souris et de certains rongeurs», insiste l’étude.

Pour les chercheurs, cet «exemple extrême de communication acoustique dans les ultrasons purs» présente vraisemblablement de multiples avantages pour le tarsier.

Les ultrasons constituent un canal efficace pour les «communications privées» car ils sont difficiles à détecter à la fois pour les prédateurs et les proies des tarsiers. L’étude a d’ailleurs constaté qu’ils émettaient leur signal ultrasonique lorsqu’un humain approchait, ce qui suggère un rôle d’alarme

En outre, les ultrasons sont vraisemblablement plus faciles à distinguer dans des milieux naturels où le bruit de fond a une fréquence basse, comme celle des forêts où s’ébattent les tarsiers.

Selon l’étude, l’ouïe extrêmement fine des tarsiers leur sert aussi probablement à mieux repérer les petits insectes dont ils se nourrissent.

Car si ces primates ont les plus gros yeux de tous les mammifères proportionnellement à leur taille, leur rétine n’est pas adaptée à une vision  nocturne. Les ultrasons pourraient donc les aider à capter des signaux échangés par des papillons de nuit ou des sauterelles, ou encore des bruissements de feuilles indiquant la présence d’insectes.

AFP/VNA/CVN

 

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