Le Swaziland circoncit à la chaîne pour freiner le sida

"Restez calme, ça ne fait pas trop mal", assure une infirmière en injectant un anesthésiant à la base du pénis de Maqhawe Tsela, un Swazi de 33 ans enrôlé dans une campagne de circoncision de masse qui vise à ralentir la propagation du sida dans le royaume.

Un peu plus tard, le jeune homme quitte sans prépuce le centre de soins de Matsapha, près de la capitale commerciale Manzini, en promettant d'afficher des publicités pour la circoncision dans son échoppe de barbier.

Le Swaziland, où vivent 1,2 million de personnes, est le pays ayant le plus fort taux de prévalence du sida au monde avec 25,9% de sa population adulte séropositive. À cause de la maladie, son espérance de vie a chuté de 61 à 32 ans en une décennie.

Le royaume a lancé cette semaine une campagne massive pour circoncire 160.000 hommes âgés de 15 à 49 ans, plusieurs études ayant montré que l'excision du prépuce diminue de plus de 50% le risque de contamination par le virus VIH.

Le Swaziland s'est donné un an pour atteindre son but. "Si nous sommes capables d'atteindre cet objectif rapidement, l'impact sera plus important", explique Jennifer Albertini, directrice au Swaziland de l'agence d'aide au développement des États-Unis, USAID, qui finance à hauteur de 15 millions de dollars le programme.

Pour ce faire, 35 centres de santé spécialisés - dans des dispensaires ou des cliniques mobiles sous tentes - seront ouverts dans l'ensemble de ce petit royaume d'Afrique australe d'ici avril et offriront gratuitement l'opération aux volontaires.

Une campagne de publicité massive et des équipes de "recruteurs" ont commencé à être déployées sur tout le territoire pour convaincre les hommes de céder une partie de leur anatomie. "Tout le monde est sur le pont", relève Ayanda Nqeketo, le coordinateur du projet. "Nous avons 100% des leaders politiques derrière nous du Premier ministre, jusqu'aux leaders traditionnels, en passant par les associations et les églises."

Seul absent de taille : le roi Mswati III, un monarque absolu connu pour ses treize épouses, qui n'a pas manifesté publiquement son soutien à la campagne. "Nous l'avons rencontré l'an dernier, et il nous a donné son accord", assure pourtant Mme Albertini.

Reste à convaincre la population de ce petit État conservateur, chrétien, très religieux, où la circoncision n'est pas une pratique traditionnelle. "Les Swazis ont l'impression que ce n'est pas la culture de leurs ancêtres et se demandent ce que l'on fait de leur prépuce", explique Mncedisi Dlamini, de l'association Population Services International impliquée dans la campagne. Ses équipes ont notamment dû batailler contre une croyance propagée par un feuilleton télévisé l'an dernier, qui mettait en scène la concoction d'une potion magique à base de prépuce, vendue à prix d'or sur le marché.

Plus inquiétant, les recruteurs doivent faire comprendre que la circoncision ne protège pas à 100% du risque du sida.

Dans un bidonville de Manzini, des promoteurs de la circoncision se heurtent ainsi à un homme circoncis qui se vante "d'avoir des relations sexuelles super, sans préservatifs" depuis son opération. "Ce n'est pas ce qu'on lui a dit à la clinique", répond furieux le chef d'équipe, Mbogniseni Ndzimandze.

L'atmosphère se déride quand un autre homme s'inquiète : "Qu'est-ce que je vais répondre si Dieu me demande : +où est passé ton prépuce?+". Un recruteur rétorque : "Pourquoi te coupes-tu les cheveux ? Dieu pourrait aussi te demander des comptes à ce sujet !"

AFP/VNA/CVN

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