Deux études paraissant dans la revue scientifique britannique Nature figurent parmi les premières établissant un lien direct entre le changement climatique et son impact sur des événements météorologiques extrêmes.
Jusque là, ce lien restait essentiellement théorique, même si des modélisations numériques prédisaient que l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère aggraverait les épisodes de pluies diluviennes. "C'est vraiment le cas, notre papier en fournit la premier preuve spécifique", assure Francis Zwiers (Université de Victoria, Canada), co-auteur d'une des études. "L'homme influence l'intensité des précipitations extrêmes", a-t-il déclaré à des journalistes lors d'une conférence de presse téléphonique.
Les données collectées en Europe, Asie et Amérique du Nord montrent, qu'en moyenne, les plus graves pics de précipitations d'une durée de 24 heures pour une année donnée ont eu une intensité accrue au cours de la dernière moitié du XXe siècle.
Lorsqu'on compare ces pics annuels avec les simulations des modèles climatiques, l'influence humaine devient évidente, selon M. Zwiers. "Le changement observé ne peut pas s'expliquer par des fluctuations naturelles, internes du seul système climatique", dit-il.
Il y a davantage d'eau dans l'air quand le climat se réchauffe : "l'atmosphère a une capacité accrue à retenir l'humidité", explique le chercheur.
Les précipitations ne vont pas nécessairement augmenter dans les régions où les pluies sont faibles. Certaines risquent, au contraire, de devenir plus sèches. "Mais cela signifie que lorsqu'une précipitation survient, il y a davantage d'eau", souligne ce scientifique.
Pourquoi a-t-il été si difficile pour les scientifiques d'établir un lien direct entre changement climatique et événements météorologiques extrêmes ?
Il est de "plus en plus facile à détecter dans les observations" les effets du changement climatique au fur et à mesure les gaz à effet de serre s'accumulent dans l'atmosphère, répond-il.
Les capacités de calcul limitées des ordinateurs restent cependant un frein pour réaliser de fines modélisations et les confronter à la réalité.
Pour vaincre cet obstacle, Myles Allen (Université d'Oxford) et Pardeep Hall (ETH, Zurich) se sont servi de la puissance des réseaux sociaux pour réaliser la seconde étude portant sur l'impact du réchauffement climatique en Angleterre, où l'automne 2000 avait été marqué par des pluies diluviennes entraînant de graves dégâts. "Nous avons demandé à des membres du public dans le monde entier de laisser leur propre ordinateur personnel faire les simulations pour nous lorsqu'ils ne s'en servaient pas", relate-t-il. Le projet de calcul distribué climateprediction.net bénéficie actuellement de 50.000 à 60.000 ordinateurs personnels.
Les chercheurs ont pu comparer deux modèles numériques, l'un basé sur des données météorologiques historiques détaillées, l'autre sur une simulation de ce qu'il se serait passé à l'automne 2000 en Angleterre si des gaz à effet de serre n'avaient pas été émis au XXe siècle.
Après avoir répété la simulation des milliers de fois, ils ont trouvé que ces émissions avaient doublé les risques de voir se produire des épisodes de pluies extrêmes.
AFP/VNA/CVN