Le succès des lanternes «made in Vietnam»

Habituellement, à la Fête de la mi-automne, les lanternes chinoises tenaient le haut du pavé. Mais cette année, leurs homologues vietnamiennes ont la cote. Un acte de haute portée patriotique !

Pour ce Têt Trung Thu, les lanternes en papier «made in Vietnam» ont la faveur des acheteurs...

À Hô Chi Minh-Ville, à chaque Fête de la mi-automne (Têt Trung Thu), qui tombe le 15e jour du 8e mois lunaire, les visiteurs affluent dans la rue Nguyên An pour contempler les lanternes colorées débordant des échoppes. L’ambiance du Têt Trung Thu ! Cette année, la rue est encore plus animée avec la présence de centaines de modèles de lampions «made in Vietnam» aux formes et motifs diversifiés, inspirés parfois de l’actualité...

Du Huê Liên, une habitante de la rue Nguyên An, fait savoir que cette rue compte une centaine de familles qui sont essentiellement des Hoa (Vietnamiens d’origine chinoise). Nguyên An est connue depuis longtemps pour ses fabricants de lanternes en papier.

Ces dernières années, les lanternes en plastique fabriquées en Chine dominaient le marché. Mais pour ce Têt Trung Thu, les lampions «made in Vietnam» ont la faveur des acheteurs, et de loin.

«Cette année, les lanternes aux couleurs éclatantes en formes d’animaux comme carpe, papillon, lapin ou de bateau, d’avion sont partout dans les boutiques, informe Hua Bôi Phân, une vendeuse. Celles à l’effigie de personnages de BD comme les chats Doraemon, Kitty... sont les préférées des enfants». Dans la rue Nguyên An, la centaine d’échoppes de lanternes attire chaque jour des milliers d’acheteurs et de badauds.

Les villages de métiers au taquet

Depuis longtemps, les lampions fabriquées par les artisans du quartier de Phu Binh, 11e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, font la joie des enfants et leur ouvre le monde merveilleux des rêves. Les semaines avant la Fête de la mi-automne, tous les artisans sont sur «le pied de guerre». Ils s’affairent pour terminer leurs commandes, dont beaucoup partiront vers des provinces lointaines.

Selon de vieux artisans, cette activité est, à l’origine, un métier familial des habitants de la province de Nam Dinh, au Nord. En s’installant à Hô Chi Minh-Ville il y a bien longtemps, ils ont continué tout naturellement leurs activités.

Selon Thu Thuy, une artisane du quartier de Phu Binh, la fabrication d’un lampion passe par plus de dix étapes : couper le lô-ô (une variété de bambou, ndlr) en longueurs différentes, le tailler, l’enduire de zinc, rassembler les lô-ô pour former des armatures différentes, coller les papiers, dessiner les motifs ornementaux…

L’ossature en bois en enveloppée d’un beau papier rouge. Mais ce qui donne à chaque lampion sa particularité, c’est sa forme, ses motifs décoratifs. Des étapes qui exigent de l’artisan de la minutie, des aptitudes pour le dessin et de l’habileté. Et aussi de la créativité, car dans cet artisanat et bien d’autres, savoir se renouveler est la clé du succès.

L’animation règne aussi dans le village de lanternes de Tân Phu Hoà, arrondissement de Tân Phu. La Câm Thuy, qui est en train de décorer ses produits, partage : «Cette année, ma famille a décoré environ 20.000 lanternes, soit le double de l’année passée. Une lanterne en papier +made in Vietnam+ se vend moins cher qu’une fabriquée en Chine».

Des lanternes patriotiques

Depuis quelques semaines, les lampions fabriqués par les villages de métiers et compagnies vietnamiennes se sont bien écoulées. «Cette année, les lanternes vietnamiennes ont le vent en poupe, c’est du jamais-vu !», se réjouit Huynh Van Khanh, directeur de la compagnie Ky Thuât Moi (nouvelle technique). Pour cette Fête de la mi-automne 2014, sa compagnie a fabriqué une centaine de modèles à l’effigie de héros nationaux comme Quang Trung, Ngô Quyên, Hai Bà Trung et 10 modèles arborant des photos des archipels de Truong Sa (Spratly) et Hoàng Sa (Paracel). Bref, des lanternes très patriotiques...

... et celles portant des images des archipels de Truong Sa et Hoàng Sa sont les préférées.

Rappelons en effet que ces derniers mois ont été marqués par une certaine tension avec le voisin chinois, qui n’a pas hésité à implanter une plateforme de forage pétrolière en pleine zone maritime vietnamienne ! La plateforme a finalement été déplacée en dehors des eaux territoriales vietnamiennes, mais l’événement a eu pour conséquence une poussée de patriotisme au sein de la population vietnamienne. Cette frénésie d’achat de lanternes «made in Vietnam» n’en est qu’une expression... parmi d’autres.

Selon Huynh Van Khanh, ces lanternes patriotiques sont les préférées. Environ 150.000 produits de sa compagnie, portant des images des archipels de Truong Sa et Hoàng Sa, ont été acheminés vers les provinces du Nord.

Dans le quartier des lanternes de Phu Binh, les artisans mettent l’accent cette année sur la fabrication de lanternes en forme de bateau frappées des mots Hoàng Sa et Truong Sa. Mai Dinh Phùng, chef d’un établissement de fabrication des lanternes de Phu Binh, informe que l’année dernière il a vendu 1.000 de ces lanternes au prix de

25.000 dôngs l’unité. Cette année, il en a écoulé le double, au prix de 30.000 dôngs.

Selon Nguyên Thi Hông Vân, une artisane, son établissement fabrique cette année

6.000 lanternes, soit 2.000 de plus que l’année passée. La moitié porte des images des archipels de Hoàng Sa et Truong Sa.

Texte et photos : Huong Linh/CVN

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